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Hier
 

L'Amour ouf

Télévision : 26 avril à 08:38-11:13 sur Canal +

film : drame

Les années 80, dans une ville portuaire du nord de la France. Elevé dans un quartier difficile, Clotaire, un adolescent rebelle, tombe amoureux de Jackie, une camarade de classe. Tandis qu'elle passe ses journées sur les bancs du lycée à étudier, lui préfère traîner avec des individus peu recommandables. Leur couple finit par imploser lorsque Clotaire se retrouve derrière les barreaux pour un crime qu'il n'a pas commis. Une dizaine d'années plus tard, les deux amants finissent par se retrouver alors qu'ils mènent des vies diamétralement opposées. Clotaire est déterminé à reconquérir Jackie, désormais mariée à un riche entrepreneur... - Critique : :t3: POUR : Une grande déclaration d’amour au cinéma Il a gagné ses galons de réalisateur en nous invitant dans Le Grand Bain (2018) mais cette fois, c’est lui qui se jette à l’eau. Avec L’Amour ouf, Gilles Lellouche ouvre son cœur et prend le risque d’une vraie générosité : il filme tout ce qu’il aime, il aime tout ce qu’il filme et, au bout de deux heures et quarante minutes, il n’est pas à bout de souffle. Une joie offerte en partage traverse ce film, comme une ferveur qui accompagne son couple d’amoureux, Clotaire et Jackie, lycéens des années 1980, réunis puis séparés par la vie, privés du bonheur qui a grandi en eux et n’attend que de rejaillir. Gilles Lellouche, né en 1972, fait corps avec ces personnages comme s’il s’élançait lui-même dans la vie, avec l’innocence et l’insolence de la jeunesse. Casse-cou, il ose, il voit grand. Cette façon de mêler dans un même mouvement les prouesses de l’amour et celles du cinéma invite à rapprocher l’acteur-réalisateur de son homonyme, Claude Lelouch. Mais une tonalité juvénile et exotique fait la différence : L’Amour ouf est mis en scène avec les yeux d’un spectateur qui a vibré devant des films américains. Si le coup de foudre de Clotaire et Jackie est retentissant, c’est aussi parce qu’il a d’emblée, visuellement, un punch venu d’ailleurs. Et lorsque le jeune garçon se met à fréquenter les voyous, l’évocation du nord de la France devient déclaration d’admiration pour l’univers de Scorsese et de ses gangsters. Omniprésentes, les références vont jusqu’à la comédie musicale mais ne sont jamais écrasantes : elles sont l’âme de ce film qui joue avec le cinéma du tac au tac, dans un dialogue spontané et alerte. Au fil de sa romance épique qui permet à quatre comédiens de briller en interprétant, à deux âges différents, Clotaire (Malik Frikah / François Civil) et Jackie (Mallory Wanecque / Adèle Exarchopoulos), L’Amour ouf prend, en accord avec son titre, le séduisant parti de la folie. Élevée pour être une première de la classe et le rester toute sa vie, Jackie a la déraison de ne suivre que ses sentiments. Clotaire, pris dans les braquages et les entourloupes, poursuit son idée de la justice et de l’honneur qui va jusqu’à la vengeance, fidèle à lui-même au point de se mettre en danger. À travers ce duo d’entêtés, sortis d’un roman de l’Irlandais Neville Thompson, Gilles Lellouche célèbre ceux que la société considère comme des perdants, mais qui ont gagné le meilleur : la grandeur du cœur. Message éminemment sympathique d’un film qui donne envie d’aimer. — Frédéric Strauss :t1: CONTRE : Un mélange des genres épuisant Pour raconter la passion contrariée de ses héros, Gilles Lellouche manifeste une envie de cinéma certes sincère mais, surtout, tapageuse. Cadrages hyperréalistes, panoramiques ultra rapides, effets visuels riches en reflets et expériences chromatiques bizarres, tout y passe. Avec la volonté de faire à la fois du Paul Thomas Anderson, du Martin Scorsese (pour la violence des règlements de comptes entre truands), du John Woo (pour la chorégraphie des combats et des fusillades) et, tant qu’à faire, du Jacques Demy (dans une séquence de comédie musicale pour le moins incongrue). C’est beaucoup pour un seul homme, surtout quand on n’a pas encore le talent ni des uns ni des autres, et que sa vision très fleur bleue de l’amour est celle d’un éternel ado. De ce fourre-tout interminable et, in fine, épuisant, on sauvera toutefois une belle séquence dialoguée, tendre puis tendue, entre Jackie, Clotaire et un directeur de supermarché méprisant, où, pour une fois, Gilles Lellouche se retient de faire le malin avec sa caméra : ça repose… — Samuel Douhaire Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Année : 2024

