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Il buco

Télévision : 24 novembre à 00:55-02:25 sur Arte

film : drame

Années 1960. L'Italie souhaite dévoiler au monde sa prospérité en construisant la plus haute tour du pays. Pendant ce temps, de jeunes spéléologues décident quant à eux d'explorer la grotte la plus profonde de la Botte. A plusieurs centaines de mètres sous le sol, ils passent inaperçus pour les habitants des alentours, sauf pour l'ermite de la région. Grâce à cet intrigant personnage, ils vont parcourir un monde peu connu : celui des profondeurs, où se mêlent nature et mystère.. - Critique : Le coin est magnifique, encore sauvage, inhabité. Dans l’arrière-pays calabrais existe un abîme à peine repérable. Une petite ouverture donnant sur des grands fonds, ceux du gouffre de Bifurto, la deuxième grotte la plus profonde du monde. Elle fut découverte en 1961 par un groupe de spéléologues piémontais. Soixante ans plus tard, Michelangelo Frammartino revient sur cette étrange exploration en la reconstituant. Transformant le spectateur en découvreur. Transi, ébahi. Mètre après mètre, nous voilà en train de descendre. Dans un monde de ténèbres. La progression est lente, plusieurs fois on croit être au bout, mais non. Le trou semble sans fond. Le parcours est tortueux, comprend des coudes et des paliers, des bassins, des cavités hautes de plafond, des goulots. C’est une plongée saisissante vers l’inconnu. Plus oppressante et galvanisante que bon nombre de jeux vidéo ou de films de terreur. L’idée forte d’Il buco est de mettre en parallèle cette exploration avec le destin d’un vieux gardien de vaches. Cette sorte de totem archaïque observe de loin les spéléologues qui ont installé leur camp à l’entrée du gouffre. Il surveille son troupeau, il communique avec lui en donnant de la voix. Cet homme rejoint un moment d’autres ermites du coin, passe la nuit dans un refuge, mais le lendemain se sent mal. Commence pour lui aussi une descente, au sens figuré cette fois : une lente approche de la mort. L’avancée vers l’inconnu, le cœur de l’homme et celui de la terre. Voilà tout le travail riche d’échos et de métaphores de Michelangelo Frammartino. Ce réalisateur qui semble autant poète qu’ethnologue et cartographe a trouvé un angle original pour sonder et célébrer la Calabre qui lui est chère. En embrassant, de manière fluide et palpitante, jamais fastidieuse, à la fois son passé et son présent, son âme et son tréfonds.

Année : 2021

Avec : Angelo Spadaro, Antonio Lanza, Carlos José Crespo, Claudia Candusso, Denise Trombin, Enrico Troisi, Federico Gregoretti, Giovanbattista Sauro, Jacopo Elia, Leonardo Larocca, Mila Costi, Nicola Lanza