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Récemment en novembre
 

Un monde

Télévision : 9 novembre à 21:00-22:10 sur France 4

film : drame

Nora, 6 ans, vient d'entrer à l'école primaire. Rapidement, elle constate que son grand frère Abel y est victime de harcèlement de la part de plusieurs camarades. Partagée entre un besoin de trouver sa propre place, un père qui la pousse à intervenir, et son frère aîné qui au contraire lui demande de garder le silence, la petite fille se retrouve face à un véritable dilemme de loyauté. Prise en étau contre son gré entre le monde des enfants et celui des adultes, elle tente d'avancer contre vents et marées, avec beaucoup de courage et de volonté malgré son incapacité à faire un choix sur la marche à suivre pour protéger son frère... - Critique : Une petite fille pleure dans les bras de son grand frère. C’est le premier jour d’école primaire et Nora ne veut pas y aller. Devant la grille, Abel, son frère, essaie de la rassurer. « T’inquiète, on se revoit à la récré. » Une fois à l’intérieur de l’école, on n’en sortira plus, sauf au moment de la piscine, où Nora, tremblotante, devra sauter dans le grand bassin. Une épreuve parmi tant d’autres dans ce film d’une sensibilité à l’os. À même de réveiller dans l’esprit de chaque spectateur des souvenirs plus ou moins enfouis de honte et de peur. Peur de l’inconnu, de ne pas réussir, d’être puni. Peur surtout de ne pas savoir se défendre face à la violence. Un monde est un film d’angoisse, criant de vérité, parce que filmé à hauteur d’enfant. Ce premier long-métrage de la réalisatrice belge Laura Wandel impressionne par sa densité et sa concision. Il repose sur l’immersion totale dans un univers impitoyable dominé par le brouhaha. Une micro-société, un terrain de jeu et d’apprentissage, où Nora trouve peu à peu sa place, se fait des copines. La victime, ce n’est pas elle ici, comme le début le laisse penser, mais Abel. Sa sœur découvre qu’il subit le harcèlement d’une bande de garçons, dans les escaliers, la cour, les toilettes. En voulant s’interposer, elle semble aggraver la situation. Tandis que son frère la presse de garder le silence, leur père sent que quelque chose ne va pas… Culpabilité, conflit de loyauté, reproduction de la violence : le film est riche de tensions psychologiques. Les adultes s’y démènent comme ils peuvent, mais leur vigilance comporte inévitablement des failles. La réalisatrice n’incrimine ni ne juge personne. Elle montre que l’école, lieu déterminant de l’apprentissage social, peut être le théâtre de rapports de force très cruels entre enfants. Où commencent à s’inscrire en nous des traits de domination ou de soumission, de confiance en soi ou l’inverse, qui conditionnent notre rôle ultérieur dans la société. Si le jeu, la joie, l’acquisition du savoir sont aussi de la partie, si le film tend vers une forme de salut possible, il reste poignant, nous saisissant plus d’une fois à la gorge, en créant une profonde empathie pour le frère meurtri et sa sœur atteinte par ricochet. Une fratrie incarnée par deux enfants, Maya Vanderbeque et Günter Duret, époustouflants de justesse.

Année : 2021

Avec : Elsa Laforge, Günter Duret, James Seguy, Karim Leklou, Laura Verlinden, Laurent Capelluto, Lena Girard, Maya Vanderbeque, Naël Ammama, Simon Caudry, Thao Maerten, Émile Salamone