J C Chandor : dernières sorties Netflix et passages TV

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Antérieurement en 2024
 

Triple Frontière

Netflix : 28 février

Les loyautés sont mises à l'épreuve quand cinq anciens membres des forces spéciales font main basse sur la fortune d'un puissant baron de la drogue.

De : J C Chandor

Avec : Ben Affleck, Oscar Isaac, Charlie Hunnam, Garrett Hedlund, Pedro Pascal, Adria Arjona, Louis Jeovanny

Antérieurement en 2023
 

All Is Lost

Télévision : 13 novembre 2023 à 13:35-15:40 sur Arte

film d'aventures

Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.

Année : 2013

Avec : Robert Redford

Antérieurement en 2023
 

All Is Lost

Télévision : 8 novembre 2023 à 20:55-22:40 sur Arte

film d'aventures

Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.

Année : 2013

Avec : Robert Redford

Antérieurement en 2023
 

All Is Lost

Télévision : 8 novembre 2023 à 20:55-22:35 sur Arte

film d'aventures

Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.

Année : 2013

Avec : Robert Redford

Antérieurement en 2021
 

A Most Violent Year

Télévision : 24 novembre 2021 à 21:00-23:25 sur CStar

Thriller

1981. Abel Morales, un immigré mexicain, tente de garder les mains propres dans le milieu corrompu du pétrole new-yorkais. Alors que ses camions sont régulièrement la cible de très violentes attaques, il va tenter de conserver son business, avec l'aide d'Anna, sa femme, fille d'un truand de Brooklyn...

Année : 2014

De : J C Chandor

Avec : Oscar Isaac, Jessica Chastain, Alessandro Nivola, David Oyelowo, Albert Brooks, Catalina Sandino, Elyes Gabel, Peter Gerety, Christopher Abbott, Matthew Maher, Lorna Pruce, Jerry Adler, Quinn Meyers, Chester Jones, Ashley Williams, Glenn Fleshler, Jimmy Palumbo, Daisy Tahan, Taylor Richardson, Giselle Eisenberg, Tanner, Phillip Chi, Patrick Breen, Ben Rosenfield, Nick Bailey, Jenilyn Rodriguez, Linda Marie, John Procaccino, Jason Ralph

Antérieurement en 2019
 

Triple frontière

Netflix : 14 mars 2019

Les loyautés sont mises à l'épreuve quand cinq anciens membres des forces spéciales font main basse sur la fortune d'un puissant baron de la drogue.

De : J C Chandor

Avec : Ben Affleck, Oscar Isaac, Charlie Hunnam, Pedro Pascal, Garrett Hedlund, Adria Arjona

Antérieurement en 2018
 

Margin Call

Netflix : 1er novembre 2018

Dans ce drame qui se déroule au début de la crise financière de 2008, un analyste financier découvre des informations qui pourraient ruiner sa banque d'investissement.

De : J C Chandor

Avec : Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Mary McDonnell, Demi Moore, Stanley Tucci, Aasif Mandvi

Antérieurement en 2017
 

Toni Erdmann

Télévision : 26 novembre 2017 à 02:20-04:55 sur Canal +

film : comédie dramatique

Une femme d’affaires psychorigide voit son guignol de père bouleverser sa vie. Charge loufoque contre le libéralisme triomphant ou interminable pensum? Critique :

