Netflix : 28 février
Les loyautés sont mises à l'épreuve quand cinq anciens membres des forces spéciales font main basse sur la fortune d'un puissant baron de la drogue.
De : J C Chandor
Avec : Ben Affleck, Oscar Isaac, Charlie Hunnam, Garrett Hedlund, Pedro Pascal, Adria Arjona, Louis Jeovanny
Télévision : 13 novembre 2023 à 13:35-15:40 sur Arte
film d'aventures
Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.
Année : 2013
Avec : Robert Redford
Télévision : 8 novembre 2023 à 20:55-22:40 sur Arte
film d'aventures
Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.
Année : 2013
Avec : Robert Redford
Télévision : 8 novembre 2023 à 20:55-22:35 sur Arte
film d'aventures
Seul au milieu de l'océan Indien, un homme se réveille brusquement lorsque la coque de son bateau est perforée par un conteneur à la dérive. Sa radio est hors service, et il ne dispose plus de son matériel de navigation. Expérimenté, il parvient à faire une réparation de fortune. Alors qu'il se croit sorti d'affaire, une violente tempête s'abat sur lui. Il échappe de peu à la mort. Son but désormais : se rapprocher d'une voie de navigation où croisent des cargos. C'est sa seule chance de survie, alors que ses rations de nourriture et d'eau s'amenuisent. Alors que les éléments semblent décidément contre lui et que les requins menacent, il sent peu à peu l'espoir le quitter... - Critique : Un homme seul dans la tempête. Pendant une heure quarante. La survie et rien d’autre. Hormis trois minutes de voix off au début et deux jurons, pas une ligne de dialogue. Un pur exercice de style et de sadisme, comme en raffolait Hitchcock, qui, sur un canot de sauvetage, observait les passagers se déchirer (Lifeboat). Quoi de plus terrible et de plus excitant à la fois que de regarder un homme tomber de Charybde en Scylla ? Et pas n’importe lequel : Robert Redford en personne. On sait que les films sont toujours des documentaires sur leurs acteurs. À force de scruter Redford sous toutes ses coutures, on ne regarde même plus l’homme mais le mythe. On ne voit plus un plaisancier perdu dans l’océan Indien, mais Jeremiah Johnson emmitouflé dans une veste de quart… J.C. Chandor ne cède jamais aux facilités du flash-back pour expliquer ce qui a conduit son héros dans cette panade. À peine devine-t-on qu’il a une famille par une photo punaisée dans le bateau. Pas de crise mystique, pas de châtiment non plus pour justifier l’avalanche de coups du sort. La caméra plonge sous la mer ou s’envole dans les nuages. Pour mieux encercler notre Ulysse aux yeux azur, qui se battra jusqu’à son dernier souffle, acceptant le destin sans le moindre signe de panique. Avec le sentiment du devoir accompli. Avec l’impassibilité et la force tranquille de l’homme qui a enfin trouvé l’authenticité qui manquait à sa vie.
Année : 2013
Avec : Robert Redford
Télévision : 24 novembre 2021 à 21:00-23:25 sur CStar
Thriller
1981. Abel Morales, un immigré mexicain, tente de garder les mains propres dans le milieu corrompu du pétrole new-yorkais. Alors que ses camions sont régulièrement la cible de très violentes attaques, il va tenter de conserver son business, avec l'aide d'Anna, sa femme, fille d'un truand de Brooklyn...
Année : 2014
De : J C Chandor
Avec : Oscar Isaac, Jessica Chastain, Alessandro Nivola, David Oyelowo, Albert Brooks, Catalina Sandino, Elyes Gabel, Peter Gerety, Christopher Abbott, Matthew Maher, Lorna Pruce, Jerry Adler, Quinn Meyers, Chester Jones, Ashley Williams, Glenn Fleshler, Jimmy Palumbo, Daisy Tahan, Taylor Richardson, Giselle Eisenberg, Tanner, Phillip Chi, Patrick Breen, Ben Rosenfield, Nick Bailey, Jenilyn Rodriguez, Linda Marie, John Procaccino, Jason Ralph
Netflix : 14 mars 2019
Les loyautés sont mises à l'épreuve quand cinq anciens membres des forces spéciales font main basse sur la fortune d'un puissant baron de la drogue.
De : J C Chandor
Avec : Ben Affleck, Oscar Isaac, Charlie Hunnam, Pedro Pascal, Garrett Hedlund, Adria Arjona
Netflix : 1er novembre 2018
Dans ce drame qui se déroule au début de la crise financière de 2008, un analyste financier découvre des informations qui pourraient ruiner sa banque d'investissement.
