Télévision : 9 février à 23:25-02:25 sur TF1
film d'action
A Gotham City, les criminels se font discrets depuis que Bruce Wayne, alias Batman, a endossé le rôle de justicier masqué. Sans pitié, il parvient à insuffler un sentiment de crainte chez ces derniers en sachant les débusquer dans les moindres recoins de la ville : aucune affaire n'échappe à Batman depuis déjà deux ans. Pourtant, une série de meurtres sanglants vient une nouvelle fois faire vaciller ce court moment de quiétude. Après une rapide enquête, Bruce découvre qui tire les ficelles. Pour atteindre sa cible, il se résout à forger des alliances avec certains membres de la pègre locale et en fait des alliés indéfectibles... - Critique : Batman, encore ? La sale bête qui peut faire de belles choses semble increvable. Pour ceux qui auraient suivi, c’est au moins le dixième opus au cinéma. Avec du changement : fini le tandem Zack Snyder et Ben Affleck, peu concluant, place à un nouveau ticket, nettement plus gagnant, Matt Reeves et Robert Pattinson. Qui mieux que ce dernier pouvait coller à l’univers gothique du superhéros ? Ce rôle paraît fait pour lui. Trop peut-être. La pâleur tourmentée de Bruce Wayne (alias Batman) et la mélancolie teintée de romantisme s’approchent parfois de la caricature. N’empêche : Pattinson apporte au personnage une noirceur intime inédite. Voilà maintenant deux ans que la criminalité s’est enracinée à Gotham City. Celle de la rue mais aussi de l’élite, largement corrompue. Alors que le maire se prépare à sa réélection, il est assassiné. Ce n’est que le premier meurtre sadique d’une série qui s’annonce longue, perpétrée par un illuminé surnommé « Le Sphinx », laissant après chaque méfait un message crypté, destiné à Batman. Lequel devient ici une sorte de détective, aidé dans son enquête par deux personnes de confiance : son factotum, sorte de père de substitution, et un flic, modèle d’intégrité. À eux deux s’ajoute une possible alliée : une jeune barmaid libre et sauvage qui se transforme, si besoin, en Catwoman (Zoë Kravitz). La tentation du nihilisme Moins d’actions tonitruantes et davantage de péripéties, façon polar réaliste, poisseux, nocturne : c’est le cap de cette version, avec retour à une forme de narration assez simple, qui met la pédale douce sur le spectaculaire comme sur la sophistication chère à Christopher Nolan. La chauve-souris ne vole quasiment pas, les panoplies apparaissent comme dérisoires. Que cachent-elles ? Les vrais visages sont eux-mêmes des masques – la gueule balafrée du Pingouin (Colin Farrell, à la fois méconnaissable et faisant croire à un croisement de Danny DeVito et De Niro !) ou la mine exsangue de Bruce dans son manoir, yeux cerclés de noir, cheveux hirsutes, Pattinson rappelant un autre Robert fameux, Smith, le chanteur de Cure. Aurait-t-il, lui aussi, succombé au « collyre » (sic), la drogue qui ravage toutes les sphères de Gotham City ? Brisé, il est, en tout cas. Hanté par son passé d’orphelin, qui peut le pousser à cogner de manière incontrôlable. La découverte d’une paternité pas si glorieuse et de violences faites aux femmes est au programme… De l’intime, le film rebondit vers le politique, en montrant la tentation du nihilisme, alimentée par un sentiment viscéral d’injustice et une soif enragée de vengeance. La communauté radicalisée qui se forme grâce aux réseaux sociaux autour du « Sphinx » (Paul Dano, formidable) n’est pas sans rappeler Joker. Le film ne cède pas, néanmoins, au ressentiment, malgré un final ayant le goût de fin du monde, avec son déluge dantesque. Matt Reeves préfère l’image responsable et somme toute courageuse d’une arche dont Batman serait le Noé.
Année : 2022
Avec : Barry Keoghan, Colin Farrell, Jayme Lawson, Jeffrey Wright, John Turturro, Paul Dano, Peter Sarsgaard, Robert Pattinson, Rupert Penry-Jones, Zoë Kravitz