Pour

Le père d'une executive woman sème le désordre dans son existence cadenassée. En résumant ainsi ce film, on ne serait pas dans l'erreur, mais on risquerait fort de le desservir, tant il échappe à tout raccourci, à toute synthèse « réaliste » ou « psychologique ». Ce père et sa fille n'arrivent plus à se parler et ne savent pas eux-mêmes pourquoi. Un brouillard opaque les sépare, que cette fable explore de manière particulièrement originale, sans oublier de parler du monde contemporain. Allemande de 37 ans expatriée à Bucarest, Ines est une consultante financière en tenue impeccable, droguée du travail. Très affairée, à la veille d'une négociation délicate, elle n'apprécie pas vraiment l'arrivée de son père, un boute-en-train négligé qui jaillit, tel un diable de sa boîte, au beau milieu du hall de son entreprise roumaine, affublé d'une perruque informe couleur prune et d'un dentier postiche. Elle l'invite malgré tout à un cocktail d'ambassade, où il continue à jouer les guignols à coups de saillies loufoques. Elle en a honte. Quand il repart vers l'Allemagne, c'est un soulagement ! Sauf que ce père farceur ne prend pas son avion : il s'incruste tel un parasite dans son environnement. Provoquant fascination et gêne, il va agir comme un agent perturbateur et révélateur du cirque ambiant, celui des convenances sociales et du libéralisme triomphant. Maren Ade, la réalisatrice, en fait un électron libre et déchaîné, qui nous fait décoller du réel et nous embarque vers des régions insoupçonnées. Susciter l'imaginaire et le rire, échapper aux divers carcans qui entravent chacun de nous, tel est le programme. De la ville à la campagne, de réceptions guindées en site industriel perdu au fin fond de la Roumanie, le film tourne à l'expédition picaresque. La farce sur le lien filial est hilarante, mais aussi émouvante. C'est à chaque fois la mise en situation absurde, le décalage créé par le télescopage des rencontres qui dévoilent les qualités et les défauts de chacun. Personne ici n'a vraiment tort ou raison, le père trimballant, aussi, sa part d'immaturité et de frustration. Désarçonnant, le film réserve jusqu'au bout des surprises. Dont une scène de brunch entre collègues, organisé dans le but de ressouder l'équipe, et où tout le monde finit littéralement à poil. De pilosité, il est d'ailleurs pas mal question, notamment à travers l'irruption d'une créature, mélange de yéti et de Wookiee. Pour assurer un spectacle si déconcertant, il fallait des comédiens à la hauteur. Ceux que Maren Ade a choisis sont impressionnants. Peter Simonischek, un grand du théâtre allemand, fait un travail de dentellière avec son rôle de trublion. Sandra Hüller se montre quant à elle tour à tour psychorigide, dominatrice et fragile. La scène où elle est incapable de retirer sa robe trop moulante, où elle se tortille sans fin, déroule, tire le tissu, tente de s'extraire de son corset oppressant, est un grand moment burlesque à forte teneur symbolique : on assiste là, ni plus ni moins, à la métamorphose d'une femme sortant de sa chrysalide. — Jacques Morice

Contre

Passons sur la description du monde de la finance internationale, censée pervertir et assécher l'héroïne : elle est d'une banalité confondante. A-t-on jamais vu patrons aussi ternes, employés aussi bêtes, réunions aussi foireuses... Visiblement, Maren Ade ne connaît rien à ce qu'elle décrit et que d'autres, récemment, ont si bien dénoncé (de J.C. Chandor et Margin Call, pour la fiction, à Jean-Stéphane Bron et Cleveland contre Wall Street, pour le documentaire). Mais, dira-t-on, l'essentiel n'est pas là : le vrai sujet est l'histoire d'un père qui use d'extravagance pour réapprendre à sa fille, avide de réussite, les vraies valeurs de l'existence. Mais, là encore, la réalisatrice se plante. Aucune finesse, aucun rythme : catastrophe totale si l'on songe au brio étincelant d'un Ernst Lubitsch ou d'un Frank Capra, qui, jadis, en moins de quatre-vingt-dix minutes, provoquaient une euphorie que la réalisatrice allemande poursuit en vain durant deux heures quarante-deux... Tout est balourd dans son interminable pensum. La mise en scène (enfin, c'est vite dit : il n'y en a pas). Les acteurs : la fille n'en fait pas assez et le père, beaucoup trop. Les gags : c'est tout de même — qui l'eût cru — la réhabilitation du bon vieux coussin péteur qui faisait se tordre de rire nos grands-­parents. Le pire, c'est quand la vulgarité l'emporte : la scène où l'héroïne avale le cupcake sur lequel vient d'éjaculer son ridicule amant. Tout est ringard et navrant. — Pierre Murat

