Télévision : 30 mai 2024 à 01:15-03:00 sur Canal +
film documentaire
Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :
Année : 2023
Avec : Eya Chikhaoui, Hend Sabri, Ichrak Matar, Majd Mastoura, Nour Karoui, Olfa Hamrouni, Tayssir Chikhaoui
Télévision : 30 mai 2024 à 01:10-02:54 sur Canal +
film documentaire
Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :
Année : 2023
Avec : Eya Chikhaoui, Hend Sabri, Ichrak Matar, Majd Mastoura, Nour Karoui, Olfa Hamrouni, Tayssir Chikhaoui
Télévision : 31 mars 2024 à 00:46-03:08 sur Canal +
film documentaire
Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :
Année : 2023
Avec : Eya Chikhaoui, Hend Sabri, Ichrak Matar, Majd Mastoura, Naga Kal, Nour Karoui, Olfa Hamrouni, Tayssir Chikhaoui
Télévision : 30 décembre 2023 à 02:35-04:15 sur Arte
film : drame
Sam Ali est un jeune Syrien réfugié au Liban. Il rêve de gagner l'Europe, où s'est rendue Abeer, sa bien-aimée qui a été contrainte par sa famille d'épouser un riche diplomate. Pour obtenir un visa Schengen, Sam accepte l'offre d'un artiste controversé, qui propose de lui tatouer le dos. Son corps devenu une oeuvre d'art, Sam est exposé partout en Europe. Le jeune homme réalise peu à peu que le prix qu'il a payé pour rejoindre un continent en paix est élevé... - Critique : Dans ce long métrage tourné en 2020, inédit dans les salles françaises, Kaouther Ben Hania tord le réel pour raconter une histoire plus ample. À la manière des Filles d’Olfa (2023), mais sans l’assise documentaire, plutôt façon « inspiré d’une histoire vraie ». En 2012, un Suisse vend son dos au plasticien flamand Wim Delvoye. Ce dernier le tatoue et pourra exposer le jeune homme trois fois par an. Performance de haut vol ou spéculation artistique ordinaire ? La cinéaste tunisienne embrasse plutôt le récit romanesque. Sam Ali, « l’œuvre d’art » du film, est syrien ; un artiste marque sa peau d’un visa Schengen et l’invite en Europe. Sam assume de faire l’objet d’une transaction, y voyant l’occasion de se rapprocher d’Abeer, son amour déçu — elle a épousé un diplomate par convenance familiale. L’intrigue se déroule autour des anciens amants, émaillée de questionnements moraux. Kaouther Ben Hania interroge ce que l’acte de se transformer en pièce de musée, assis, seul, des heures durant, fait à l’âme. Sa mise en scène, presque cynique, place Sam au centre des perspectives de chaque lieu d’exposition, épousant l’emphase rêvée par le plasticien démago (qui, sous les traits du comédien Koen De Bouw, incarne brillamment ce que l’on imagine de Jeff Koons ou Damien Hirst grimés en Hannibal Lecter). Dans ce geste soigné, on ne regrette qu’un dernier acte un brin frénétique, alignant plusieurs éléments que l’on devine passionnants mais à peine développés. Comme s’il n’y avait pas d’autre choix que de conclure d’urgence, pour libérer Sam.
Année : 2020
Avec : Chadat Husam, Christian Vadim, Darina Al Joundi, Dea Liane, Jan Dahdoh, Koen De, Monica Bellucci, Saad Lostan, Wim Delvoye, Yahya Mahayni, Zouheir Najoua, de Marc
Télévision : 13 décembre 2023 à 23:40-01:25 sur Arte
film : drame
Sam Ali est un jeune Syrien réfugié au Liban. Il rêve de gagner l'Europe, où s'est rendue Abeer, sa bien-aimée qui a été contrainte par sa famille d'épouser un riche diplomate. Pour obtenir un visa Schengen, Sam accepte l'offre d'un artiste controversé, qui propose de lui tatouer le dos. Son corps devenu une oeuvre d'art, Sam est exposé partout en Europe. Le jeune homme réalise peu à peu que le prix qu'il a payé pour rejoindre un continent en paix est élevé... - Critique : Dans ce long métrage tourné en 2020, inédit dans les salles françaises, Kaouther Ben Hania tord le réel pour raconter une histoire plus ample. À la manière des Filles d’Olfa (2023), mais sans l’assise documentaire, plutôt façon « inspiré d’une histoire vraie ». En 2012, un Suisse vend son dos au plasticien flamand Wim Delvoye. Ce dernier le tatoue et pourra exposer le jeune homme trois fois par an. Performance de haut vol ou spéculation artistique ordinaire ? La cinéaste tunisienne embrasse plutôt le récit romanesque. Sam Ali, « l’œuvre d’art » du film, est syrien ; un artiste marque sa peau d’un visa Schengen et l’invite en Europe. Sam assume de faire l’objet d’une transaction, y voyant l’occasion de se rapprocher d’Abeer, son amour déçu — elle a épousé un diplomate par convenance familiale. L’intrigue se déroule autour des anciens amants, émaillée de questionnements moraux. Kaouther Ben Hania interroge ce que l’acte de se transformer en pièce de musée, assis, seul, des heures durant, fait à l’âme. Sa mise en scène, presque cynique, place Sam au centre des perspectives de chaque lieu d’exposition, épousant l’emphase rêvée par le plasticien démago (qui, sous les traits du comédien Koen De Bouw, incarne brillamment ce que l’on imagine de Jeff Koons ou Damien Hirst grimés en Hannibal Lecter). Dans ce geste soigné, on ne regrette qu’un dernier acte un brin frénétique, alignant plusieurs éléments que l’on devine passionnants mais à peine développés. Comme s’il n’y avait pas d’autre choix que de conclure d’urgence, pour libérer Sam.