De : J C Chandor
Avec : Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Mary McDonnell, Demi Moore, Stanley Tucci, Aasif Mandvi
Télévision : 26 novembre 2017 à 02:20-04:55 sur Canal +
film : comédie dramatique
Une femme d’affaires psychorigide voit son guignol de père bouleverser sa vie. Charge loufoque contre le libéralisme triomphant ou interminable pensum? Critique :
Année : 2016
Télévision : 12 novembre 2017 à 21:10-23:00 sur France 4
film : thriller
Suspense de chaque instant et mise en scène splendide : J.C. Chandor est le jeune cinéaste le plus doué du moment. Critique : Dès son premier long métrage, Margin Call (2011), on avait presque cru à un gag. Une mystification à la Romain Gary. Le film était si bien écrit, dirigé avec un tel sens de l'action et du suspense qu'il ne pouvait qu'être l'oeuvre d'un vieux briscard hollywoodien visant — sous un faux nom sentant le pseudonyme à plein nez — une nouvelle jeunesse. Mais non : J.C. Chandor existe. A 40 ans à peine, il signe un troisième film (après le huis clos de Margin Call, il a filmé Robert Redford isolé en mer dans All is lost) étrange et spectaculaire, qui s'appuie sur le classicisme pour mieux le réinventer, à chaque instant, par les variations et l'audace. Du grand art. A New York, en cette année 1981, on recense plus d'un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols. Les années 1980, à Big Apple, furent terrifiantes... C'est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales (Oscar Isaac), petit patron qui espère devenir grand. Il travaille dans le pétrole, en achète, en revend, en bon capitaliste honnête qu'il prétend être. Le mal le cerne, bien sûr : son fidèle avocat (Albert Brooks) se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme (Jessica Chastain), fille repentie d'un escroc notoire, se prend à regretter, par moments, les méthodes expéditives de papa... Ça ne fait rien, Abel demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l'un après l'autre délester de leur chargement. Pis : un procureur honnête — ou extrêmement ambitieux — l'attaque pour escroqueries et malversations. Qui plus est, il lui reste quelques jours pour honorer un contrat, sous peine d'être totalement ruiné. C'est clair : quelqu'un veut sa perte, mais qui ? On retrouve dans A most violent year, mais approfondi, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, le talent de J.C. Chandor à dessiner, en quelques traits, un personnage, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. La façon minutieuse dont Abel se rase, par exemple, ou la manière dont sa femme tire sur ses cigarettes les caractérisent mieux que de longs discours. Cette précision s'exerce, aussi, sur les seconds rôles. Tous existent en quelques secondes : le dandy isolé qui joue au tennis tout seul, au coeur de son bunker ; l'envieux adipeux qui se fait coquettement coiffer ce qui lui reste de cheveux ; sans oublier le vieillard silencieux qui semble n'avoir survécu que pour déshériter ses fils et confier à sa petite-fille sa modeste entreprise... Même soin apporté aux décors : aux hangars à l'abandon dans un New Jersey sinistre s'opposent des appartements de luxe où une lumière blafarde semble, curieusement, ne rien pouvoir éclairer. Ni personne. C'est là qu'Abel pressent, une nuit, la présence d'un rôdeur... L'intrus qui menace des nantis dans leur belle demeure est le passage obligé de tout thriller qui se respecte, bon ou mauvais. Chandor s'amuse à en faire un véritable exercice de style, mais avec style : les plans serrés accompagnés de travellings courts, la photo superbe de Bradford Young, les deux, trois accords lancinants d'Alex Ebert font de cette scène un moment quasi expressionniste, digne de Fritz Lang : un secret derrière la porte... Car ce diable de J.C. Chandor semble avoir tout vu, les grands classiques comme les séries B. Il sait qu'on le sait, et on sait qu'il sait que nous savons : ça l'amuse de créer, entre lui et nous, ces liens cinéphiliques. Ainsi, dès les premières secondes — un homme qui court vêtu d'un jogging et d'un bonnet —, on pense à Sidney Lumet, à Serpico, très précisément, puisque Oscar Isaac, menu et nerveux, ressemble à Al Pacino. La poursuite d'un camion volé par une voiture est une copie assumée — et incroyablement maîtrisée — de The French Connection, de William Friedkin... Evidemment, le héros qui croit dominer un destin qui ne fait que le berner évoque Joseph L. Mankiewicz et son ironie cynique et désabusée : Jessica Chastain s'appelle, d'ailleurs, Anna et aime autant le fric que Danielle Darrieux dans L'Affaire Cicéron... Même Alfred Hitchcock est présent : Chandor lui emprunte son fameux MacGuffin. On s'en souvient, « Hitch » appelait ainsi le prétexte qui, dans ses intrigues, poussait les personnages à s'entre-tuer, mais qui n'avait aucune importance, ni pour lui, ni pour son spectateur. Ce pouvait être de l'uranium caché dans une bouteille de vin (Les Enchaînés), une formule mathématique à dérober (Le Rideau déchiré) ou un secret enfoui dans l'inconscient (Pas de printemps pour Marnie). Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d'un employé sur le point de commettre l'irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C'est cette foi absolue dans le cinéma d'auteur, dans ce que ce cinéma a toujours voulu, pu, su exprimer que le film est magistral. Excitant et indispensable. — Pierre Murat Sortie le 31 décembre.