Année : 2016

Antérieurement en 2017
 

A Most Violent Year

Télévision : 12 novembre 2017 à 21:10-23:00 sur France 4

film : thriller

Suspense de chaque instant et mise en scène splendide : J.C. Chandor est le jeune cinéaste le plus doué du moment. Critique : Dès son premier long métrage, Margin Call (2011), on avait presque cru à un gag. Une mystification à la Romain Gary. Le film était si bien écrit, dirigé avec un tel sens de l'action et du suspense qu'il ne pouvait qu'être l'oeuvre d'un vieux briscard hollywoodien visant — sous un faux nom sentant le pseudonyme à plein nez — une nouvelle jeunesse. Mais non : J.C. Chandor existe. A 40 ans à peine, il signe un troisième film (après le huis clos de Margin Call, il a filmé Robert Redford isolé en mer dans All is lost) étrange et spectaculaire, qui s'appuie sur le classicisme pour mieux le réinventer, à chaque instant, par les variations et l'audace. Du grand art. A New York, en cette année 1981, on recense plus d'un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols. Les années 1980, à Big Apple, furent terrifiantes... C'est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales (Oscar Isaac), petit patron qui espère devenir grand. Il travaille dans le pétrole, en achète, en revend, en bon capitaliste honnête qu'il prétend être. Le mal le cerne, bien sûr : son fidèle avocat (Albert Brooks) se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme (Jessica Chastain), fille repentie d'un escroc notoire, se prend à regretter, par moments, les méthodes expéditives de papa... Ça ne fait rien, Abel demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l'un après l'autre délester de leur chargement. Pis : un procureur honnête — ou extrêmement ambitieux — l'attaque pour escroqueries et malversations. Qui plus est, il lui reste quelques jours pour honorer un contrat, sous peine d'être totalement ruiné. C'est clair : quelqu'un veut sa perte, mais qui ? On retrouve dans A most violent year, mais approfondi, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, le talent de J.C. Chandor à dessiner, en quelques traits, un personnage, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. La façon minutieuse dont Abel se rase, par exemple, ou la manière dont sa femme tire sur ses cigarettes les caractérisent mieux que de longs discours. Cette précision s'exerce, aussi, sur les seconds rôles. Tous existent en quelques secondes : le dandy isolé qui joue au tennis tout seul, au coeur de son bunker ; l'envieux adipeux qui se fait coquettement coiffer ce qui lui reste de cheveux ; sans oublier le vieillard silencieux qui semble n'avoir survécu que pour déshériter ses fils et confier à sa petite-fille sa modeste entreprise... Même soin apporté aux décors : aux hangars à l'abandon dans un New Jersey sinistre s'opposent des appartements de luxe où une lumière blafarde semble, curieusement, ne rien pouvoir éclairer. Ni personne. C'est là qu'Abel pressent, une nuit, la présence d'un rôdeur... L'intrus qui menace des nantis dans leur belle demeure est le passage obligé de tout thriller qui se respecte, bon ou mauvais. Chandor s'amuse à en faire un véritable exercice de style, mais avec style : les plans serrés accompagnés de travellings courts, la photo superbe de Bradford Young, les deux, trois accords lancinants d'Alex Ebert font de cette scène un moment quasi expressionniste, digne de Fritz Lang : un secret derrière la porte... Car ce diable de J.C. Chandor semble avoir tout vu, les grands classiques comme les séries B. Il sait qu'on le sait, et on sait qu'il sait que nous savons : ça l'amuse de créer, entre lui et nous, ces liens cinéphiliques. Ainsi, dès les premières secondes — un homme qui court vêtu d'un jogging et d'un bonnet —, on pense à Sidney Lumet, à Serpico, très précisément, puisque Oscar Isaac, menu et nerveux, ressemble à Al Pacino. La poursuite d'un camion volé par une voiture est une copie assumée — et incroyablement maîtrisée — de The French Connection, de William Friedkin... Evidemment, le héros qui croit dominer un destin qui ne fait que le berner évoque Joseph L. Mankiewicz et son ironie cynique et désabusée : Jessica Chastain s'appelle, d'ailleurs, Anna et aime autant le fric que Danielle Darrieux dans L'Affaire Cicéron... Même Alfred Hitchcock est présent : Chandor lui emprunte son fameux MacGuffin. On s'en souvient, « Hitch » appelait ainsi le prétexte qui, dans ses intrigues, poussait les personnages à s'entre-tuer, mais qui n'avait aucune importance, ni pour lui, ni pour son spectateur. Ce pouvait être de l'uranium caché dans une bouteille de vin (Les Enchaînés), une formule mathématique à dérober (Le Rideau déchiré) ou un secret enfoui dans l'inconscient (Pas de printemps pour Marnie). Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d'un employé sur le point de commettre l'irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C'est cette foi absolue dans le cinéma d'auteur, dans ce que ce cinéma a toujours voulu, pu, su exprimer que le film est magistral. Excitant et indispensable. — Pierre Murat   Sortie le 31 décembre.

