Julie Roué : passages TV
La fille de son père
Télévision : mercredi 15 janvier à 02:50-04:19 sur Canal +
film : comédie dramatique
Placé face à de lourdes responsabilités après avoir été quitté par sa compagne peu après la naissance de leur fille Rosa, Etienne a su faire face à cette situation complexe malgré son inexpérience. Désormais âgée de 17 ans, Rosa peut se targuer d'avoir pu profiter d'une enfance heureuse et de n'avoir jamais manqué de rien auprès de son père, un homme aimant, aux petits soins, et qui l'a toujours soutenue. Alors que se profilent des choix cruciaux quant à son avenir, entre les premières amours et ses études, l'adolescente s'inquiète des répercussions de ses décisions sur sa relation avec ce dernier... - Critique : Après l’enthousiasmant Perdrix, sa rafraîchissante carte du Tendre et ses tourtereaux pourchassant des hordes de révolutionnaires nudistes, le réalisateur Erwan Le Duc poursuit son exploration très personnelle des relations humaines. Cette fois, c’est la filiation qu’il passe à la moulinette de sa folie douce. Tout commence par une romance en accéléré, et pourtant filmée comme en apesanteur. Étienne (Nahuel Pérez Biscayart) a 20 ans. Il rencontre Valérie. Coup de foudre, retrouvailles lors d’une manifestation, échappée amoureuse en péniche, test de grossesse positif, naissance d’un bébé… Et puis, très vite, l’idylle se grippe, sans qu’on sache comment ni pourquoi. Valérie s’enfuit, laissant Étienne seul avec le nourrisson. Le papa solo l’a décidé : il sera toujours, pour Rosa, un rempart contre l’adversité et, surtout, le vide laissé par la mère. Devenu entraîneur de foot, il tisse pour son oisillon un nid confortable, sacrifiant au passage sa vie personnelle. Mais un jour, Rosa a 16 ans, est admise aux Beaux-Arts de Metz, à 300 kilomètres de son géniteur. Étienne pense être prêt à la laisser partir. Mais lui reviennent en boomerang la colère de l’abandon, le deuil inachevé d’une femme à laquelle il refuse de penser, alors qu’une autre tente de se faire une place dans sa vie. « Tu peux arrêter de me protéger, lui intime alors la sagace Rosa. Maintenant tu peux plonger dans ton drame ! » La façon dont Étienne se fissure, perd pied, est à l’image de ce deuxième long métrage : hautement fantaisiste et très émouvante. Comment s’affranchir de son enfant quand on a grandi avec lui ? Et pour Rosa, comment quitter la maison sans le sentiment d’abandonner son père ? Rien que de très banal, si ce n’est une patte décidément singulière et poétique. Erwan Le Duc combine les registres et les couleurs, la mélancolie et la légèreté, à la manière d’un peintre naïf qui maîtrise parfaitement les nuances de sa palette. Il bricole un univers féerique, d’une douceur pastel, où le duo s’affronte parfois cruellement — ici, la vérité sort de la bouche des ados —, tout en manifestant un vrai sens du burlesque. Un examen d’entraîneur s’achève ainsi en chanson sur Coucou hibou ; la visite de madame la maire (Noémie Lvovsky, plus déjantée que jamais) sur le terrain de foot vire à l’empoignade surréaliste… Et le film décolle joliment du réel, le temps d’un rêve éveillé au Portugal, sur les traces de l’ex-femme, entraperçue dans un reportage de Thalassa sur le surf… Le charme de cette odyssée familiale et sentimentale repose sur la finesse de l’écriture, tout autant que sur la grâce de ses interprètes. En papa poule au regard lunaire, à la silhouette adolescente, Nahuel Pérez Biscayat oppose sa candeur fragile à la maturité provocante de sa fille (Céleste Brunnquell). Les personnages secondaires ne sont pas en reste : la subtile Maud Wyler, dans le rôle d’une amoureuse patiente et piquante. Et — véritable découverte — Mohammed Louridi, l’hilarant prétendant de Rosa, qui parle comme un livre, écrit des poèmes épiques, pratique « l’amour courtois », et, invité chez sa dulcinée, préfère passer par la fenêtre « pour [l]’impressionner » plutôt qu’emprunter l’escalier. Étienne saura s’en souvenir, quand le temps sera venu de prendre à nouveau son élan…
Année : 2023
Avec : Alexandre Steiger, Camille Rutherford, Céleste Brunnquell, Julie Roué, Maud Wyler, Mercedes Dassy, Mohammed Louridi, Nahuel Pérez, Nicolas Chupin, Noémie Lvovsky, Philippe Quesne, Romain Creutzmeyer
