Télévision : 5 décembre 2022 à 22:35-00:45 sur Arte

film : thriller politique

Manuel López-Vidal, vice-secrétaire régional d'un parti politique, est sur le point de satisfaire son immense ambition en obtenant enfin un mandat au niveau national. Or, les médias ont enquêté et disposent de preuves de ses manigances passées et présentes, et de celles de ses camarades de parti. Accusé de corruption, Manuel est convoqué par la présidente du parti, en accord avec la transparence totale voulue par un nouveau membre, et se retrouve soumis à un interrogatoire serré. Très vite, Manuel se rend compte qu'il va être le seul à payer pour les exactions commises, car ses camarades impliqués ont décidé de l'accabler pour tenter de sauver leur peau... - Critique : « Du calme, du calme ! » L’exhortation revient comme un leitmotiv au cœur des empoignades. Plusieurs leaders d’un grand parti politique d’Espagne sont soupçonnés de corruption. Parmi eux, Manuel López Vidal (Antonio de la Torre), un cadre influent, bien coiffé, costume cintré. C’est le dauphin possible d’un président de Région. La caméra le colle de près. Tout est filmé, vécu, du point de vue de cet homme véreux. Montrer le mal de l’intérieur, voilà l’audace d’El reino (le règne), thriller original, où la corruption s’est insinuée un peu partout et ronge de larges pans de la société. Le film raconte un engrenage d’autant plus captivant que López Vidal ne cesse de batailler. Fin tacticien doublé d’un bluffeur-né, il raisonne et agit vite, c’est son talent d’homme politique. C’est aussi sa drogue, et le film est au diapason de cette rapidité d’exécution phénoménale. De réunions avec les cadors du parti aux divers conciliabules, les situations s’enchaînent, les dialogues fusent. Tout paraît juste, rigoureux, alors même que règne l’implicite, que des enjeux nous échappent, qu’on ne sait plus qui est loyal, qui est traître. El reino laisse ainsi des zones d’ombre, cultive savamment l’ellipse et ne dit rien de la couleur du parti en question. Ce ne sont pas les doctrines ou les programmes qui sont décrits, mais les rouages d’une politique ­vidée de son sens.

Année : 2018

De : Rodrigo Sorogoyen

Avec : Ana Wagener, Bárbara Lennie, David Lorente, Francisco Reyes, Josep Maria, Luis Zahera, María de, Mónica López, Nacho Fresneda, Paco Revilla, Sonia Almarcha, de Antonio