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Lundi dernier
 

Les nuits de Mashhad

Télévision : 18 novembre à 22:55-00:45 sur Arte

film : thriller

En 2001, Rahimi, journaliste réputée de Téhéran, décide de se rendre dans la ville sainte de Mashhad pour mener sa propre enquête sur une mystérieuse série de meurtres. En effet, depuis quelques mois, des femmes soupçonnées de s'adonner à la prostitution sont retrouvées sauvagement assassinées. Dès son arrivée sur place, Rahimi saisit qu'elle va devoir affronter de nombreux obstacles pour parvenir à découvrir qui se cache derrière ces crimes odieux. La justice, la police et même les habitants semblent peu enclins à démasquer l'auteur des faits, estimant pour la plupart que les victimes méritaient amplement le sort qu'elles ont subi... - Critique : :u4: POUR L’histoire, aussi incroyable que véridique, semble écrite en lettres de feu… En Iran, dans la ville sainte de Mashhad, lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites, un tueur en série a sévi à partir du mois d’août 2000, pendant toute une année. Il s’appelait Saeed Hanaei et assassinait des prostituées. De cette affaire criminelle qui expose crûment la noirceur cachée de la société iranienne, Ali Abbasi a osé s’emparer avec réalisme. Né à Téhéran en 1981, ce réalisateur formé en Scandinavie (où il avait tourné Border) a été contraint de reconstituer les faits en Jordanie. Mais les images auxquelles il nous confronte n’en sont pas moins d’une véracité sidérante. Les visages maquillés des femmes, leurs corps, la maison du meurtrier, ouvrier et père de famille, sa cruauté : plus rien n’est caché. Mené comme un thriller, Les Nuits de Mashhad est un choc éclairant. Un monde nous est ouvert où la misère des prostituées se réfugie dans l’ombre, où la misogynie s’étale, où la violence est un droit qui s’exerce sur les femmes, à peine considérées comme des êtres humains quand elles se vendent. Mis en scène avec une parfaite maîtrise, le film s’affirme comme un geste de dévoilement très réfléchi. Car, tout en nous montrant la vérité, le réalisateur nous dit, avec pessimisme et lucidité, qu’elle n’éclatera jamais. Le personnage de Rahimi, la journaliste jouée par l’étonnante Zar Amir Ebrahimi, Prix d’interprétation à Cannes, trouve là toute son importance. En suivant l’enquête des policiers, elle y voit une mascarade. Une chasse à l’homme qui ne veut mener nulle part. Le serial killer peut laver Mashhad de ses pécheresses sans être dérangé : ses crimes sont une bénédiction pour la ville... Même quand la justice sera rendue, ce sera seulement dans l’intérêt du pouvoir. Des victimes, personne ne veut rien savoir. Sauf Rahimi. Fragile et solitaire, elle garde les yeux ouverts. Un beau symbole pour ce film aussi prenant que politique, courageusement engagé. – Frédéric Strauss :u2: CONTRE Certes, le constat terrible d’Ali Abbasi sur la société iranienne en général, et la condition des femmes en particulier, ne manque pas d’intérêt. Le problème est que le cinéaste ne recule devant aucun effet choc pour appuyer son propos. Tourner en gros plan l’agonie d’une femme qu’on étrangle pour mieux faire ressentir les souffrances qui lui sont infligées, pourquoi pas. Mais quand le procédé se répète pour une deuxième, puis une troisième victimes, le réalisateur fait preuve d’une complaisance malsaine pour le spectacle de la violence. Dès la première séquence, où une femme apparaît seins nus face à un miroir, on devine la volonté d’Ali Abbasi de montrer l’Iran tel qu’on ne l’a jamais vu à l’écran. Sauf que l’Iran des bas-fonds, du crime et de la misère, on l’a découvert au cinéma l’an dernier dans un film formidable, réalisé, lui, sur place, La Loi de Téhéran, sans que son auteur, Saeed Roustaee, n’ait eu besoin de rajouter du glauque au sordide. – Samuel Douhaire

Année : 2022

Avec : Arash Ashtiani, Ariane Naziri, Fazilat Sara, Firouz Agheli, Forouzan Jamshidnejad, Mehdi Bajestani, Mesbah Taleb, Nima Akbarpour, Rahimi Alice, Seyed Sima, Sina Parvaneh, Zahra Amir