Avec : Adèle Exarchopoulos, Alain Chabat, Anthony Bajon, Benoît Poelvoorde, Elodie Bouchez, François Civil, Jean-Pascal Zadi, Karim Leklou, Malik Frikah, Mallory Wanecques, Raphaël Quenard, Vincent Lacoste

Avant-hier
 

L'Amour ouf

Télévision : 25 avril à 21:07-23:43 sur Canal +

film : drame

Les années 80, dans une ville portuaire du nord de la France. Elevé dans un quartier difficile, Clotaire, un adolescent rebelle, tombe amoureux de Jackie, une camarade de classe. Tandis qu'elle passe ses journées sur les bancs du lycée à étudier, lui préfère traîner avec des individus peu recommandables. Leur couple finit par imploser lorsque Clotaire se retrouve derrière les barreaux pour un crime qu'il n'a pas commis. Une dizaine d'années plus tard, les deux amants finissent par se retrouver alors qu'ils mènent des vies diamétralement opposées. Clotaire est déterminé à reconquérir Jackie, désormais mariée à un riche entrepreneur... - Critique : :t3: POUR : Une grande déclaration d’amour au cinéma Il a gagné ses galons de réalisateur en nous invitant dans Le Grand Bain (2018) mais cette fois, c’est lui qui se jette à l’eau. Avec L’Amour ouf, Gilles Lellouche ouvre son cœur et prend le risque d’une vraie générosité : il filme tout ce qu’il aime, il aime tout ce qu’il filme et, au bout de deux heures et quarante minutes, il n’est pas à bout de souffle. Une joie offerte en partage traverse ce film, comme une ferveur qui accompagne son couple d’amoureux, Clotaire et Jackie, lycéens des années 1980, réunis puis séparés par la vie, privés du bonheur qui a grandi en eux et n’attend que de rejaillir. Gilles Lellouche, né en 1972, fait corps avec ces personnages comme s’il s’élançait lui-même dans la vie, avec l’innocence et l’insolence de la jeunesse. Casse-cou, il ose, il voit grand. Cette façon de mêler dans un même mouvement les prouesses de l’amour et celles du cinéma invite à rapprocher l’acteur-réalisateur de son homonyme, Claude Lelouch. Mais une tonalité juvénile et exotique fait la différence : L’Amour ouf est mis en scène avec les yeux d’un spectateur qui a vibré devant des films américains. Si le coup de foudre de Clotaire et Jackie est retentissant, c’est aussi parce qu’il a d’emblée, visuellement, un punch venu d’ailleurs. Et lorsque le jeune garçon se met à fréquenter les voyous, l’évocation du nord de la France devient déclaration d’admiration pour l’univers de Scorsese et de ses gangsters. Omniprésentes, les références vont jusqu’à la comédie musicale mais ne sont jamais écrasantes : elles sont l’âme de ce film qui joue avec le cinéma du tac au tac, dans un dialogue spontané et alerte. Au fil de sa romance épique qui permet à quatre comédiens de briller en interprétant, à deux âges différents, Clotaire (Malik Frikah / François Civil) et Jackie (Mallory Wanecque / Adèle Exarchopoulos), L’Amour ouf prend, en accord avec son titre, le séduisant parti de la folie. Élevée pour être une première de la classe et le rester toute sa vie, Jackie a la déraison de ne suivre que ses sentiments. Clotaire, pris dans les braquages et les entourloupes, poursuit son idée de la justice et de l’honneur qui va jusqu’à la vengeance, fidèle à lui-même au point de se mettre en danger. À travers ce duo d’entêtés, sortis d’un roman de l’Irlandais Neville Thompson, Gilles Lellouche célèbre ceux que la société considère comme des perdants, mais qui ont gagné le meilleur : la grandeur du cœur. Message éminemment sympathique d’un film qui donne envie d’aimer. — Frédéric Strauss :t1: CONTRE : Un mélange des genres épuisant Pour raconter la passion contrariée de ses héros, Gilles Lellouche manifeste une envie de cinéma certes sincère mais, surtout, tapageuse. Cadrages hyperréalistes, panoramiques ultra rapides, effets visuels riches en reflets et expériences chromatiques bizarres, tout y passe. Avec la volonté de faire à la fois du Paul Thomas Anderson, du Martin Scorsese (pour la violence des règlements de comptes entre truands), du John Woo (pour la chorégraphie des combats et des fusillades) et, tant qu’à faire, du Jacques Demy (dans une séquence de comédie musicale pour le moins incongrue). C’est beaucoup pour un seul homme, surtout quand on n’a pas encore le talent ni des uns ni des autres, et que sa vision très fleur bleue de l’amour est celle d’un éternel ado. De ce fourre-tout interminable et, in fine, épuisant, on sauvera toutefois une belle séquence dialoguée, tendre puis tendue, entre Jackie, Clotaire et un directeur de supermarché méprisant, où, pour une fois, Gilles Lellouche se retient de faire le malin avec sa caméra : ça repose… — Samuel Douhaire Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Année : 2024

