Télévision : 29 mars à 00:55-02:35 sur France 3
film : comédie dramatique
L'aviateur André Jurieu, fervent émule de Lindbergh, atterrit triomphalement au Bourget après avoir, à bord de son monoplace, traversé l'Atlantique en vingt-trois heures. Avec cet exploit, il espère reconquérir l'amour de Christine, qu'il a connue avant qu'elle épouse le marquis de la Chesnaye. Mais Christine n'est pas là pour l'attendre. De façon ingénue, il déclare à la TSF son désespoir et tente de se tuer en voiture. Octave, un ami, obtient des la Chesnaye une invitation pour Jurieu à la partie de chasse qu'ils donnent dans leur propriété. Là, les intrigues des domestiques reflètent celles des maîtres et la partie dégénère... - Critique : Insuccès cuisant à sa sortie, en 1939, ce film n’a cessé au lendemain de la guerre d’être réévalué, jusqu’à devenir LE classique du cinéma français, inépuisable comme le sont tous les classiques. Le scénario de Jean Renoir, servi par une verve éclatante, est écrit sous le patronage d’auteurs emblématiques de l’esprit français (Beaumarchais, Musset, Marivaux). Il concentre l’essentiel de l’intrigue en Sologne, dans le domaine d’un marquis, qui a invité du monde le temps d’un week-end, avec partie de chasse et fête déguisée. Les histoires de cœur des maîtres comme des domestiques vont perturber l’équilibre de cette société, abordée comme un théâtre, une mascarade, où chacun joue un rôle et peut en changer selon les circonstances. D’abord allegro ma non troppo, le rythme devient peu à peu prestissimo, les chassés-croisés s’enchaînant de manière trépidante. La mise en scène est fluide, les mouvements d’appareil, virtuoses. Le dernier tiers du film offre un désordre frénétique, le vertige d’une anarchie juvénile qui pétille de mille feux. Car les règles du jeu social volent alors en éclats et, avec elles, les frontières entre les classes. Avant que le couperet ne retombe, les ruptures de ton faisant aussi partie de cette satire d’une France qui danse sur un volcan, aveuglée par la montée des périls. Le film bénéficie de comédiens formidables, excentriques habitués aux seconds rôles (Marcel Dalio, Carette, Paulette Dubost…) et qui le restent ici, dans ce film sans personnage principal. Hormis peut-être Octave, pierrot troublant, bonhomme, amis de tous, généreux mais aussi pusillanime, qui se considère comme un raté, et que Renoir interprète lui-même, « comme un auteur se place au centre de sa création, ainsi que les peintres l’ont fait depuis des siècles » (dixit Pascal Mérigeau, auteur d’une biographie référence). Tableau aussi gai que dramatique sur l’inconstance et la peur de l’engagement, La Règle du jeu livre une part de sa morale dans cette réplique devenue fameuse : « Le plus terrible dans ce monde, c’est que chacun a ses raisons. »
Année : 1939
Avec : Anne Mayen, Carette Julien, Claire Gérard, Gaston Modot, Jean Renoir, Marcel Dalio, Mila Parély, Nora Gregor, Odette Talazac, Paulette Dubost, Richard Francoeur, Roland Toutain