Téchiné André : passages TV

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Antérieurement en 2023
 

La Maman et la Putain

Télévision : 22 mai 2023 à 21:05-00:40 sur France 4

film : drame social

Alexandre met à profit son oisiveté pour s'en aller lire "A la recherche du temps perdu", de Proust, dans les cafés de Saint-Germain-des-Près. Il consacre le reste de son temps à Marie, une femme un peu plus âgée que lui, qui tient une boutique de mode à Montparnasse, et à Gilberte, dont il est très amoureux. Si Marie est à ses yeux une sorte de mère et une maîtresse tout à la fois, Gilberte représente un idéal inaccessible. La jeune femme, en effet, repousse la proposition de mariage que lui fait Alexandre, de crainte de s'engager avec ce dilettante par trop instable. Par dépit, Alexandre aborde une jolie inconnue dans la rue... - Critique : Un chef-d’œuvre ? Si amer, pourtant. Un homme éconduit, Alexandre, tente de reconquérir celle qu’il aime. Il parle, parle, s’enivrant de ses propres mots. Tout doit être révélé, proféré, craché, vomi. La Maman et la Putain est un film de logorrhée et d’amour fou, mis à nu jusqu’à la nausée. La « maman », c’est Marie, protectrice, tendre et patiente. Veronika est la « putain », une jeune infirmière, qui assume une grande liberté sexuelle. Alexandre entame une liaison avec elle. Les trois se voient ensemble. Une nuit, Veronika rejoint le couple dans son lit. Tout paraît naturel. Mais sur fond d’ivresse, au gré de longues nuits de confessions, le marivaudage prend une tournure grave. Sur le Paris de cette époque, le tableau saisit par sa vérité naturaliste. Tout en étant expressionniste, hanté par des fantômes, antérieurs à ceux de Mai 68. Eustache, prolétaire, autodidacte, n’était pas loin de mépriser 68, révolution trop bourgeoise. Son positionnement se résume en un mot, bien galvaudé aujourd’hui : le dandysme. Celui d’être pauvre et provincial. La provocation et le libertinage, les piques lancées (contre Sartre, le MLF), le recours au vouvoiement galant et le culte du passé font d’Alexandre un révolté réactionnaire. Un grand enfant égotiste, rendu ridicule, groggy, les filles finissant par lui clouer son bec de snob. Veronika prend le pouvoir dans une scène de soûlographie éplorée, où tout se mélange, le sexe et l’amour, le désir d’enfanter et la mort. Un monologue mythique sur le manque de consistance de l’existence. Et qui la transforme en poésie liquide. Tout coule et s’écoule, le mascara comme le temps perdu. Il est rare de voir un film se vider ainsi, à mesure qu’il s’écrit à l’écran, de tout son sang. Un sang d’encre, de mélancolie.

Année : 1973

Avec : Bernadette Lafont, Bernard Eisenschitz, Biette Jean-Claude, Françoise Lebrun, Isabelle Weingarten, Jacques Renard, Jean Douchet, Jean Eustache, Jean-Noël Picq, Jean-Pierre Léaud, Simsolo Noël, Téchiné André

Antérieurement en 2023
 

La Maman et la Putain

Télévision : 22 mai 2023 à 21:00-00:30 sur France 4

film : drame social

Alexandre met à profit son oisiveté pour s'en aller lire "A la recherche du temps perdu", de Proust, dans les cafés de Saint-Germain-des-Près. Il consacre le reste de son temps à Marie, une femme un peu plus âgée que lui, qui tient une boutique de mode à Montparnasse, et à Gilberte, dont il est très amoureux. Si Marie est à ses yeux une sorte de mère et une maîtresse tout à la fois, Gilberte représente un idéal inaccessible. La jeune femme, en effet, repousse la proposition de mariage que lui fait Alexandre, de crainte de s'engager avec ce dilettante par trop instable. Par dépit, Alexandre aborde une jolie inconnue dans la rue... - Critique : Un chef-d’œuvre ? Si amer, pourtant. Un homme éconduit, Alexandre, tente de reconquérir celle qu’il aime. Il parle, parle, s’enivrant de ses propres mots. Tout doit être révélé, proféré, craché, vomi. La Maman et la Putain est un film de logorrhée et d’amour fou, mis à nu jusqu’à la nausée. La « maman », c’est Marie, protectrice, tendre et patiente. Veronika est la « putain », une jeune infirmière, qui assume une grande liberté sexuelle. Alexandre entame une liaison avec elle. Les trois se voient ensemble. Une nuit, Veronika rejoint le couple dans son lit. Tout paraît naturel. Mais sur fond d’ivresse, au gré de longues nuits de confessions, le marivaudage prend une tournure grave. Sur le Paris de cette époque, le tableau saisit par sa vérité naturaliste. Tout en étant expressionniste, hanté par des fantômes, antérieurs à ceux de Mai 68. Eustache, prolétaire, autodidacte, n’était pas loin de mépriser 68, révolution trop bourgeoise. Son positionnement se résume en un mot, bien galvaudé aujourd’hui : le dandysme. Celui d’être pauvre et provincial. La provocation et le libertinage, les piques lancées (contre Sartre, le MLF), le recours au vouvoiement galant et le culte du passé font d’Alexandre un révolté réactionnaire. Un grand enfant égotiste, rendu ridicule, groggy, les filles finissant par lui clouer son bec de snob. Veronika prend le pouvoir dans une scène de soûlographie éplorée, où tout se mélange, le sexe et l’amour, le désir d’enfanter et la mort. Un monologue mythique sur le manque de consistance de l’existence. Et qui la transforme en poésie liquide. Tout coule et s’écoule, le mascara comme le temps perdu. Il est rare de voir un film se vider ainsi, à mesure qu’il s’écrit à l’écran, de tout son sang. Un sang d’encre, de mélancolie.

