Télévision : 12 mars à 02:33-04:10 sur Canal +
film : drame
Mère de famille discrète et effacée, Astrid vit dans l'ombre de son illustre époux, François Schaar, un des avocats les plus célèbres de Belgique. Sa vie bascule quand ce dernier, quelques années après avoir défendu les parties civiles dans une retentissante affaire de pédocriminalité, se retrouve à son tour dans l'oeil du cyclone. Interrogée par les enquêteurs, Astrid, convaincue de l'innocence de François, ne peut cacher son incompréhension quand elle apprend les actes reprochés à son mari. Alors que l'étau se resserre, la cellule familiale jusqu'ici très soudée menace d'exploser... - Critique : La complaisance n’a pas droit de cité chez Joachim Lafosse. S’emparant d’un fait divers qui a glacé la Belgique en 2009, soit une tentative de parricide sur fond de pédocriminalité, le cinéaste se distingue par sa façon d’observer le mal sans s’en repaître — éthique déjà à l’œuvre dans À perdre la raison (2012), qui revenait en flash-back sur les racines d’un quintuple infanticide. En clair, il fouille les âmes, pas les poubelles, laissant l’abjection hors champ pour mieux constater ses effets, voire ses reflets, sur les personnages. Cette fois encore, la narration marche à rebours, comme si, confronté au pire du réel, Lafosse posait inlassablement la même question : comment en est-on arrivé là ? En l’occurrence, à l’implosion sanglante d’une famille bourgeoise rongée de l’intérieur. Le drame est posé avec force, qui voit l’épouse d’un avocat célèbre (Emmanuelle Devos vibrante d’émotion, versus un Daniel Auteuil résolument opaque) se rendre au commissariat et signaler la disparition de son fils adolescent. C’est elle que l’on scrute, en longs plans fixes, et c’est à elle que l’on s’accroche pour pénétrer le clan Schaar, sa belle maison, ses relations dysfonctionnelles — pourquoi la fille aînée ne met-elle plus les pieds chez ses parents ? — et ses secrets enfouis. Austère film noir à la mise en scène réfléchie, Un silence lorgne vers le cinéma de Michael Haneke mais prend hélas son titre à la lettre et se cantonne à la sourdine, aux circonvolutions allusives, aux indices semés telles les pièces d’un puzzle par trop monochrome et répétitif. Expert en malaise — voir comment un slow entre une mère et son fils, sur du Michel Berger, titille curieusement l’échine du spectateur —, Lafosse excelle à créer l’atmosphère mais achoppe sur un récit aux enjeux multiples et comme dilués, qui donne l’impression de se borner in fine à une évidence : le silence tue.
Année : 2023
Avec : Baptiste Sornin, Colette Kieffer, Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal, Karim Barras, Larisa Faber, Louise Chevillotte, Matthieu Galoux, Nicolas Buysse, Riggi Massimo, Shann Case
Télévision : 12 mars à 02:31-04:08 sur Canal +
film : drame
Mère de famille discrète et effacée, Astrid vit dans l'ombre de son illustre époux, François Schaar, un des avocats les plus célèbres de Belgique. Sa vie bascule quand ce dernier, quelques années après avoir défendu les parties civiles dans une retentissante affaire de pédocriminalité, se retrouve à son tour dans l'oeil du cyclone. Interrogée par les enquêteurs, Astrid, convaincue de l'innocence de François, ne peut cacher son incompréhension quand elle apprend les actes reprochés à son mari. Alors que l'étau se resserre, la cellule familiale jusqu'ici très soudée menace d'exploser... - Critique : La complaisance n’a pas droit de cité chez Joachim Lafosse. S’emparant d’un fait divers qui a glacé la Belgique en 2009, soit une tentative de parricide sur fond de pédocriminalité, le cinéaste se distingue par sa façon d’observer le mal sans s’en repaître — éthique déjà à l’œuvre dans À perdre la raison (2012), qui revenait en flash-back sur les racines d’un quintuple infanticide. En clair, il fouille les âmes, pas les poubelles, laissant l’abjection hors champ pour mieux constater ses effets, voire ses reflets, sur les personnages. Cette fois encore, la narration marche à rebours, comme si, confronté au pire du réel, Lafosse posait inlassablement la même question : comment en est-on arrivé là ? En l’occurrence, à l’implosion sanglante d’une famille bourgeoise rongée de l’intérieur. Le drame est posé avec force, qui voit l’épouse d’un avocat célèbre (Emmanuelle Devos vibrante d’émotion, versus un Daniel Auteuil résolument opaque) se rendre au commissariat et signaler la disparition de son fils adolescent. C’est elle que l’on scrute, en longs plans fixes, et c’est à elle que l’on s’accroche pour pénétrer le clan Schaar, sa belle maison, ses relations dysfonctionnelles — pourquoi la fille aînée ne met-elle plus les pieds chez ses parents ? — et ses secrets enfouis. Austère film noir à la mise en scène réfléchie, Un silence lorgne vers le cinéma de Michael Haneke mais prend hélas son titre à la lettre et se cantonne à la sourdine, aux circonvolutions allusives, aux indices semés telles les pièces d’un puzzle par trop monochrome et répétitif. Expert en malaise — voir comment un slow entre une mère et son fils, sur du Michel Berger, titille curieusement l’échine du spectateur —, Lafosse excelle à créer l’atmosphère mais achoppe sur un récit aux enjeux multiples et comme dilués, qui donne l’impression de se borner in fine à une évidence : le silence tue.
Année : 2023
Avec : Baptiste Sornin, Colette Kieffer, Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal, Karim Barras, Larisa Faber, Louise Chevillotte, Matthieu Galoux, Nicolas Buysse, Riggi Massimo, Shann Case