Avec : Adèle Exarchopoulos, Alain Chabat, Anthony Bajon, Benoît Poelvoorde, Elodie Bouchez, François Civil, Jean-Pascal Zadi, Karim Leklou, Malik Frikah, Mallory Wanecques, Raphaël Quenard, Vincent Lacoste

Jeudi dernier
 

Le deuxième acte

Télévision : 24 avril à 09:47-11:05 sur Canal +

film : comédie noire

Florence, une séduisante trentenaire, est convaincue d'avoir rencontré l'homme de sa vie en la personne de David, un beau ténébreux quelque peu imbu de sa personne. Follement amoureuse, elle souhaite présenter ce dernier à Guillaume, son père, un banquier très bavard. Malheureusement, Florence ignore que David n'a aucune intention de se lancer dans une relation sérieuse avec elle. Il désire en réalité se débarrasser de Florence en la jetant dans les bras de Willy, un de ses amis. Tous les quatre se retrouvent autour d'une table, dans un restaurant au décor désuet perdu au milieu de nulle part. Dans ce lieu isolé et hors du temps, la frontière entre réel et fiction se brouille... - Critique : Comment concilier le système D et le star-système ? Ce défi, Quentin Dupieux fait en sorte de le relever à chacun de ses films. C’est un homme-orchestre, on le sait, qui se charge d’à peu près tout dans son cinéma (scénario, image, réalisation, montage), sauf de l’interprétation. Le cinéaste a donc besoin des acteurs, surtout des célébrités, qui lui permettent de financer ses films, tournés très vite, avec une économie de moyens. Est-ce à dire qu’il profite de leur talent par cynisme ? Non, l’hurluberlu barbu les admire et sait ce qu’il leur doit. Mais on devine que cette passion est conflictuelle, teintée d’agacement. Le Deuxième Acte, présenté en ouverture du 77ᵉ Festival de Cannes, surjoue cartes sur table ce tiraillement, à travers l’histoire d’un tournage. Un tournage spécial, car, bien évidemment, nous voilà une fois encore transportés en Absurdie. Au pays du non-sens. Soit quatre acteurs de profession, qui incarnent chacun un personnage. Le premier qui apparaît est David (Louis Garrel), un tombeur poursuivi par une jeune femme, Florence (Léa Seydoux), folle amoureuse de lui. Il aimerait s’en défaire en la poussant dans les bras de Willy (Raphaël Quenard), un bon pote à lui, avec lequel il échange longuement, en marchant sur une route. De son côté, Florence tient absolument à présenter David à son père (Vincent Lindon). Les quatre se retrouvent un moment, dans un restoroute, au milieu de nulle part. Curieuse intrigue, qui semble bien faible, à nous, spectateurs, mais aussi aux acteurs – l’un parle de « daube » à son partenaire de jeu. Mais cette médiocrité est troublée par le fait qu’assez vite on ne sait plus très bien si les répliques des acteurs renvoient à une répétition, à la vraie prise ou à des conversations hors de leur rôle. Film dans le film, strates de réalité multiples, confusion entre réel et fiction : on reconnaît la griffe Dupieux et son usage de la mise en abyme, source de vertige. L’excentrique s’amuse cette fois avec le statut des quatre stars en question, leur degré de célébrité, leur « image », qu’il caricature ou déjoue. Au-delà, il raille l’égocentrisme démesuré, la compétition et l’entre-soi, l’obsession de séduire et la docilité des comédiens. La satire est à la fois féroce et tendre. Souvent percutante dans l’humour, car connectée aux débats qui agitent la société actuelle. En vrac, et pour ne pas trop divulguer, citons juste quelques-uns des thèmes sur lesquels les effets hilarants s’appuient : le genre et les orientations sexuelles, le petit rail de coke sniffé en catimini, la liberté d’expression brimée, le harcèlement, l’intelligence artificielle, le chaos annoncé avec le dérèglement climatique, Paul Thomas Anderson… Le Deuxième Acte se focalise uniquement sur la parole des acteurs, faisant le vide autour de ces derniers. Il prolonge la mise à nu de Yannick, n’emploie qu’un seul décor (le restoroute) mais cette fois nous entraîne à l’extérieur, dans une campagne que Dupieux a le chic de rendre floue, ne filmant pour ainsi dire que le ciel, bas et lourd ! Toujours inventive et originale avec trois fois rien, sa mise en scène crée dans la plupart des séquences quelque chose qui attire immanquablement l’œil et le retient. À l’exemple de ce tour de force inaugural, long échange entre David et Willy filmé dans un travelling qui semble durer aussi longtemps que celui de Week-end, de Godard (neuf minutes !). Le film est une comédie loufoque mais au fond gris, sinistre. Celui qui fait le plus rire ici est aussi celui qui émeut. Dans l’ombre des quatre célébrités, il est la fausse cinquième roue du carrosse. Il s’appelle Manuel Guillot, c’est un inconnu ou presque, qui joue le patron du restoroute, tétanisé par l’angoisse de bien faire. À travers lui se joue l’opposition entre les « vrais gens » et les privilégiés hors-sol. On pourra éventuellement juger ce ressort un brin facile. Sauf à considérer que le manque de reconnaissance et l’estime de soi broyée sont en effet redoublés par le pouvoir actuel des images.

