Télévision : 5 novembre à 17:32-19:13 sur Canal +
film : comédie dramatique
Maire d'un village de montagne situé au pied du Mont-Blanc, Paul Barral lutte pied à pied contre la désertification rurale et ses conséquences sur les commerces et sur l'école de sa commune. Alors qu'il cherche comment attirer de nouvelles familles, il se voit proposer d'accueillir des mères isolées en situation de précarité. Dans un premier temps, l'arrivée de ces familles monoparentales, parmi lesquelles celle de Joe-Lynn, une chanteuse de country au franc-parler, provoque l'hostilité des habitants. Pourtant, monsieur Le Maire a peut-être trouvé là une solution pour ramener de la vie dans son territoire... - Critique : Certains films, ni bons, ni vraiment mauvais, et surtout pavés de louables intentions du sol au plafond, se posent en véritables casse-tête pour le critique qui a du cœur (si, si !) mais pas au point d’en oublier son métier. À cet égard, Monsieur le maire, en salles depuis le 1ᵉʳ novembre, est exemplaire : si, en termes de mise en scène, on peine à lui trouver des qualités, son sujet, bien amené, rappelle que l’humanité, elle, peut en avoir. On regrettera d’ailleurs ce titre au masculin singulier, quand cette histoire, inspirée de faits réels – c’est souvent le cas avec les films édifiants –, se veut, justement, une ode au courage collectif. Maire d’un petit village de montagne – avec vues sur le mont Blanc toutes les dix minutes –, Paul se bat pour y préserver un tissu social et scolaire. Seule solution pour que l’école reste ouverte, même si cela ne l’emballe guère : louer un bâtiment municipal fraîchement retapé à Joe-Lynn, une mère célibataire de deux enfants, noire, chanteuse de country, et mise à la porte de son foyer pour femmes battues. Le maire est rétif et ronchon dans sa parka, Joe-Lynn porte un stetson et a le verbe haut, et c’est parti pour une comédie du remaillage où se tricotent, en laine mi-râpeuse mi-douce, le combat contre la désertification rurale (à la manière des Petites Victoires de Mélanie Auffret), le rejet de la différence, les surprises de l’intégration réussie, la bonne volonté citoyenne et l’huile de coude, le tout dans une vague ambiance de western montagnard. Le supplément d’âme du casting Chaque moment de tension sociale ou affective est construit pour déboucher, sans surprise, sur une tendre solution, mais les réalisateurs évitent tout dérapage dans le rustique dépassé ou le mélo, par leur traitement fin d’un sujet aussi grave que les violences conjugales, et lors de quelques saynètes pertinentes, comme ce moment où une jeune fille enceinte perd les eaux devant un mur où un graffiti l’insulte… Ce genre de film généreux repose sur la capacité du casting à donner un supplément d’âme à des situations attendues. C’est le cas, ici. Entourés de seconds rôles que l’on a plaisir à retrouver (Laurence Côte et Sophie Guillemin, crédibles et modernes respectivement en secrétaire de mairie et bistrotière), Clovis Cornillac et Eye Haïdara se renvoient la balle avec cette aisance qui manque à la mise en scène. Creusant son sillon populaire et sensible, le comédien construit avec facilité ce personnage d’élu de la République qui s’ouvre, petit à petit, à la douleur d’autrui, comprenant que son village peut devenir le centre du monde en devenant centre d’accueil. Il faut dire qu’il ne peut pas résister au charisme d’Eye Haïdara, épatante cow-girl, infortunée mais si combative, et on ne peut pas lui donner tort. Allez, il n’est pas si mal, ce film…
Année : 2023
Avec : Cassie Makoumbo Fowe, Clovis Cornillac, Eye Haïdara, Géraldine Sales, Hubert Delattre, Jean-Pierre Martins, Laurence Côte, Mehdi Senoussi, Nelson Petronaci, Olivia Côte, Shirel Nataf, Sophie Guillemin