Télévision : 3 juin à 23:35-01:35 sur Arte

film : drame

Joseph K, petit fonctionnaire besogneux et sûr de son bon droit, suit sans se poser de questions une vie dont les lignes sont déjà toutes tracées. Un matin, il est mis en "état d'arrestation", selon la formule consacrée, et ce sans raison apparente. Cherchant à comprendre, Joseph K, plongé dans le labyrinthe de l'appareil judiciaire, se heurte à la bureaucratie, où l'absurde le guette à chaque instant. Peu à peu, il entrevoit la terrible vérité : on lui reproche simplement sa qualité d'homme. Mais Joseph K ne se résigne pas à être broyé par une société inhumaine... - Critique : Pas sûr que Kafka aurait aimé. Orson Welles devait le savoir et s’en fichait, malgré sa sincère admiration pour l’auteur tchèque. Mis à part le début, assez conforme à l’absurde kafkaïen angoissant, où Joseph K. est tiré de son lit par deux individus sardoniques qui l’interrogent, le film s’éloigne du livre par sa démesure baroque. Welles en fait surtout une fantasmagorie où il peut déployer son catalogue de morceaux de bravoure. Grâce à un producteur français qui l’a extirpé de son pétrin (départ forcé de Hollywood, films amputés... et au décor de la gare d’Orsay alors désaffectée, avant qu’elle ne devienne musée), l’ogre maudit exploite à merveille poutrelles, escaliers, halls, verrière, pour en faire le théâtre labyrinthique, mental et physique, d’une persécution hétérogène. Où Joseph K n’est pas l’unique victime du pouvoir tentaculaire – il croise une foule hagarde de déportés et d’autres accusés qui rappellent les bêtes noires du maccarthysme. Mais il semble le seul qui essaie de comprendre, en étant lui-même poursuivi par un sentiment de culpabilité. Parmi les séquences marquantes : les montagnes de dossiers et de paperasse qui envahissent les galeries, l’armée de sténodactylos tapant sur leurs claviers dans un espace digne d’une cathédrale, la horde de gamins en furie qui talonnent Joseph K. On est à la limite d’un certain pompiérisme, parfois. Difficile néanmoins de ne pas être ébloui par les effets visuels, les jeux d’ombre et de la lumière, l’orchestration démente des déplacements. À noter la présence frénétique de Romy Schneider, formidable en jeune femme tentatrice. Quant à Anthony Perkins, à peine sorti de Psychose, il donne à l’affolement de multiples facettes.

Année : 1962

Avec : Akim Tamiroff, Arnoldo Foà, Elsa Martinelli, Jeanne Moreau, Ledoux Fernand, Max Buchsbaum, Michael Lonsdale, Orson Welles, Perkins Anthony, Robinson Madeleine, Romy Schneider, Suzanne Flon