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Antérieurement en 2022
 

Cuban Network

Télévision : 10 juillet 2022 à 21:10-23:20 sur France 2

film d'espionnage

Au début des années 1990, quelques citoyens cubains, voyant dans l'effondrement du bloc soviétique un possible affaiblissement du régime de Fidel Castro, ont décidé d'agir pour précipiter sa chute. Si certains anti-castristes sont restés sur place, d'autres se sont exilés en Floride afin d'y préparer des actions de guérilla. Parmi eux, il y a René Gonzalez Sehweret, qui n'a pas hésité à abandonner sa femme Olga et sa fille pour défendre ses idéaux. Sur place, il rencontre les membres du réseau, financé en partie par un trafic de drogue, comme Juan Pablo et sa fiancée Ana Margarita ou encore Gerardo. Mais, "Wasp Network", qui regroupe des hommes fidèles à Fidel, tente de mettre à mal leur projet... - Critique : Pour On aime beaucoup C’est un matin comme les autres pour René Gonzalez. Une dernière tasse de café pour la route, un dernier baiser à sa fille et à sa femme avant de partir au travail dans un bus décati, surchargé — nous sommes à Cuba, au début des années 1990, et l’économie collec­tiviste planifiée par Fidel Castro ne cesse de plonger, privée du soutien du grand frère soviétique et asphyxiée par l’embargo américain. La routine continue à l’aérodrome où René Gonzalez travaille comme instructeur de vol. Mais à l’heure de la pause déjeuner, le pilote sabote la tour de contrôle et rejoint, en cachette, son petit avion. Décollage pour la liberté et une vie moins précaire à Miami, où l’ancien héros de la guerre en Angola a choisi de faire défection, sans prévenir personne. Pas même sa famille… Dix ans après Carlos, son film fleuve (et son chef-d’œuvre) sur le terroriste vedette de la guerre froide, Olivier Assayas renoue avec la géopolitique, ce jeu complexe entre les nations où les individus font l’Histoire et sont broyés par elle. À travers ce récit authentique, il retrouve aussi une efficacité narrative, un plaisir du feuilleton dopé aux scènes d’action qui s’étaient perdus dans les interrogations existentielles de Personal Shopper ou le marivaudage de Doubles Vies. Dans Cuban Network, le cinéaste multiplie les personnages, les actions secondaires, les flash-back, et s’autorise même, à mi-parcours, un twist renversant : une révélation qui amène le spectateur à remettre en cause ce qu’il considérait comme acquis. Car tout, dans ce film, est une question d’apparences, de mensonges, de manipulation. À son arrivée en Floride, René propose ses services à la diaspora cubaine pour secourir en mer les balseros, ses compatriotes qui, au péril de leur vie, fuient leur île natale en radeau. Mais il découvre que l’aide humanitaire sert de paravent à un trafic de cocaïne et à l’organisation d’attentats contre les installations touristiques à Cuba pour déstabiliser le régime communiste. Pour se défendre, les militaires cubains mettent sur pied un réseau d’espions chargés d’infiltrer les milieux anticastristes de Floride. Le tout sous l’œil intéressé du gouvernement américain et de son bras armé, le FBI, qui utilise les uns pour affaiblir les autres — et vice versa. Si Assayas renvoie dos à dos les deux pays ennemis qui, par cynisme, voire par inconscience, sont prêts à sacrifier leurs meilleurs « soldats » au gré de leurs intérêts changeants, c’est pour mieux rendre hommage à ces victimes de la raison d’État. On le sent davantage en empathie avec René Gonzalez, l’idéaliste fidèle jusqu’au bout à ses convictions (Édgar Ramírez, l’interprète de Carlos, décidément l’un des acteurs latinos les plus doués de sa génération), qu’avec le charismatique Juan Pablo Roque (Wagner Moura, alias Pablo Escobar dans la série Narcos), le dissident vedette de l’armée de l’air cubaine un peu trop fasciné par les signes extérieurs de richesse… Le réalisateur montre aussi, et ce n’est pas si fréquent dans un thriller d’espionnage, l’impact cruel de ces jeux de pouvoir sur les épouses, abandonnées et/ou dupées. Avec un beau portrait de femme à la clé : Penélope Cruz est très émouvante en victime qui refuse de se soumettre. — Samuel Douhaire Contre On n'aime pas On se demande plus d’une fois pourquoi Olivier Assayas s’est risqué dans cette aventure extra-européenne. Son film ne prend jamais parti — même si les Américains et les anticastristes font l’objet d’une caricature parfois grossière. Ce qui intéresse le cinéaste, en vérité, c’est l’ambiguïté, les eaux très trou­bles de ce jeu d’espionnage tripartite, où les rôles sont réversibles, où un homme qui part seul en abandonnant sa famille peut cacher un soldat cubain qui se sacrifie. Mais la narration est trop éclatée, et les faits, touffus, prennent le pas sur les personnages. Difficile de s’attacher à eux, ils sont trop vite survolés. Et comme Assayas ne joue pas non plus vraiment la carte du thriller, on reste sur sa faim. Avec cette sensation bizarre de voir non pas un film, mais le résumé d’une série. Sur le dévouement qu’implique l’espionnage, sur l’héroïsme besogneux et sans gloire, sur l’amour trahi, le film reste trop théorique. Y man­quent la tension, la dramaturgie, l’émotion. Seule Penélope Cruz parvient à tirer son épingle du jeu, en ­apportant l’âme et la chair qui font par ailleurs défaut. — Jacques Morice

Année : 2019

Avec : Amanda Morado, Ana de, Anel Perdomo, Edgar Ramirez, Gael García, Julian Flynn, Leonardo Sbaraglia, Nolan Guerra, Osdeymi Pastrana, Penélope Cruz, Tony Plana, Wagner Moura

Antérieurement en 2020