Télévision : 26 octobre à 06:38-07:39 sur Canal +
série policière
Tout le monde paye. Saison:1 - Episode:5 - Lorsque Jake Adelstein aide à révéler l'identité de la taupe de Chihara-Kai, il doit peser les risques d'accepter une faveur en retour d'Ishida. Cette attitude va-t-elle compromettre des choses dans l'implication de Jake dans ses relations avec le monde des yakuzas ? De son côté, Samantha tente de régler son problème avec Matsuo. Par ailleurs, le recrutement de Sato se termine par une leçon de loyauté dévastatrice. - Critique : « Si vous publiez cet article, vous ne pourrez vous cacher nulle part. Mais avant de s’occuper de vous, on rendra visite à toute votre famille. » Dans la première scène de Tokyo Vice, saisie par la caméra nerveuse de Michael Mann, Jake, jeune journaliste américain embauché par un grand quotidien nippon, est menacé de mort par le chef d’un puissant clan yakuza. Adaptation de l’enquête de Jake Adelstein (Tokyo Vice, un journaliste américain sur le terrain de la police japonaise, éd. Marchialy, 2016), reporter pour le Yomiuri Shimbun durant les années 1990, cette minisérie créée par le dramaturge J.T. Rogers nous plonge dans les arcanes criminelles de la capitale japonaise. Un monde intrigant et inquiétant, où se côtoient une presse minée par l’autocensure, une pègre avec pignon sur rue et une police souvent contrainte de regarder ailleurs. Un polar qui rafraîchit les codes du genre, au croisement de l’ultime saison très journalistique de The Wire et de l’intense True Detective. Descendante sérielle de Spotlight (2015) ou de Révélations (1999), Tokyo Vice s’inscrit dans la tradition de l’enquête journalistique basée sur des faits réels – en y rajoutant une bonne dose de fiction. Elle retrace le travail d’un véritable reporter (Jake Adelstein, incarné par Ansel Elgort), sans cesse sur la brèche, conforme à l’archétype du héros armé de sa seule carte de presse, prêt à tout pour faire éclater la vérité. Y compris à devenir le partenaire informel d’un flic expérimenté et rugueux (Ken Watanabe) qui, pour maintenir la paix entre les familles mafieuses, entretient de bonnes relations avec les oyabuns – les chefs de clan. C’est quand elle ausculte cette zone floue où le journaliste collabore avec la police, ou est transformé en arme silencieuse par la pègre, que la série est la plus réussie. Jake Adelstein a grandi dans le Missouri, région agricole du Midwest américain. La métropole tokyoïte est pour lui – et pour le téléspectateur français – une fourmilière où chacun est censé connaître sa place… et y rester. Ce vingtenaire impétueux, silhouette dégingandée, costume-cravate débraillé et japonais hésitant, va devoir s’intégrer à une rédaction au fonctionnement très strict, dirigée par des chefs autoritaires, sexistes et racistes. Le décalage entre les manières de ce gaijin (le nom péjoratif donné aux Blancs) sans-gêne et une société ultra codifiée octroie à Tokyo Vice un brouillage des repères, un flottement façon Lost in translation, tour à tour comique et dramatique. Les yakuzas, des criminels singuliers Les valeurs ancestrales et l’élégance des mafieux japonais ont inspiré des longs métrages aux Japonais (Kurosawa, Kitano) comme aux Américains (Tarantino, Pollack) – on préfère oublier leur passage par Marseille dans Taxi 2. En revanche, à l’exception de l’anglo-nippone Giri / Haji (Netflix) et de quelques épisodes de polars comme Hawaï 5-0, ils sont plus rares dans les séries. L’approche quasi documentaire de Tokyo Vice confirme que le décorum des yakuzas n’est pas une licence romanesque, tout en profitant du côté cinégénique de ces antagonistes qui fascine particulièrement le public occidental, pour lequel les mafieux italo-américains semblent ne plus avoir de secrets. Afin de donner plus de place aux femmes dans une histoire d’hommes – la rédaction du quotidien Yomiuri Shimbun, la police et la pègre sont quasi exclusivement masculines –, Tokyo Vice accentue, par rapport à son modèle littéraire, le rôle des clubs d’hôtesses où viennent s’encanailler les truands tokyoïtes. J.T. Rogers imagine notamment un personnage absent de l’essai de Jake Adelstein, Samantha Porter (Rachel Keller), escort américaine au parcours étonnant, confidente de certains yakuzas et donc source inestimable d’informations pour le journaliste. Un autre pas de côté pour la série, qui s’appuie sur la tradition des geishas pour renouveler et rendre plus forte la figure de la prostituée informatrice. Tokyo Vice, saison 1, drame créé par J.T. Rogers, USA, 8 × 50 mn.