Année : 2024

Avec : Françoise Gazio, Louis Garrel, Léa Seydoux, Manuel Guillot, Raphaël Quenard, Vincent Lindon

Récemment en avril
 

Le deuxième acte

Télévision : 17 avril à 14:31-15:49 sur Canal +

film : comédie noire

Florence, une séduisante trentenaire, est convaincue d'avoir rencontré l'homme de sa vie en la personne de David, un beau ténébreux quelque peu imbu de sa personne. Follement amoureuse, elle souhaite présenter ce dernier à Guillaume, son père, un banquier très bavard. Malheureusement, Florence ignore que David n'a aucune intention de se lancer dans une relation sérieuse avec elle. Il désire en réalité se débarrasser de Florence en la jetant dans les bras de Willy, un de ses amis. Tous les quatre se retrouvent autour d'une table, dans un restaurant au décor désuet perdu au milieu de nulle part. Dans ce lieu isolé et hors du temps, la frontière entre réel et fiction se brouille... - Critique : Comment concilier le système D et le star-système ? Ce défi, Quentin Dupieux fait en sorte de le relever à chacun de ses films. C’est un homme-orchestre, on le sait, qui se charge d’à peu près tout dans son cinéma (scénario, image, réalisation, montage), sauf de l’interprétation. Le cinéaste a donc besoin des acteurs, surtout des célébrités, qui lui permettent de financer ses films, tournés très vite, avec une économie de moyens. Est-ce à dire qu’il profite de leur talent par cynisme ? Non, l’hurluberlu barbu les admire et sait ce qu’il leur doit. Mais on devine que cette passion est conflictuelle, teintée d’agacement. Le Deuxième Acte, présenté en ouverture du 77ᵉ Festival de Cannes, surjoue cartes sur table ce tiraillement, à travers l’histoire d’un tournage. Un tournage spécial, car, bien évidemment, nous voilà une fois encore transportés en Absurdie. Au pays du non-sens. Soit quatre acteurs de profession, qui incarnent chacun un personnage. Le premier qui apparaît est David (Louis Garrel), un tombeur poursuivi par une jeune femme, Florence (Léa Seydoux), folle amoureuse de lui. Il aimerait s’en défaire en la poussant dans les bras de Willy (Raphaël Quenard), un bon pote à lui, avec lequel il échange longuement, en marchant sur une route. De son côté, Florence tient absolument à présenter David à son père (Vincent Lindon). Les quatre se retrouvent un moment, dans un restoroute, au milieu de nulle part. Curieuse intrigue, qui semble bien faible, à nous, spectateurs, mais aussi aux acteurs – l’un parle de « daube » à son partenaire de jeu. Mais cette médiocrité est troublée par le fait qu’assez vite on ne sait plus très bien si les répliques des acteurs renvoient à une répétition, à la vraie prise ou à des conversations hors de leur rôle. Film dans le film, strates de réalité multiples, confusion entre réel et fiction : on reconnaît la griffe Dupieux et son usage de la mise en abyme, source de vertige. L’excentrique s’amuse cette fois avec le statut des quatre stars en question, leur degré de célébrité, leur « image », qu’il caricature ou déjoue. Au-delà, il raille l’égocentrisme démesuré, la compétition et l’entre-soi, l’obsession de séduire et la docilité des comédiens. La satire est à la fois féroce et tendre. Souvent percutante dans l’humour, car connectée aux débats qui agitent la société actuelle. En vrac, et pour ne pas trop divulguer, citons juste quelques-uns des thèmes sur lesquels les effets hilarants s’appuient : le genre et les orientations sexuelles, le petit rail de coke sniffé en catimini, la liberté d’expression brimée, le harcèlement, l’intelligence artificielle, le chaos annoncé avec le dérèglement climatique, Paul Thomas Anderson… Le Deuxième Acte se focalise uniquement sur la parole des acteurs, faisant le vide autour de ces derniers. Il prolonge la mise à nu de Yannick, n’emploie qu’un seul décor (le restoroute) mais cette fois nous entraîne à l’extérieur, dans une campagne que Dupieux a le chic de rendre floue, ne filmant pour ainsi dire que le ciel, bas et lourd ! Toujours inventive et originale avec trois fois rien, sa mise en scène crée dans la plupart des séquences quelque chose qui attire immanquablement l’œil et le retient. À l’exemple de ce tour de force inaugural, long échange entre David et Willy filmé dans un travelling qui semble durer aussi longtemps que celui de Week-end, de Godard (neuf minutes !). Le film est une comédie loufoque mais au fond gris, sinistre. Celui qui fait le plus rire ici est aussi celui qui émeut. Dans l’ombre des quatre célébrités, il est la fausse cinquième roue du carrosse. Il s’appelle Manuel Guillot, c’est un inconnu ou presque, qui joue le patron du restoroute, tétanisé par l’angoisse de bien faire. À travers lui se joue l’opposition entre les « vrais gens » et les privilégiés hors-sol. On pourra éventuellement juger ce ressort un brin facile. Sauf à considérer que le manque de reconnaissance et l’estime de soi broyée sont en effet redoublés par le pouvoir actuel des images.

Année : 2024

Avec : Françoise Gazio, Louis Garrel, Léa Seydoux, Manuel Guillot, Raphaël Quenard, Vincent Lindon

