Télévision : 12 novembre à 23:20-01:12 sur CStar
film : comédie
Hervé et Camel, adolescents de 14 ans scolarisés dans le même collège, ne pensent qu'à une chose : les filles. C'est leur unique sujet de conversation. Malheureusement, les deux amis, desservis par un physique ingrat, multiplient les échecs. Alors ils se contentent de se masturber devant de vieux catalogues. Mais un jour, tout change pour Hervé, qui vit seul avec une mère intrusive et déprimée. En effet, il réalise qu'Aurore, la plus jolie fille de la classe, a le béguin pour lui. Encouragé par Camel, Hervé tente de se rapprocher d'elle. Il compte profiter d'une fête, organisée par la grande soeur d'Aurore, pour arriver à ses fins... - Critique : Peaux grasses à tendance acnéique, coiffures approximatives, vêtements informes, les gosses de Riad Sattouf ne sont, de prime abord, pas si beaux que ça… Ce sont juste des collégiens ordinaires, à l’âge où les corps se transforment et les désirs se précisent. A 15 ans, il y a les garçons qui rêvent des filles, sans être tout à fait sûrs de bien savoir quoi faire avec elles ; et les filles, catégorie compliquée dont les garçons comprennent mal, ou toujours à contretemps, les desiderata. Ajoutez quelques adultes, profs dépressifs ou mère boulet, et vous avez le premier film irrésistible d’un auteur de BD narquois, observateur malicieux du monde qui l’entoure, peintre confirmé de la frustration sexuelle – lire à ce sujet quelques tomes savoureux des Pauvres Aventures de Jérémie. Un teenage movie de plus ? Mais un film d'ados à nul autre pareil. Autrement plus cru, et donc authentique, que certains de ses homologues d'outre-Atlantique ; d'une invention comique permanente. Dans cette moderne Guerre des boutons (tendance dermato), on suit Hervé, brave gars presque normal, et ses potes, aux looks invraisemblables : Camel, le beur amateur de hard rock ; Benjamin et son goût du macabre ; Meryl, aux expressions étrangement précieuses. Ce qui arrive à ces quatre-là est un pur régal, qu'il s'agisse d'une séance de spiritisme, d'un cours de gym fracassant ou des us et coutumes de la vie d'ado en général... Réalisme décalé Le sexe est évidemment un enjeu suprême, effrayant, et Hervé s'en dépatouille avec ou sans Aurore, jolie blonde qui semble, à la surprise générale, avoir jeté son dévolu sur lui. Ce que son héros vit avec un mélange d'angoisse et de forfanterie (sa « technique de roulage de pelle » n'est pas tout à fait au point), Riad Sattouf l'expose avec ironie et invention - y compris à travers le personnage hilarant de la mère d'Hervé, génialement jouée par Noémie Lvovsky, qui s'intéresse d'un peu trop près à la sexualité de son fils... La force du film réside dans son drôle de réalisme décalé. Il ne s’agit pas de décrire la société d’aujourd’hui, mais de dire des angoisses de toujours. Avec sa voix grave, ses doutes et ses convictions, Vincent Lacoste, le jeune amateur qui joue le rôle principal (il faudrait citer l’ensemble de la distribution, épatante), est parfois plus adulte que ceux qui l’entourent. Il y a fort à parier que ses interrogations ne le quitteront jamais, comme elles n’ont pas tout à fait quitté les spectateurs adultes du film. Les Beaux Gosses ? Un film d’ados pour tous les âges.
Année : 2009
Avec : Alice Tremolières, Anthony Sonigo, Baptiste Huet, Camille Andreys, Emmanuelle Devos, Irène Jacob, Julie Scheibling, Marjane Satrapi, Noémie Lvovsky, Robin Nizan-Duverger, Simon Barbery, Vincent Lacoste