Télévision : 2 avril 2022 à 01:41-03:15 sur France 3
film : drame
Lors d'une de ses errances nocturnes, près d'un canal, Mario rencontre Natalia, une jeune fille qui semble en proie à un désespoir terrible. Il engage la conversation et lui fixe un rendez-vous pour le lendemain. Le lendemain, Natalia est là, mais en réalité elle attend l'homme qu'elle aime, censé la rejoindre à cet endroit. Son attente est cependant vaine, et patiemment Mario, épris de la jeune fille, tente de nouer une relation avec elle. Il y parvient presque, mais un jour l'homme tant attendu fait son apparition et, sans hésitation, Natalia délaisse son compagnon des nuits blanches pour partir avec l'homme de son coeur... - Critique : Avec Senso (1954), mélodrame en costumes et couleurs flamboyantes, Luchino Visconti s’était pour la première fois démarqué du néoréalisme de ses débuts. Dans Nuits blanches, pourtant tourné en noir et blanc, l’Italien rompt définitivement avec le courant esthétique qui révolutionna le cinéma de l’après-Seconde Guerre mondiale. Comme un symbole, Clara Calamai, l’héroïne de son premier film, Ossessione, (dés)incarne ici une prostituée fatiguée dont le héros solitaire rejette les avances… Le contexte social est désormais inexistant, au profit de la seule romance impossible entre un employé timide (Marcello Mastroianni) et une jeune femme romantique (Maria Schell) qui attend le retour de son bien-aimé (Jean Marais, idéalisé comme dans les films de Cocteau). Visconti a reconstitué les canaux du vieux Livourne dans les studios de Cinecittà et a incité son directeur de la photo, Giuseppe Rotunno, à entretenir, par des variations subtiles d’ombres et de lumière, une incertitude permanente entre le réalisme et l’onirisme. Pour recréer le brouillard, les deux hommes ont ainsi utilisé des kilomètres de tulle, comme sur une scène de théâtre. De ces moments suspendus entre réalité et artifice, banalité du quotidien et magie des rêves, naît une émotion qui va crescendo jusqu’à la déchirante scène finale, sous une neige d’illusions perdues. Même la pénible Maria Schell se révèle, pour une fois, touchante…
Année : 1957
De : Luchino Visconti
Avec : Angelo Galassi, Clara Calamai, Corrado Pani, Dirk Sanders, Elena Fancera, Jean Marais, Lanfranco Ceccarelli, Marcella Rovena, Marcello Mastroianni, Maria Schell, Maria Zanoli, Renato Terra