Année : 2014
Télévision : 12 novembre 2017 à 21:00-23:00 sur France 4
film : thriller
Suspense de chaque instant et mise en scène splendide : J.C. Chandor est le jeune cinéaste le plus doué du moment. Critique : Dès son premier long métrage, Margin Call (2011), on avait presque cru à un gag. Une mystification à la Romain Gary. Le film était si bien écrit, dirigé avec un tel sens de l'action et du suspense qu'il ne pouvait qu'être l'oeuvre d'un vieux briscard hollywoodien visant — sous un faux nom sentant le pseudonyme à plein nez — une nouvelle jeunesse. Mais non : J.C. Chandor existe. A 40 ans à peine, il signe un troisième film (après le huis clos de Margin Call, il a filmé Robert Redford isolé en mer dans All is lost) étrange et spectaculaire, qui s'appuie sur le classicisme pour mieux le réinventer, à chaque instant, par les variations et l'audace. Du grand art. A New York, en cette année 1981, on recense plus d'un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols. Les années 1980, à Big Apple, furent terrifiantes... C'est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales (Oscar Isaac), petit patron qui espère devenir grand. Il travaille dans le pétrole, en achète, en revend, en bon capitaliste honnête qu'il prétend être. Le mal le cerne, bien sûr : son fidèle avocat (Albert Brooks) se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme (Jessica Chastain), fille repentie d'un escroc notoire, se prend à regretter, par moments, les méthodes expéditives de papa... Ça ne fait rien, Abel demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l'un après l'autre délester de leur chargement. Pis : un procureur honnête — ou extrêmement ambitieux — l'attaque pour escroqueries et malversations. Qui plus est, il lui reste quelques jours pour honorer un contrat, sous peine d'être totalement ruiné. C'est clair : quelqu'un veut sa perte, mais qui ? On retrouve dans A most violent year, mais approfondi, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, le talent de J.C. Chandor à dessiner, en quelques traits, un personnage, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. La façon minutieuse dont Abel se rase, par exemple, ou la manière dont sa femme tire sur ses cigarettes les caractérisent mieux que de longs discours. Cette précision s'exerce, aussi, sur les seconds rôles. Tous existent en quelques secondes : le dandy isolé qui joue au tennis tout seul, au coeur de son bunker ; l'envieux adipeux qui se fait coquettement coiffer ce qui lui reste de cheveux ; sans oublier le vieillard silencieux qui semble n'avoir survécu que pour déshériter ses fils et confier à sa petite-fille sa modeste entreprise... Même soin apporté aux décors : aux hangars à l'abandon dans un New Jersey sinistre s'opposent des appartements de luxe où une lumière blafarde semble, curieusement, ne rien pouvoir éclairer. Ni personne. C'est là qu'Abel pressent, une nuit, la présence d'un rôdeur... L'intrus qui menace des nantis dans leur belle demeure est le passage obligé de tout thriller qui se respecte, bon ou mauvais. Chandor s'amuse à en faire un véritable exercice de style, mais avec style : les plans serrés accompagnés de travellings courts, la photo superbe de Bradford Young, les deux, trois accords lancinants d'Alex Ebert font de cette scène un moment quasi expressionniste, digne de Fritz Lang : un secret derrière la porte... Car ce diable de J.C. Chandor semble avoir tout vu, les grands classiques comme les séries B. Il sait qu'on le sait, et on sait qu'il sait que nous savons : ça l'amuse de créer, entre lui et nous, ces liens cinéphiliques. Ainsi, dès les premières secondes — un homme qui court vêtu d'un jogging et d'un bonnet —, on pense à Sidney Lumet, à Serpico, très précisément, puisque Oscar Isaac, menu et nerveux, ressemble à Al Pacino. La poursuite d'un camion volé par une voiture est une copie assumée — et incroyablement maîtrisée — de The French Connection, de William Friedkin... Evidemment, le héros qui croit dominer un destin qui ne fait que le berner évoque Joseph L. Mankiewicz et son ironie cynique et désabusée : Jessica Chastain s'appelle, d'ailleurs, Anna et aime autant le fric que Danielle Darrieux dans L'Affaire Cicéron... Même Alfred Hitchcock est présent : Chandor lui emprunte son fameux MacGuffin. On s'en souvient, « Hitch » appelait ainsi le prétexte qui, dans ses intrigues, poussait les personnages à s'entre-tuer, mais qui n'avait aucune importance, ni pour lui, ni pour son spectateur. Ce pouvait être de l'uranium caché dans une bouteille de vin (Les Enchaînés), une formule mathématique à dérober (Le Rideau déchiré) ou un secret enfoui dans l'inconscient (Pas de printemps pour Marnie). Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d'un employé sur le point de commettre l'irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C'est cette foi absolue dans le cinéma d'auteur, dans ce que ce cinéma a toujours voulu, pu, su exprimer que le film est magistral. Excitant et indispensable. — Pierre Murat Sortie le 31 décembre.
Année : 2014