Année : 2020
Avec : Chadat Husam, Christian Vadim, Darina Al Joundi, Dea Liane, Jan Dahdoh, Koen De, Monica Bellucci, Saad Lostan, Wim Delvoye, Yahya Mahayni, Zouheir Najoua, de Marc
Télévision : 13 décembre 2023 à 23:40-01:20 sur Arte
film : drame
Sam Ali est un jeune Syrien réfugié au Liban. Il rêve de gagner l'Europe, où s'est rendue Abeer, sa bien-aimée qui a été contrainte par sa famille d'épouser un riche diplomate. Pour obtenir un visa Schengen, Sam accepte l'offre d'un artiste controversé, qui propose de lui tatouer le dos. Son corps devenu une oeuvre d'art, Sam est exposé partout en Europe. Le jeune homme réalise peu à peu que le prix qu'il a payé pour rejoindre un continent en paix est élevé... - Critique : Dans ce long métrage tourné en 2020, inédit dans les salles françaises, Kaouther Ben Hania tord le réel pour raconter une histoire plus ample. À la manière des Filles d’Olfa (2023), mais sans l’assise documentaire, plutôt façon « inspiré d’une histoire vraie ». En 2012, un Suisse vend son dos au plasticien flamand Wim Delvoye. Ce dernier le tatoue et pourra exposer le jeune homme trois fois par an. Performance de haut vol ou spéculation artistique ordinaire ? La cinéaste tunisienne embrasse plutôt le récit romanesque. Sam Ali, « l’œuvre d’art » du film, est syrien ; un artiste marque sa peau d’un visa Schengen et l’invite en Europe. Sam assume de faire l’objet d’une transaction, y voyant l’occasion de se rapprocher d’Abeer, son amour déçu — elle a épousé un diplomate par convenance familiale. L’intrigue se déroule autour des anciens amants, émaillée de questionnements moraux. Kaouther Ben Hania interroge ce que l’acte de se transformer en pièce de musée, assis, seul, des heures durant, fait à l’âme. Sa mise en scène, presque cynique, place Sam au centre des perspectives de chaque lieu d’exposition, épousant l’emphase rêvée par le plasticien démago (qui, sous les traits du comédien Koen De Bouw, incarne brillamment ce que l’on imagine de Jeff Koons ou Damien Hirst grimés en Hannibal Lecter). Dans ce geste soigné, on ne regrette qu’un dernier acte un brin frénétique, alignant plusieurs éléments que l’on devine passionnants mais à peine développés. Comme s’il n’y avait pas d’autre choix que de conclure d’urgence, pour libérer Sam.
Année : 2020
Avec : Chadat Husam, Christian Vadim, Darina Al Joundi, Dea Liane, Jan Dahdoh, Koen De, Monica Bellucci, Saad Lostan, Wim Delvoye, Yahya Mahayni, Zouheir Najoua, de Marc
DVD/Blu-ray : 7 novembre 2023
Editeur : Jour2Fête
Année : 2023
De : Kaouther Ben Hania
Avec : Hind Sabri, Eya Chikhaoui, Tayssir Chikhaoui, Olfa Hamrouni, Nour Karoui, Majd Mastoura, Ichrak Matar, Kal Naga
DVD/Blu-ray : 7 novembre 2023
Editeur : Jour2Fête
Année : 2023
De : Kaouther Ben Hania
Avec : Hind Sabri, Eya Chikhaoui, Tayssir Chikhaoui, Olfa Hamrouni, Nour Karoui, Majd Mastoura, Ichrak Matar, Kal Naga
Cinéma : 5 juillet 2023
Année : 2023
De : Kaouther Ben Hania
Avec : Hend Sabri, Olfa Hamrouni, Eya Chikahoui, Tayssir Chikhaoui
DVD/Blu-ray : 4 avril 2018
Année : 2017
De : Khaled Walid Barsaoui, Kaouther Ben Hania
Avec : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda, Mohamed Akkari, Chedly Arfaoui, Anissa Daoud, Mourad Gharsalli
Cinéma : 18 octobre 2017
Année : 2017
De : Kaouther Ben Hania
Avec : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda, Mohamed Akkari, Chedly Arfaoui, Anissa Daoud, Mourad Gharsalli