Télévision : 18 septembre à 22:25-00:20 sur Arte

film : comédie dramatique

Alcoolique dès l'âge de 13 ans, John Callahan est victime d'un terrible accident de voiture qui le laisse paralysé à 21 ans. Bien que le drame ait été provoqué par un excès de boisson, le jeune homme n'a aucune intention de soigner son addiction. Néanmoins, encouragé par Annu, sa femme, et Donnie, un parrain charismatique, il finit par accepter d'aller aux Alcooliques anonymes. C'est là bas qu'il se découvre un certain talent pour le dessin de presse qui va lui faire connaitre le succès et lui donner une nouvelle raison de vivre. Son travail fait parler en raison de ses choix de sujets, souvent sensibles, ce qui lui vaut d'être boycotté dans sa ville natale de Portland… - Critique : Peu de spectateurs ont vu, et c’est mieux ainsi, le précédent film de Gus Van Sant, Nos souvenirs (2016), une catastrophe imprévisible pour un cinéaste d’un tel niveau (Palme d’or à Cannes avec Elephant). Il semble aujourd’hui en convalescence artistique. Voilà pourquoi, peut-être, il a exhumé et réalisé ce projet datant des années 1990 : une histoire de résilience, de renaissance. Une histoire vraie. Le héros, John Callahan (mort en 2010), alcoolique à 20 ans, puis gravement accidenté, a passé la plus grande partie de sa vie en fauteuil roulant, dans la ville de Portland, Oregon, qui est aussi celle du réalisateur. En fréquentant un groupe de parole d’anciens alcooliques, Callahan s’est recomposé, a découvert en lui une créativité qui l’a sauvé. Il est devenu un dessinateur satirique reconnu, prolifique, caractérisé par l’absence de tabous et le sens de la provocation. Rien de tel, pourtant, dans le style du film, doux, légèrement anesthésié, un peu trop proche de la neutralité bienveillante chère aux psychanalystes. Y compris lorsqu’il s’agit des pires moments de déraison et de désespoir. Même si le cinéaste alterne des époques distinctes de la vie de son personnage, le chemin de la reconstruction est fléché d’emblée, et les longues séances de thérapie de groupe se révèlent souvent atones. Rien dans la mise en scène ne rappelle les sommets formels d’Elephant et de Paranoïd Park, ni la cruauté et l’ironie de Prête à tout. Ce film-ci se rapprocherait plutôt de Will Hunting (1997), avec Robin Williams, à qui le rôle de Callahan fut longtemps destiné. Joaquin Phoenix s’en est d’ailleurs fait la tête et, relativement sobre (dans son jeu), il se sort avec les honneurs d’un rôle chargé. Mais la révélation du film est Jonah Hill, vedette de SuperGrave, de Greg Mottola, et second rôle dans Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese. Lui qui a, jusqu’ici, été filmé comme un corps grotesque ou vaguement repoussant acquiert une délicatesse et un magnétisme sidérants en gourou fortuné (et malade) du groupe de parole fréquenté par le héros. Par lui seul revient, de loin en loin, cette magie du regard que Gus Van Sant portait, naguère, sur tous ses acteurs.

Année : 2018

Avec : Beth Ditto, Brownstein Carrie, Emilio Rivera, Jack Black, Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Kim Gordon, Mark Webber, Ronnie Adrian, Rooney Mara, Tony Greenhand, Udo Kier