Récemment en avril
 

Le deuxième acte

Télévision : 15 avril à 23:58-01:16 sur Canal +

film : comédie noire

Florence, une séduisante trentenaire, est convaincue d'avoir rencontré l'homme de sa vie en la personne de David, un beau ténébreux quelque peu imbu de sa personne. Follement amoureuse, elle souhaite présenter ce dernier à Guillaume, son père, un banquier très bavard. Malheureusement, Florence ignore que David n'a aucune intention de se lancer dans une relation sérieuse avec elle. Il désire en réalité se débarrasser de Florence en la jetant dans les bras de Willy, un de ses amis. Tous les quatre se retrouvent autour d'une table, dans un restaurant au décor désuet perdu au milieu de nulle part. Dans ce lieu isolé et hors du temps, la frontière entre réel et fiction se brouille... - Critique : Comment concilier le système D et le star-système ? Ce défi, Quentin Dupieux fait en sorte de le relever à chacun de ses films. C’est un homme-orchestre, on le sait, qui se charge d’à peu près tout dans son cinéma (scénario, image, réalisation, montage), sauf de l’interprétation. Le cinéaste a donc besoin des acteurs, surtout des célébrités, qui lui permettent de financer ses films, tournés très vite, avec une économie de moyens. Est-ce à dire qu’il profite de leur talent par cynisme ? Non, l’hurluberlu barbu les admire et sait ce qu’il leur doit. Mais on devine que cette passion est conflictuelle, teintée d’agacement. Le Deuxième Acte, présenté en ouverture du 77ᵉ Festival de Cannes, surjoue cartes sur table ce tiraillement, à travers l’histoire d’un tournage. Un tournage spécial, car, bien évidemment, nous voilà une fois encore transportés en Absurdie. Au pays du non-sens. Soit quatre acteurs de profession, qui incarnent chacun un personnage. Le premier qui apparaît est David (Louis Garrel), un tombeur poursuivi par une jeune femme, Florence (Léa Seydoux), folle amoureuse de lui. Il aimerait s’en défaire en la poussant dans les bras de Willy (Raphaël Quenard), un bon pote à lui, avec lequel il échange longuement, en marchant sur une route. De son côté, Florence tient absolument à présenter David à son père (Vincent Lindon). Les quatre se retrouvent un moment, dans un restoroute, au milieu de nulle part. Curieuse intrigue, qui semble bien faible, à nous, spectateurs, mais aussi aux acteurs – l’un parle de « daube » à son partenaire de jeu. Mais cette médiocrité est troublée par le fait qu’assez vite on ne sait plus très bien si les répliques des acteurs renvoient à une répétition, à la vraie prise ou à des conversations hors de leur rôle. Film dans le film, strates de réalité multiples, confusion entre réel et fiction : on reconnaît la griffe Dupieux et son usage de la mise en abyme, source de vertige. L’excentrique s’amuse cette fois avec le statut des quatre stars en question, leur degré de célébrité, leur « image », qu’il caricature ou déjoue. Au-delà, il raille