Lundi dernier
 

Les nuits de Mashhad

Télévision : 18 novembre à 22:50-00:45 sur Arte

film : thriller

En 2001, Rahimi, journaliste réputée de Téhéran, décide de se rendre dans la ville sainte de Mashhad pour mener sa propre enquête sur une mystérieuse série de meurtres. En effet, depuis quelques mois, des femmes soupçonnées de s'adonner à la prostitution sont retrouvées sauvagement assassinées. Dès son arrivée sur place, Rahimi saisit qu'elle va devoir affronter de nombreux obstacles pour parvenir à découvrir qui se cache derrière ces crimes odieux. La justice, la police et même les habitants semblent peu enclins à démasquer l'auteur des faits, estimant pour la plupart que les victimes méritaient amplement le sort qu'elles ont subi... - Critique : :u4: POUR L’histoire, aussi incroyable que véridique, semble écrite en lettres de feu… En Iran, dans la ville sainte de Mashhad, lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites, un tueur en série a sévi à partir du mois d’août 2000, pendant toute une année. Il s’appelait Saeed Hanaei et assassinait des prostituées. De cette affaire criminelle qui expose crûment la noirceur cachée de la société iranienne, Ali Abbasi a osé s’emparer avec réalisme. Né à Téhéran en 1981, ce réalisateur formé en Scandinavie (où il avait tourné Border) a été contraint de reconstituer les faits en Jordanie. Mais les images auxquelles il nous confronte n’en sont pas moins d’une véracité sidérante. Les visages maquillés des femmes, leurs corps, la maison du meurtrier, ouvrier et père de famille, sa cruauté : plus rien n’est caché. Mené comme un thriller, Les Nuits de Mashhad est un choc éclairant. Un monde nous est ouvert où la misère des prostituées se réfugie dans l’ombre, où la misogynie s’étale, où la violence est un droit qui s’exerce sur les femmes, à peine considérées comme des êtres humains quand elles se vendent. Mis en scène avec une parfaite maîtrise, le film s’affirme comme un geste de dévoilement très réfléchi. Car, tout en nous montrant la vérité, le réalisateur nous dit, avec pessimisme et lucidité, qu’elle n’éclatera jamais. Le personnage de Rahimi, la journaliste jouée par l’étonnante Zar Amir Ebrahimi, Prix d’interprétation à Cannes, trouve là toute son importance. En suivant l’enquête des policiers, elle y voit une mascarade. Une chasse à l’homme qui ne veut mener nulle part. Le serial killer peut laver Mashhad de ses pécheresses sans être dérangé : ses crimes sont une bénédiction pour la ville... Même quand la justice sera rendue, ce sera seulement dans l’intérêt du pouvoir. Des victimes, personne ne veut rien savoir. Sauf Rahimi. Fragile et solitaire, elle garde les yeux ouverts. Un beau symbole pour ce film aussi prenant que politique, courageusement engagé. – Frédéric Strauss :u2: CONTRE Certes, le constat terrible d’Ali Abbasi sur la société iranienne en général, et la condition des femmes en particulier, ne manque pas d’intérêt. Le problème est que le cinéaste ne recule devant aucun effet choc pour appuyer son propos. Tourner en gros plan l’agonie d’une femme qu’on étrangle pour mieux faire ressentir les souffrances qui lui sont infligées, pourquoi pas. Mais quand le procédé se répète pour une deuxième, puis une troisième victimes, le réalisateur fait preuve d’une complaisance malsaine pour le spectacle de la violence. Dès la première séquence, où une femme apparaît seins nus face à un miroir, on devine la volonté d’Ali Abbasi de montrer l’Iran tel qu’on ne l’a jamais vu à l’écran. Sauf que l’Iran des bas-fonds, du crime et de la misère, on l’a découvert au cinéma l’an dernier dans un film formidable, réalisé, lui, sur place, La Loi de Téhéran, sans que son auteur, Saeed Roustaee, n’ait eu besoin de rajouter du glauque au sordide. – Samuel Douhaire

Année : 2022

Avec : Arash Ashtiani, Fazilat Sara, Firouz Agheli, Forouzan Jamshidnejad, Mehdi Bajestani, Mesbah Taleb, Nima Akbarpour, Rahimi Alice, Seyed Sima, Sina Parvaneh, Soraya Helli, Zahra Amir