Télévision : 26 août à 22:37-00:29 sur France 3
film : comédie dramatique
Après le décès de son mari, Béatrice se retrouve seule avec son fils et sa mère. Elle vit près d'un camp de migrants dans le Pas-de-Calais et décide un jour d'emmener les affaires de son défunt conjoint. Alors qu'elle se morfond et erre dans son quotidien, elle rencontre Mokhtar, un migrant iranien qui va la bouleverser et lui redonner goût à la vie. Celui-ci a un objectif commun aux autres membres du camp : passer la Manche et partir en Grande-Bretagne. Sauf que Béatrice tombe amoureuse de cet enseignant, ce qui va l'amener à prendre des risques en raison du statut de Mokhtar, mais également face aux préjugés de son entourage... - Critique : Malgré ses pulls en angora rose ou à motifs de colombes, Béatrice n’a rien d’une femme douce. Loin de s’attendrir sur le malheur des autres, cette veuve depuis peu d’un policier de tendance extrême droite tient les mêmes propos racistes que tous ses proches. Une nuit, au sortir d’un hôpital de Calais où elle travaille comme aide-soignante dans un service de gériatrie, elle est accostée par un jeune migrant perdu loin de la Jungle. Elle accepte à contrecœur de l’y raccompagner. Dès le lendemain, la voilà en train de donner les vêtements de son mari aux bénévoles du camp, mais en maugréant : « Je torche des vieux toutes les nuits, ce n’est pas pour aider des Noirs et des Arabes dans la journée. » Et pourtant, Béatrice revient, comme ennivrée par ce monde inconnu de misère et d’entraide. Ce monde empli de drames, mais si vivant. Sa rencontre avec Mokhtar, clandestin iranien décidé à passer à Angleterre, va la mener très loin, bouleversant son corps et ses préjugés... Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Jérémie Elkaïm adapte le livre témoignage de Béatrice Huret, Calais, mon amour, et en tire ce film, d’une force et d’un réalisme impressionnants sur une révélation charnelle. On sent la patte de son coscénariste Gilles Marchand (coauteur, entre autres, de Seules les bêtes, de Dominik Moll) dans le refus du moindre angélisme et la précision politique d’un scénario où la sensualité devient une porte d’accès vers l’altruisme : Béatrice s’émancipe peu à peu de son milieu, mais elle cherche aussi à le changer, par amour pour l’homme qui la révèle à elle-même. Si le film met l’idéologie au cœur du quotidien dans des scènes de famille et de repas, toutes crédibles, Ils sont vivants est avant tout un drame passionnel lumineux. Jérémie Elkaïm impressionne avec des séquences d’amour physique qu’il axe, dans un mélange rare d’audace et d’élégance, sur le plaisir féminin. Et sur le langage. Béatrice et Mokhtar ne parlent pas la même langue ? Le réalisateur les filme, magnifique idée, en train de communiquer par le biais d’une application de traduction simultanée sur téléphone portable ou écran d’ordinateur projeté au-dessus de leur couche d’amants. Pour porter cette histoire d’un engagement au-delà de toutes les frontières, il fallait le corps d’une grande actrice. Visage buté, muscles tendus dans le plaisir comme le combat pour la liberté de cet autre tant aimé, Marina Foïs compose une Béatrice complexe, jamais mièvre, surprise et presque rétive devant sa propre métamorphose. L’incarnation parfaite d’une femme dure qui devient forte.
Année : 2021
Avec : Antoine Chappey, Benoît Carré, Borleteau Lucie, Catherine Salée, Geneviève Mnich, Igor van, Jan Hammenecker, Kohi Seear, Laetitia Dosch, Marina Foïs, Rami Farah, Souleymane Sylla
Télévision : 7 mars 2022 à 22:45-00:20 sur France 2
téléfilm dramatique
Elsa, une éducatrice chargée de l'évaluation des mineurs étrangers isolés, doit gérer sa séparation avec Philippe, le père de son fils. Ce dernier âgé de 14 ans est constamment en conflit avec elle. L'échec de sa vie privée est sans doute dû à l'énergie trop passionnée qu'elle consacre à son travail et l'injustice du système d'accueil qu'elle côtoie au quotidien. Ses états d'âme lui paraissent alors bien futiles. Lorsqu'elle rencontre, Bijan, un jeune afghan de douze ans, elle décide de l'héberger chez elle. Elsa prend le risque de perdre son travail et de déstabiliser sa famille. - Critique : Elsa est éducatrice. Son rôle : évaluer de jeunes mineurs étrangers isolés. Mais la Parisienne se noie dans le boulot aux dépens de son couple — elle est en plein divorce — et de son fils — en pleine crise d’adolescence. Au bord du burn-out, elle est de plus en plus dégoûtée par l’opacité administrative de son poste : un gamin n’est pas un dossier. C’est alors qu’elle croise la route de Bijan, un Afghan de 12 ans qui a vu toutes les horreurs du monde. Une héroïne travailleuse sociale qui ne veut plus de la paperasse et écoute enfin son cœur ; une famille brisée qui se recompose grâce à l’arrivée d’un migrant dans sa vie ; des ados réfugiés qui se mettent à danser sur du rap dans un centre d’accueil… Plein de bons sentiments, Vulnérables met en relief l’imbroglio juridique absurde auquel doivent faire face ces enfants perdus — piqûre de rappel toujours nécessaire. Oui, Léa Drucker et Romane Bohringer, en éducatrices dures à cuire, et Ilyès Lihiouel, en petit Afghan paumé, jouent avec justesse. Mais était-il nécessaire de saupoudrer le tout de nunucheries allégoriques (comme ce cerf-volant qui n’atteint pas le ciel) ou d’intrigues amoureuses à l’eau de rose ?
De : Arnaud Sélignac
Avec : Alexandre Furet, Antoine de, Aymeric Dapsence, Azizullah Hamrah, Bilel Chegrani, Bruni Makaya, Christian Pellissier, David Olivier, Diakhaté Djibi, Fontanel Jacques, Graine Jérémie, Ilyès Lihiouel, Jérôme Thevenet, Kohi Seear, Léa Drucker, Mehdi Oumerabet, Natalia Cellier, Noom Diawara, Packa Miveck, Raphaël Carabeuf, Romane Bohringer, Sandra Choquet, Thierry Godard, Éric Frey