Juliette Capieu : passages TV

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Récemment en décembre
 

Chronique d'une liaison passagère

Télévision : 10 décembre à 13:35-15:15 sur Arte

film : comédie dramatique

Simon est marié. Libre, Charlotte veut profiter de la vie après une histoire compliquée. Tous deux entament une liaison, sans rien se promettre, avec pour seul objectif de passer de bons moments ensemble. En dépit de sa clandestinité, leur couple repose sur une parfaite complémentarité - Simon étant aussi timoré que Charlotte est épicurienne. Il se nourrit aussi d'une entente parfaite, du plaisir des sens et du goût de la conversation amoureuse. Mais les deux amants n'osent s'avouer que leur relation prend un tour sérieux, s'interdisant toute grande déclaration et évacuant immédiatement toute tension. L'affaire se corse quand Charlotte fait la connaissance de Louise. - Critique : « On va boire un verre ou deux mais je ressens une envie irrésistible de faire l’amour avec toi. »  Charlotte (Sandrine Kiberlain), bloody mary à la main, affiche la couleur sans rougir. Le film vient à peine de commencer. « Ça va vite, là », confirme son rencard, ­Simon (Vincent Macaigne). La quinqua enthousiaste, mère célibataire libre comme l’air, le suit chaque fois qu’il s’éloigne. Le quadra lent à la détente, marié avec enfants, avance et ­recule, déchiré entre son désir et sa peur du « bazar ». Chronique d’une liaison passagère démarre sur ce feu d’artifice, alimenté par la fantaisie charmante de deux ­acteurs exceptionnels — elle, radieuse et conquérante en « femme brute », lui émouvant car désarçonné en « homme délicat ». Alors que Charlotte et Simon passent un contrat explicite – jouir sans entraves –, l’auteur chronique, au fil de leurs rendez-vous, une cristallisation que chacun sait inéluctable. L’intérêt de ce suspense éventé ? Son éblouissante sophistication. Le onzième long métrage d’Emmanuel Mouret (Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait) évoque un Woody Allen grand cru – les clins d’œil à Annie Hall (1977) foisonnent –, mais aussi le Lubitsch de Sérénade à trois (1933) pour l’élégance ludique et cet art de ne penser qu’à « ça » sans verser dans l’égrillard. Il faut dire que le sexe, s’il figure au centre ou, plutôt, au cœur (et c’est bien là qu’est l’os !) du propos, ­demeure obstinément dans le hors-champ de l’image. Le réalisateur filme la parole en mouvement avec une invention constante, entraînant ce pas de deux « éroticomique » vers la mélancolie. Les choses qu’on ne dit pas, les choses qu’on rate… En attendant, même si c’était éphémère – mais l’était-ce vraiment ? –, on aura été très heureux.

Année : 2022

Avec : Brahim Zairi, Eric Wrembel, Fleury Ghislaine, Georgia Scalliet, Juliette Capieu, Lola Niedermayer, Maxence Tual, Mercoyrol Stéphane, Mohamed Zairi, Pierre Giraud, Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne