Télévision : 24 juillet 2022 à 21:05-22:50 sur C8
film : drame
Le docteur Germain, qui travaille à l'hôpital d'une petite ville de province, reçoit des lettres anonymes signées "le Corbeau". Ces courriers l'accusent d'être l'amant de la femme du docteur Vorzet et de pratiquer illégalement des avortements. D'autres habitants reçoivent eux aussi des lettres accusatrices... - Critique : Il pleut des lettres anonymes sur Saint-Robin, « un petit village, ici ou ailleurs », et comme l’annonce le narquois Dr Vorzet : « Quand ces saloperies se déclarent, on ne sait pas où elles s’arrêtent… » Tourné en 1943 pour la Continental, dirigée par l’occupant allemand, le deuxième film de Clouzot fut honni de tous. Cette foire délétère à la délation ne pouvait que déplaire aux résistants et fut condamnée à la Libération. Très loin de célébrer le travail, la famille et la patrie, elle n’était pas non plus du goût de Vichy. Clouzot, trop misanthrope pour être propagandiste, ne fait qu’explorer la noirceur de l’âme humaine, noir corbillard, avec quelques zones de lumière. Comme dans la grande scène expressionniste (qu’admirait Hitchcock) où le balancement d’une ampoule illustre la notion relative, alternative, du bien et du mal. Les lettres anonymes lui servent d’alibis pour traiter d’avortement, de drogue ou d’adultère, avec une liberté incroyable. Les seuls personnages sauvés, dans ce chef-d’œuvre de méchanceté ? Une infirme aux mœurs légères (Ginette Leclerc, vulgaire à cœur) et un type fâché avec la vie (Pierre Fresnay, superbe) qu’elle réussit à ébranler en le traitant de « bourgeois ». Pour Clouzot, la pire insulte qui soit.
Année : 1943
Avec : Antoine Balpêtré, Ginette Leclerc, Héléna Manson, Jeanne Fusier-Gir, Lancret Bernard, Larquey Pierre, Liliane Maigné, Louis Seigner, Micheline Francey, Pierre Fresnay, Roquevert Noël, Sylvie