Télévision : 24 mai 2018 à 01:30-02:50 sur Arte
film
Roumanie, 1945. Dans un village de Transylvanie, Alex, 11 ans, aime jouer à la guerre avec son copain Théodore, alias Ipu, un soldat français laissé pour mort lors de la Première Guerre mondiale, que les habitants ont soigné. Simple d'esprit depuis sa blessure à la tête, Ipu est vu comme l'idiot du village. Un jour, Alex découvre le cadavre d'un combattant allemand qui lui a laissé essayer sa moto. L'homme a eu la gorge tranchée. Par peur des représailles, les villageois décident de pousser Ipu à se faire passer pour le coupable... Critique : | Genre : tragédie roumaine. Pour ceux qui se demandent ce que Gérard Depardieu fabrique dans les pays dont il vante les mérites, voici une partie de la réponse. Il incarne ici le rôle titre du film, Ipu (prononcer « Ipou » pour éviter tout malentendu à propos de l'hygiène corporelle de son personnage), ancien brigadier de l'armée française que les caprices du destin ont abandonné en Transylvanie. Ayant hérité d'une balle dans le crâne pendant la guerre de 14, Ipu fonctionne nettement au ralenti, partageant son temps entre travaux pour les notables locaux et la compagnie d'un enfant dont il est le complice de jeu. Il est l'idiot du village, et ni cette nouvelle guerre, ni l'occupation allemande ne semblent l'affecter. Jusqu'au jour où les nazis exigent qu'on leur livre le meurtrier d'un de leurs soldats, sans quoi ils exécuteront dix otages, en l'occurrence les fameux notables. Et, évidemment, tous les regards se tournent vers Ipu, qui ferait un coupable idéal. Ce film, produit et tourné en Roumanie, est, à plusieurs titres, un objet de curiosité. Sa distribution, en premier lieu, réunit, outre Depardieu, Harvey Keitel en roublard homme d'église et Laura Morante en bourgeoise égoïste et arrogante, tout ce joli monde parlant anglais sans que ça ne gêne personne. Son scénario et sa mise en scène ensuite, qui oscillent entre représentations affolantes de naïveté (les moments entre Depardieu et l'enfant enfoncent toutes les limites du ridicule) et scènes ambitieuses aux accents tchékhoviens. A ce titre, passé la pénible première demi-heure, le film bascule dans un huis clos tendu dans lequel l'idiot, roulé dans la farine par les notables qui lui promettent une place au paradis et la gratitude éternelle en échange de son sacrifice, retourne la situation et les confronte à la monstruosité de leur hypocrisie. — Bruno Icher
Année : 2013
Avec : Bogdan Dumitrescu, Gérard Depardieu, Harvey Keitel, Laura Morante, Bogdan Iancu, Alexandru Bindea, Nicodim Ungureanu, Gheorghe Visu, Hubert Damen, Joris Van den Hauwe, Titus Popovici, Anusavan Salamanian
Télévision : 5 février 2018 à 01:15-02:55 sur Canal +
film : drame
Un jeune homme ne peut vendre les terres infertiles de son grand-père, au fin fond de la Roumanie, car un puissant trafiquant s'y oppose… Un polar. Presque un western. La révélation d'un cinéaste, en tout cas, qui signe un premier film envoûtant. Critique : C'est presque un western. Lent, lancinant. Dans une Roumanie reculée, que le réalisateur fait ressembler au vieil Ouest américain, débarque un jeune homme, héritier de plusieurs centaines d'hectares, légués par son grand-père. Seule solution : vendre au plus vite. Ce qui déplaît fort aux copains du mort, qui se servaient, depuis des années, avec son accord, de ces terres infertiles pour y organiser des trafics rémunérateurs. Aucune menace de leur part. Sauf qu'un copain du héros, venu estimer la valeur de la propriété, se volatilise. Bientôt, un pied est retrouvé dans un étang tout proche... Ce pied est longuement examiné (cinq magnifiques minutes d'humour noir) par, on allait dire le shérif, non, le policier du coin. C'est le personnage le plus émouvant du film, tant il rappelle les seconds rôles si bien utilisés par Hollywood, autrefois. Génialement interprété