Télévision : samedi 16 novembre à 21:06-22:45 sur Canal +
film : comédie
Parents de deux enfants, Adélaïde et Simon se sentent à l'étroit dans leur coquet appartement parisien et estiment qu'il est temps pour eux de quitter cette vie tumultueuse dans la capitale. Aussi, quand ils tombent sur une splendide demeure située dans un village en tout point idyllique, ils n'hésitent pas un seul instant et acquièrent le bien les yeux fermés, déterminés à enfin s'offrir l'existence dont ils rêvent. Mais à peine installés, ils comprennent que l'agent immobilier a omis de préciser un détail qui risque fort de changer la donne : leur immense jardin fait office de terrain de chasse pour leurs peu commodes voisins... - Critique : Un couple de Parisiens (la chanteuse Camille Lou, l’humoriste Hakim Jemili) emménage avec ses deux enfants en province, dans un ancien corps de ferme dont le terrain est en servitude – la chasse y est autorisée. Alors que la bande-annonce promettait un concours musclé de farces et attrapes, façon Nos pires voisins, entre néo-ruraux et habitants du village, la trajectoire de Chasse gardée s’avère, en fait, imprévisible. Les réalisateurs – le débutant Antonin Fourlon et l’expérimenté Frédéric Forestier – font preuve d’une maîtrise indéniable du comique de répétition, à mèche courte (la ribambelle des clichés sur Paris) comme à mèche longue (les consignes de sécurité avant chaque battue). L’ensemble culmine avec un banquet moyenâgeux, rythmé par des chansons paillardes, sur le modèle de celui des Vikings (Richard Fleischer, 1958). Bien sûr, la présence de Didier Bourdon en chef de meute renvoie au sketch culte des Inconnus – diffusé sur Antenne 2 en 1991 –, qui sert de soubassement comique, irriguant toutes les séquences, du rabâchage à volonté de l’expression « tirer fichant » jusqu’à une référence explicite, quand l’intrigue oppose finalement un « mauvais » chasseur aux « bons » chasseurs. Dans sa catégorie – la comédie grand public –, le film s’inspire des plus modernes de ses contemporains. De petites trouvailles de mise en scène (le récit en flash-back d’un protagoniste, sans cesse interrompu) lui donnent un rythme enlevé, proche de celui des productions « Bande à Fifi » (Alibi.com, Nicky Larson), dont il emprunte les acteurs fétiches : Bourdon, donc, et Chantal Ladesou en agente immobilière malhonnête. Sans oublier le personnage touchant incarné par Julien Pestel, second couteau du « Palmashow » (La Folle Histoire de Max et Léon, Les Vedettes). Entre nécessités commerciales (l’incertitude de rentabiliser une œuvre de multiplexe farouchement anti-chasse) et authentique problème de société (les tirs près des habitations, entraînant des accidents parfois mortels), le scénario tient de l’exercice d’équilibriste. Sans surprise, il s’avère moins offensif que ledit sketch, Bourdon ayant mis de l’eau dans son vin. Les auteurs doivent, alors, ruser pour rendre le discours militant plus subtil. Il s’agit de présenter la chasse comme un délire paramilitaire – alignements de miradors, tenues de camouflage, cors utilisés façon clairons –, en rappelant qu’elle constitue aussi un lien social. Puis de pousser, mine de rien, les chasseurs vers une pratique plus raisonnable, moins obsessionnelle, moins dangereuse.
Année : 2023
De : Frédéric Forestier
Avec : André Penvern, Camille Lou, Chantal Ladesou, Didier Bourdon, Guillaume Bouchède, Hakim Jemili, Isabelle Candelier, Jean-François Cayrey, Julien Pestel, Séverine Warneys, Thierry Lhermitte, Théo Gross