l’égocentrisme démesuré, la compétition et l’entre-soi, l’obsession de séduire et la docilité des comédiens. La satire est à la fois féroce et tendre. Souvent percutante dans l’humour, car connectée aux débats qui agitent la société actuelle. En vrac, et pour ne pas trop divulguer, citons juste quelques-uns des thèmes sur lesquels les effets hilarants s’appuient : le genre et les orientations sexuelles, le petit rail de coke sniffé en catimini, la liberté d’expression brimée, le harcèlement, l’intelligence artificielle, le chaos annoncé avec le dérèglement climatique, Paul Thomas Anderson… Le Deuxième Acte se focalise uniquement sur la parole des acteurs, faisant le vide autour de ces derniers. Il prolonge la mise à nu de Yannick, n’emploie qu’un seul décor (le restoroute) mais cette fois nous entraîne à l’extérieur, dans une campagne que Dupieux a le chic de rendre floue, ne filmant pour ainsi dire que le ciel, bas et lourd ! Toujours inventive et originale avec trois fois rien, sa mise en scène crée dans la plupart des séquences quelque chose qui attire immanquablement l’œil et le retient. À l’exemple de ce tour de force inaugural, long échange entre David et Willy filmé dans un travelling qui semble durer aussi longtemps que celui de Week-end, de Godard (neuf minutes !). Le film est une comédie loufoque mais au fond gris, sinistre. Celui qui fait le plus rire ici est aussi celui qui émeut. Dans l’ombre des quatre célébrités, il est la fausse cinquième roue du carrosse. Il s’appelle Manuel Guillot, c’est un inconnu ou presque, qui joue le patron du restoroute, tétanisé par l’angoisse de bien faire. À travers lui se joue l’opposition entre les « vrais gens » et les privilégiés hors-sol. On pourra éventuellement juger ce ressort un brin facile. Sauf à considérer que le manque de reconnaissance et l’estime de soi broyée sont en effet redoublés par le pouvoir actuel des images.

Année : 2024

Avec : Françoise Gazio, Louis Garrel, Léa Seydoux, Manuel Guillot, Raphaël Quenard, Vincent Lindon

Récemment en janvier
 

Licorice Pizza

Prime Video : 12 janvier

1973, dans la région de Los Angeles. Alana Kane et Gary Valentine font connaissance le jour de la photo de classe au lycée du garçon. Alana n’est plus lycéenne, mais tente de trouver sa voie tout en travaillant comme assistante du photographe. Gary, lui, a déjà une expérience d’acteur, ce qu’il s’empresse de dire à la jeune fille pour l’impressionner. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Mais rien ne se passe comme prévu…

De : Paul Thomas Anderson

Avec : Alana Haim, Cooper Hoffman, Sean Penn, Tom Waits, Bradley Cooper, Benny Safdie, Skyler Gisondo

Récemment en novembre
 

Boogie Nights - Blu-ray

DVD/Blu-ray : 20 novembre 2024

Editeur : New Line

Année : 1997

De : Paul Thomas Anderson

Avec : Mark Wahlberg, Julianne Moore, Burt Reynolds, Heather Graham, John C Reilly, Philip Seymour Hoffman