par un comédien de théâtre, Gheorghe Visu, le flic est lucide, résigné et mourant. Sans illusions sur la région et les sauvages qui y vivent, résistant à tout, même à la dictature de Ceausescu. Il est sans illusions sur lui : pour avoir la paix, il a dû accepter de s'arranger avec la loi. De s'aplatir devant Samir (Vlad Ivanov, le salaud de 4 Mois, 3 semaines, 2 jours), un mec qui tue ses hommes de main sans état d'âme et transforme, en un regard, un chien agressif nommé Policia en toutou câlin... Du début (un travelling magnifique qui se clôt sur un étang comme secoué de spasmes) au dénouement (un règlement de comptes épuré) règne une angoisse diffuse. La peur s'infiltre dans ces paysages écrasés de chaleur, rendus plus inquiétants, la nuit, par des phares de voitures trouant l'obscurité. Lors du duel final — très western, une fois encore —, le flic mourant demande à son adversaire s'il n'a jamais connu l'angoisse. « J'ai peur de Dieu, reconnaît Samir, mais Lui a peur de moi »... Ce premier film est d'une intelligence et d'une maîtrise impressionnantes. Son réalisateur est la révélation de l'année. — Pierre Murat
Année : 2016
Télévision : 8 octobre 2017 à 01:35-03:10 sur Canal +
film : drame
Un jeune homme ne peut vendre les terres infertiles de son grand-père, au fin fond de la Roumanie, car un puissant trafiquant s'y oppose… Un polar. Presque un western. La révélation d'un cinéaste, en tout cas, qui signe un premier film envoûtant. - Critique :
C'est presque un western. Lent, lancinant. Dans une Roumanie reculée, que le réalisateur fait ressembler au vieil Ouest américain, débarque un jeune homme, héritier de plusieurs centaines d'hectares, légués par son grand-père. Seule solution : vendre au plus vite. Ce qui déplaît fort aux copains du mort, qui se servaient, depuis des années, avec son accord, de ces terres infertiles pour y organiser des trafics rémunérateurs. Aucune menace de leur part. Sauf qu'un copain du héros, venu estimer la valeur de la propriété, se volatilise. Bientôt, un pied est retrouvé dans un étang tout proche... Ce pied est longuement examiné (cinq magnifiques minutes d'humour noir) par, on allait dire le shérif, non, le policier du coin. C'est le personnage le plus émouvant du film, tant il rappelle les seconds rôles si bien utilisés par Hollywood, autrefois. Génialement interprété par un comédien de théâtre, Gheorghe Visu, le flic est lucide, résigné et mourant. Sans illusions sur la région et les sauvages qui y vivent, résistant à tout, même à la dictature de Ceausescu. Il est sans illusions sur lui : pour avoir la paix, il a dû accepter de s'arranger avec la loi. De s'aplatir devant Samir (Vlad Ivanov, le salaud de 4 Mois, 3 semaines, 2 jours), un mec qui tue ses hommes de main sans état d'âme et transforme, en un regard, un chien agressif nommé Policia en toutou câlin...
Du début (un travelling magnifique qui se clôt sur un étang comme secoué de spasmes) au dénouement (un règlement de comptes épuré) règne une angoisse diffuse. La peur s'infiltre dans ces paysages écrasés de chaleur, rendus plus inquiétants, la nuit, par des phares de voitures trouant l'obscurité. Lors du duel final — très western, une fois encore —, le flic mourant demande à son adversaire s'il n'a jamais connu l'angoisse. « J'ai peur de Dieu, reconnaît Samir, mais Lui a peur de moi »... Ce premier film est d'une intelligence et d'une maîtrise impressionnantes. Son réalisateur est la révélation de l'année. — Pierre Murat
Année : 2016
De : Bogdan Mirica
Avec : Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov, Costel Cascaval, Constantin Cojocaru, Raluca Aprodu, Catalin Paraschiv, Emilian Oprea, Bogdan Mirica
DVD/Blu-ray : 14 février 2017
Année : 2016
De : Bogdan Mirică
Avec : Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov, Costel Cascaval, Raluca Aprodu, Constantin Cojocaru, Emilian Oprea