Année : 2022
De : Hikari
Avec : Ansel Elgort, Ayumi Tanida, Ella Rumpf, Itô Hideaki, Jessica Hecht, Ken Watanabe, Kosuke Tanaka, Rachel Keller, Rinko Kikuchi, Shun Sugata, Shô Kasamatsu, Takaki Uda
Télévision : 26 octobre à 06:26-07:28 sur Canal +
série policière
Tout le monde paye. Saison:1 - Episode:5 - Lorsque Jake Adelstein aide à révéler l'identité de la taupe de Chihara-Kai, il doit peser les risques d'accepter une faveur en retour d'Ishida. Cette attitude va-t-elle compromettre des choses dans l'implication de Jake dans ses relations avec le monde des yakuzas ? De son côté, Samantha tente de régler son problème avec Matsuo. Par ailleurs, le recrutement de Sato se termine par une leçon de loyauté dévastatrice. - Critique : « Si vous publiez cet article, vous ne pourrez vous cacher nulle part. Mais avant de s’occuper de vous, on rendra visite à toute votre famille. » Dans la première scène de Tokyo Vice, saisie par la caméra nerveuse de Michael Mann, Jake, jeune journaliste américain embauché par un grand quotidien nippon, est menacé de mort par le chef d’un puissant clan yakuza. Adaptation de l’enquête de Jake Adelstein (Tokyo Vice, un journaliste américain sur le terrain de la police japonaise, éd. Marchialy, 2016), reporter pour le Yomiuri Shimbun durant les années 1990, cette minisérie créée par le dramaturge J.T. Rogers nous plonge dans les arcanes criminelles de la capitale japonaise. Un monde intrigant et inquiétant, où se côtoient une presse minée par l’autocensure, une pègre avec pignon sur rue et une police souvent contrainte de regarder ailleurs. Un polar qui rafraîchit les codes du genre, au croisement de l’ultime saison très journalistique de The Wire et de l’intense True Detective. Descendante sérielle de Spotlight (2015) ou de Révélations (1999), Tokyo Vice s’inscrit dans la tradition de l’enquête journalistique basée sur des faits réels – en y rajoutant une bonne dose de fiction. Elle retrace le travail d’un véritable reporter (Jake Adelstein, incarné par Ansel Elgort), sans cesse sur la brèche, conforme à l’archétype du héros armé de sa seule carte de presse, prêt à tout pour faire éclater la vérité. Y compris à devenir le partenaire informel d’un flic expérimenté et rugueux (Ken Watanabe) qui, pour maintenir la paix entre les familles mafieuses, entretient de bonnes relations avec les oyabuns – les chefs de clan. C’est quand elle ausculte cette zone floue où le journaliste collabore avec la police, ou est transformé en arme silencieuse par la pègre, que la série est la plus réussie. Jake Adelstein a grandi dans le Missouri, région agricole du Midwest américain. La métropole tokyoïte est pour lui – et pour le téléspectateur français – une fourmilière où chacun est censé connaître sa place… et y rester. Ce vingtenaire impétueux, silhouette dégingandée, costume-cravate débraillé et japonais hésitant, va devoir s’intégrer à une rédaction au fonctionnement très strict, dirigée par des chefs autoritaires, sexistes et racistes. Le décalage entre les manières de ce gaijin (le nom péjoratif donné aux Blancs) sans-gêne et une société ultra codifiée octroie à Tokyo Vice un brouillage des repères, un flottement façon Lost in translation, tour à tour comique et dramatique. Les yakuzas, des criminels singuliers Les valeurs ancestrales et l’élégance des mafieux japonais ont inspiré des longs métrages aux Japonais (Kurosawa, Kitano) comme aux Américains (Tarantino, Pollack) – on préfère oublier leur passage par Marseille dans Taxi 2. En revanche, à l’exception de l’anglo-nippone Giri / Haji (Netflix) et de quelques épisodes de polars comme Hawaï 5-0, ils sont plus rares dans les séries. L’approche quasi documentaire de Tokyo Vice confirme que le décorum des yakuzas n’est pas une licence romanesque, tout en profitant du côté cinégénique de ces antagonistes qui fascine particulièrement le public occidental, pour lequel les mafieux italo-américains semblent ne plus avoir de secrets. Afin de donner plus de place aux femmes dans une histoire d’hommes – la rédaction du quotidien Yomiuri Shimbun, la police et la pègre sont quasi exclusivement masculines –, Tokyo Vice accentue, par rapport à son modèle littéraire, le rôle des clubs d’hôtesses où viennent s’encanailler les truands tokyoïtes. J.T. Rogers imagine notamment un personnage absent de l’essai de Jake Adelstein, Samantha Porter (Rachel Keller), escort américaine au parcours étonnant, confidente de certains yakuzas et donc source inestimable d’informations pour le journaliste. Un autre pas de côté pour la série, qui s’appuie sur la tradition des geishas pour renouveler et rendre plus forte la figure de la prostituée informatrice. Tokyo Vice, saison 1, drame créé par J.T. Rogers, USA, 8 × 50 mn.
Année : 2022
De : Hikari
Avec : Ansel Elgort, Ayumi Tanida, Ella Rumpf, Itô Hideaki, Jessica Hecht, Ken Watanabe, Kosuke Tanaka, Rachel Keller, Rinko Kikuchi, Shun Sugata, Shô Kasamatsu, Takaki Uda