La fille de son père
Télévision : 3 janvier à 03:36-05:05 sur Canal +
film : comédie dramatique
Placé face à de lourdes responsabilités après avoir été quitté par sa compagne peu après la naissance de leur fille Rosa, Etienne a su faire face à cette situation complexe malgré son inexpérience. Désormais âgée de 17 ans, Rosa peut se targuer d'avoir pu profiter d'une enfance heureuse et de n'avoir jamais manqué de rien auprès de son père, un homme aimant, aux petits soins, et qui l'a toujours soutenue. Alors que se profilent des choix cruciaux quant à son avenir, entre les premières amours et ses études, l'adolescente s'inquiète des répercussions de ses décisions sur sa relation avec ce dernier... - Critique : Après l’enthousiasmant Perdrix, sa rafraîchissante carte du Tendre et ses tourtereaux pourchassant des hordes de révolutionnaires nudistes, le réalisateur Erwan Le Duc poursuit son exploration très personnelle des relations humaines. Cette fois, c’est la filiation qu’il passe à la moulinette de sa folie douce. Tout commence par une romance en accéléré, et pourtant filmée comme en apesanteur. Étienne (Nahuel Pérez Biscayart) a 20 ans. Il rencontre Valérie. Coup de foudre, retrouvailles lors d’une manifestation, échappée amoureuse en péniche, test de grossesse positif, naissance d’un bébé… Et puis, très vite, l’idylle se grippe, sans qu’on sache comment ni pourquoi. Valérie s’enfuit, laissant Étienne seul avec le nourrisson. Le papa solo l’a décidé : il sera toujours, pour Rosa, un rempart contre l’adversité et, surtout, le vide laissé par la mère. Devenu entraîneur de foot, il tisse pour son oisillon un nid confortable, sacrifiant au passage sa vie personnelle. Mais un jour, Rosa a 16 ans, est admise aux Beaux-Arts de Metz, à 300 kilomètres de son géniteur. Étienne pense être prêt à la laisser partir. Mais lui reviennent en boomerang la colère de l’abandon, le deuil inachevé d’une femme à laquelle il refuse de penser, alors qu’une autre tente de se faire une place dans sa vie. « Tu peux arrêter de me protéger, lui intime alors la sagace Rosa. Maintenant tu peux plonger dans ton drame ! » La façon dont Étienne se fissure, perd pied, est à l’image de ce deuxième long métrage : hautement fantaisiste et très émouvante. Comment s’affranchir de son enfant quand on a grandi avec lui ? Et pour Rosa, comment quitter la maison sans le sentiment d’abandonner son père ? Rien que de très banal, si ce n’est une patte décidément singulière et poétique. Erwan Le Duc combine les registres et les couleurs, la mélancolie et la légèreté, à la manière d’un peintre naïf qui maîtrise parfaitement les nuances de sa palette. Il bricole un univers féerique, d’une douceur pastel, où le duo s’affronte parfois cruellement — ici, la vérité sort de la bouche des ados —, tout en manifestant un vrai sens du burlesque. Un examen d’entraîneur s’achève ainsi en chanson sur Coucou hibou ; la visite de madame la maire (Noémie Lvovsky, plus déjantée que jamais) sur le terrain de foot vire à l’empoignade surréaliste… Et le film décolle joliment du réel, le temps d’un rêve éveillé au Portugal, sur les traces de l’ex-femme, entraperçue dans un reportage de Thalassa sur le surf… Le charme de cette odyssée familiale et sentimentale repose sur la finesse de l’écriture, tout autant que sur la grâce de ses interprètes. En papa poule au regard lunaire, à la silhouette adolescente, Nahuel Pérez Biscayat oppose sa candeur fragile à la maturité provocante de sa fille (Céleste Brunnquell). Les personnages secondaires ne sont pas en reste : la subtile Maud Wyler, dans le rôle d’une amoureuse patiente et piquante. Et — véritable découverte — Mohammed Louridi, l’hilarant prétendant de Rosa, qui parle comme un livre, écrit des poèmes épiques, pratique « l’amour courtois », et, invité chez sa dulcinée, préfère passer par la fenêtre « pour [l]’impressionner » plutôt qu’emprunter l’escalier. Étienne saura s’en souvenir, quand le temps sera venu de prendre à nouveau son élan…
Année : 2023
Avec : Alexandre Steiger, Camille Rutherford, Céleste Brunnquell, Julie Roué, Maud Wyler, Mercedes Dassy, Mohammed Louridi, Nahuel Pérez, Nicolas Chupin, Noémie Lvovsky, Philippe Quesne, Romain Creutzmeyer