Année : 1973

Avec : Bernadette Lafont, Bernard Eisenschitz, Biette Jean-Claude, Françoise Lebrun, Isabelle Weingarten, Jacques Renard, Jean Douchet, Jean Eustache, Jean-Noël Picq, Jean-Pierre Léaud, Simsolo Noël, Téchiné André

Antérieurement en 2022
 

L'adieu à la nuit

Télévision : 16 février 2022 à 20:55-22:35 sur Arte

film : drame

Muriel dirige un centre équestre et une cerisaie avec son associé Youssef. En ce premier jour du printemps 2015, elle est heureuse car son petit-fils Alex vient lui rendre visite. Il lui annonce qu'il part vivre au Canada. En fait, c'est un mensonge. Alex prépare avec Lila, sa petite amie depuis l'enfance, son voyage pour se rendre en Syrie, pour aller se battre aux côtés des djihadistes. Muriel est bouleversée et veut à tout prix empêcher son petit-fils de commettre l'irréparable. Comme il lui manque 6 000 euros pour pouvoir partir, Alex dérobe le chéquier de sa grand-mère. Au grand dam de Lila pour qui ce vol est un péché... - Critique : Une éclipse solaire assombrit le ciel des Pyrénées-Orientales. Signe avant-coureur, mauvais présage, car il y aura bientôt comme une éclipse de raison, de civilisation : la décison incompréhensible d’un jeune homme ordinaire (Kacey Mottet Klein) de se vouer à Daech. À son insu, sa grand-mère (Catherine Deneuve), qui l’héberge, découvre sa conversion et son projet mortifère… Thriller fiévreux, western tremblé, L’Adieu à la nuit avance par brisures, transgressions, franchissement de ligne — comme souvent chez André Téchiné. Ainsi du vol d’un chéquier par le petit-fils à son aïeule, et jusqu’à ce geste inouï de sa part à elle : enfermer le garçon derrière une lourde grille, puis le traiter en prisonnier. La déraison appelle la déraison, et chacun se ­retrouve au pied du mur, avec, pour elle, le dilemme d’appeler ou non la police. D’une rare hauteur de vue, le film n’épouse pas seulement le désarroi de son héroïne. Le cinéaste a longuement enquêté sur les jeunes Français djihadistes. Il montre les con­tra­dictions violentes qui les traversent, dans leur extrême jeunesse : cigarettes fumées en cachette ou manifestations irrépressibles de désirs sexuels, autant d’interdits au regard de leur islamisme. Dans ce contexte documenté, Deneuve impressionne, terrienne, et concrète en gérante d’un centre équestre, évoquant la Joan Crawford tardive de Johnny Guitar. A fortiori quand elle guette, seule et armée, un sanglier, au milieu de la nuit…

Année : 2019

De : Téchiné André

Avec : Abdelkader Bouallaga, Alwan Amer, Bak Stéphane, Catherine Deneuve, De Tamara, Djouhri Mohamed, Elisabeth Puig, Elmazouzi Lahcen, Elodie Mas, Emmanuel Santa-Cruz, Hanna El Hmaimi, Jacques Nolot, Jean Corso, Kacey Mottet, Labroudi Kamel, Mama Prassinos, Oulaya Amamra, Rachedi-Delhaie Célia, Raida Rus, Rose Harlean