Télévision : 8 février à 21:11-22:58 sur Canal +

film d'action

Dans un futur proche, aux Etats-Unis. Après plusieurs années de tension entre le gouvernement fédéral autoritaire et diverses milices sécessionnistes, une violente guerre civile a éclaté, plongeant le pays entier dans le chaos. Malgré les risques, Lee, une illustre photographe de guerre, Joel, un reporter expérimenté, et Jessie, une jeune journaliste, sillonnent l'Amérique, s'approchant au plus près des combats pour tenter de capter des images et pour interviewer les protagonistes du conflit. Alors qu'ils luttent pour leur propre survie, ils constatent avec effroi les incompréhensibles crimes commis par les deux camps... - Critique : Les zombies n’ont pas le monopole de la désolation. Scénariste de l’enragé 28 jours plus tard, sorti en 2002, (Annihilation, Men) raconte à nouveau la fin du monde tel qu’on le connaît mais, cette fois, sans recourir à un virus de science-fiction, juste en respirant l’air du temps. Imaginé en pleine crise Covid, Civil War ouvre le feu d’entrée de jeu : une guerre civile ravage les États-Désunis d’Amérique, sans que l’on sache ni quand, ni comment elle a commencé. Ligués sous une bannière à deux étoiles, la Californie et le Texas, pourtant irréconciliables a priori, ont fait sécession et leur armée de l’Ouest marche à présent sur Washington, d’où un président autoritaire (interprété par Nick Offerman, alias l’hilarant libertarien Ron Swanson dans la série Parks and Recreation) fait bombarder ses concitoyens et exécuter les journalistes. Reporters au sein d’une agence de presse, Lee (Kirsten Dunst) et Joel (Wagner Moura) mettent le cap sur la capitale dans l’espoir de lui arracher une interview avant la chute du gouvernement fédéral. Le tandem, aguerri, embarque deux passagers dans son road trip : un vénérable confrère du New York Times (Stephen McKinley Henderson) et une photographe balbutiante (Cailee Spaeny, la Priscilla de Sofia Coppola) éperdue d’admiration devant Lee, son sens de l’image et son courage. L’aînée en a trop vu ; la cadette ne sait pas encore où poser son regard ; leur relation, entre adoption et passage de relais, sert de fil rouge fluo à un récit très balisé. Alex Garland y revisite la figure héroïco-romantique du reporter de guerre, sa protagoniste, prénommée comme Lee Miller, succédant à une foule d’homologues masculins — on se souvient d’Under Fire (Roger Spottiswoode, 1983) ou du récent Sympathie pour le diable (Guillaume de Fontenay, 2019), mais aussi de La Déchirure (Roland Joffé, 1984) et de Salvador (Oliver Stone, 1986). Force brute L’originalité, bien sûr, c’est que Civil War se situe aux États-Unis, et non au Nicaragua, au Cambodge ou à Sarajevo, et que ce décor dévasté, rendu familier par tout un cinéma de l’apocalypse, devient le théâtre d’un conflit fratricide aux origines floues mais au rendu terriblement réaliste. D’une frilosité extrême sur le terrain politique, le cinéaste anglais s’abstient de penser les divisions idéologiques de l’Amérique contemporaine (trumpisme, fondamentalisme chrétien, question raciale, etc.) et adopte le point de vue bizarrement assez neutre de ses journalistes fictifs, tout concentré qu’il est sur la spectaculaire efficacité de son film de guerre. À cet endroit, le blockbuster, plus gros budget du studio indépendant A24 à ce jour, impose sa force brute, éprouvant voyage au bout d’un enfer où l’on comprend rarement qui tue qui — ou pourquoi. Certaines scènes se révèlent ainsi durablement marquantes, par leur violence, certes, mais surtout par la tension qu’elles suscitent, comme lorsque nos reporters, arrêtés dans une station service, se retrouvent face à des rednecks en armes, tout fiers de montrer les hommes qu’ils ont pendus… et qui respirent encore. Ne manque que le son du banjo. Écrit avant l’assaut du Capitole par les partisans de Trump en janvier 2021, le long métrage dépeint d’impressionnants affrontements à Washington et jusqu’au siège de la Maison-Blanche. Tant pis, alors, si ses héroïnes y connaissent un destin par trop hollywoodien, tout à la fois couru d’avance et destiné à faire sortir les mouchoirs. La seule émotion vraiment au rendez-vous, finalement, dans Civil War, c’est la peur. À ce titre, la vision d’un « patriote » en tenue camouflage et lunettes de plastique rouge (Jesse Plemons) occupé à remplir une fosse commune reste la plus glaçante. Que répondre à un type dont on ignore à quel camp il appartient ? « Nous sommes des journalistes américains. » « Mais quel genre d’Américains ? » Garland, là, met dans le mille et tout s’éclaire : il signe un film d’horreur, dont on espère qu’il restera dystopique. Regardez en vidéo l’avis de nos critiques

Année : 2024

Avec : Cailee Spaeny, Evan Lai, Jefferson White, Jin Ha, Karl Glusman, Kirsten Dunst, Nelson Lee, Nick Offerman, Sonoya Mizuno, Stephen Henderson, T Jonica, Wagner Moura