Année : 2014

Antérieurement en 2017
 

A Most Violent Year

Télévision : 12 novembre 2017 à 21:00-23:00 sur France 4

film : thriller

Suspense de chaque instant et mise en scène splendide : J.C. Chandor est le jeune cinéaste le plus doué du moment. Critique : Dès son premier long métrage, Margin Call (2011), on avait presque cru à un gag. Une mystification à la Romain Gary. Le film était si bien écrit, dirigé avec un tel sens de l'action et du suspense qu'il ne pouvait qu'être l'oeuvre d'un vieux briscard hollywoodien visant — sous un faux nom sentant le pseudonyme à plein nez — une nouvelle jeunesse. Mais non : J.C. Chandor existe. A 40 ans à peine, il signe un troisième film (après le huis clos de Margin Call, il a filmé Robert Redford isolé en mer dans All is lost) étrange et spectaculaire, qui s'appuie sur le classicisme pour mieux le réinventer, à chaque instant, par les variations et l'audace. Du grand art. A New York, en cette année 1981, on recense plus d'un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols. Les années 1980, à Big Apple, furent terrifiantes... C'est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales (Oscar Isaac), petit patron qui espère devenir grand. Il travaille dans le pétrole, en achète, en revend, en bon capitaliste honnête qu'il prétend être. Le mal le cerne, bien sûr : son fidèle avocat (Albert Brooks) se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme (Jessica Chastain), fille repentie d'un escroc notoire, se prend à regretter, par moments, les méthodes expéditives de papa... Ça ne fait rien, Abel demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l'un après l'autre délester de leur chargement. Pis : un procureur honnête — ou extrêmement ambitieux — l'attaque pour escroqueries et malversations. Qui plus est, il lui reste quelques jours pour honorer un contrat, sous peine d'être totalement ruiné. C'est clair : quelqu'un veut sa perte, mais qui ? On retrouve dans A most violent year, mais approfondi, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, le talent de J.C. Chandor à dessiner, en quelques traits, un personnage, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. La façon minutieuse dont Abel se rase, par exemple, ou la manière dont sa femme tire sur ses cigarettes les caractérisent mieux que de longs discours. Cette précision s'exerce, aussi, sur les seconds rôles. Tous existent en quelques secondes : le dandy isolé qui joue au tennis tout seul, au coeur de son bunker ; l'envieux adipeux qui se fait coquettement coiffer ce qui lui reste de cheveux ; sans oublier le vieillard silencieux qui semble n'avoir survécu que pour déshériter ses fils et confier à sa petite-fille sa modeste entreprise... Même soin apporté aux décors : aux hangars à l'abandon dans un New Jersey sinistre s'opposent des appartements de luxe où une lumière blafarde semble, curieusement, ne rien pouvoir éclairer. Ni personne. C'est là qu'Abel pressent, une nuit, la présence d'un rôdeur... L'intrus qui menace des nantis dans leur belle demeure est le passage obligé de tout thriller qui se respecte, bon ou mauvais. Chandor s'amuse à en faire un véritable exercice de style, mais avec style : les plans serrés accompagnés de travellings courts, la photo superbe de Bradford Young, les deux, trois accords lancinants d'Alex Ebert font de cette scène un moment quasi expressionniste, digne de Fritz Lang : un secret derrière la porte... Car ce diable de J.C. Chandor semble avoir tout vu, les grands classiques comme les séries B. Il sait qu'on le sait, et on sait qu'il sait que nous savons : ça l'amuse de créer, entre lui et nous, ces liens cinéphiliques. Ainsi, dès les premières secondes — un homme qui court vêtu d'un jogging et d'un bonnet —, on pense à Sidney Lumet, à Serpico, très précisément, puisque Oscar Isaac, menu et nerveux, ressemble à Al Pacino. La poursuite d'un camion volé par une voiture est une copie assumée — et incroyablement maîtrisée — de The French Connection, de William Friedkin... Evidemment, le héros qui croit dominer un destin qui ne fait que le berner évoque Joseph L. Mankiewicz et son ironie cynique et désabusée : Jessica Chastain s'appelle, d'ailleurs, Anna et aime autant le fric que Danielle Darrieux dans L'Affaire Cicéron... Même Alfred Hitchcock est présent : Chandor lui emprunte son fameux MacGuffin. On s'en souvient, « Hitch » appelait ainsi le prétexte qui, dans ses intrigues, poussait les personnages à s'entre-tuer, mais qui n'avait aucune importance, ni pour lui, ni pour son spectateur. Ce pouvait être de l'uranium caché dans une bouteille de vin (Les Enchaînés), une formule mathématique à dérober (Le Rideau déchiré) ou un secret enfoui dans l'inconscient (Pas de printemps pour Marnie). Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d'un employé sur le point de commettre l'irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C'est cette foi absolue dans le cinéma d'auteur, dans ce que ce cinéma a toujours voulu, pu, su exprimer que le film est magistral. Excitant et indispensable. — Pierre Murat   Sortie le 31 décembre.

Année : 2014