Télévision : 31 août 2022 à 23:40-01:30 sur Arte
film : drame
Daniel, un jeune délinquant qui découvre la foi en prison, trouve une échappatoire en devenant prêtre. Il voudrait étudier au séminaire mais son passé agité l'en empêche. Alors qu'il doit travailler dans une usine de menuiserie, Daniel s'échappe dans un village voisin en se faisant passer pour un prêtre. Son arrivée a un impact étonnamment positif sur la communauté locale, plutôt conservatrice. Le jeune homme se met à enquêter sur la mort suspecte de plusieurs jeunes, apparemment tués par un chauffard ivre... - Critique : Dans ce centre de détention pour jeunes délinquants, la violence et les vengeances s’exercent entre les prisonniers dès que les gardiens ont le dos tourné. Seuls moments de paix relative, les messes du père Thomas, l’aumônier de l’établissement, que Daniel, 20 ans, sert docilement, comme touché par la grâce. Mais, à cause du crime qu’il a commis, Daniel ne peut pas accéder au séminaire. « Tu peux faire tellement de bien d’une manière différente », l’encourage le père Thomas, quand il l’envoie se réinsérer par le travail dans une scierie de la campagne polonaise. Sur sa route, dans le village voisin, Daniel ne résiste pas à la question d’une jeune fille, intriguée par son identité : « Je suis prêtre. » Et de sortir de son maigre bagage la chemise avec un col romain, subtilisée à son bienfaiteur avant son départ. Voilà Daniel qui remplace le vieux curé malade de la paroisse, et se révèle un précieux prédicateur pour cette petite communauté rongée par une récente tragédie… En s’inspirant d’un phénomène réel — les histoires de prêtres imposteurs sont très fréquentes en Pologne —, Jan Komasa, 37 ans, et son scénariste, Mateusz Pacewicz, 27 ans, inventent le thriller pastoral ! Porté par un suspens immanent — Daniel sera-t-il démasqué ? — et une mise en scène naturaliste mais tendue, où le cinéaste dispose superbement le jeune charismatique au milieu de ses ouailles, le film passionne sur le mystère du sacerdoce. Néophyte en matière de liturgie, l’ancien pécheur devenu prêcheur se voit contraint d’improviser de nouvelles messes, bousculant les paroissiens hypocrites par sa sincérité, à la manière d’un Théorème à l’envers. Dans le rôle, Bartosz Bielenia, d’une beauté androgyne mi-James Dean mi- Jean Seberg, livre une performance magnétique et ambivalente, entre narcissisme de rock star découvrant son emprise et foi vibrante, chevillée au corps. Surtout, ce « dépoussiérage » de l’Église s’enrichit d’une superbe intrigue, quasi policière, qui rappelle De beaux lendemains, d’Atom Egoyan, adapté de Russell Banks : Daniel mène, ainsi, l’enquête sur cet accident de la route qui a causé la mort de huit personnes et enfermé le village dans la haine et le ressentiment, le vieux curé ayant refusé que le conducteur d’une des voitures soit enterré comme les autres. Le propos du cinéaste est lumineux : la religion se meurt, et sclérose les croyants, par refus d’accepter la réalité… Pour que le pardon puisse naître, que la communauté connaisse la guérison, le chagrin, d’abord, doit s’exprimer : difficile d’oublier la scène où Daniel encourage les parents à hurler leur colère, à la manière d’une thérapie comportementale, devant le petit mur des photos de leurs enfants défunts… Cette communion entre de vrais faux chrétiens et un faux vrai prêtre donne foi dans l’avenir du cinéma polonais.
Année : 2019
De : Jan Komasa
Avec : Aleksandra Konieczna, Anna Biernacik, Barbara Kurzaj, Bartosz Bielenia, Bogdan Brzyski, Eliza Rycembel, Joanna Tesla, Leszek Lichota, Lidia Bogacz, Lukasz Simlat, Malwina Brych, Tomasz Zietek, Zdzislaw Wardejn
DVD/Blu-ray : 1er décembre 2020
Editeur : Bodega Films
Année : 2019
De : Jan Komasa
Avec : Bartosz Bielenia, Aleksandra Konieczna, Eliza Rycembel, Tomasz Zietek, Barbara Kurzaj, Leszek Lichota, Zdzislaw Wardejn, Lukasz Simlat