Goswami Shahana : passages TV

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Jeudi dernier
 

Santosh

Télévision : 17 avril à 01:13-03:16 sur Canal +

film policier

Dans une bourgade du nord de l'Inde. Après le décès tragique de son époux, Santosh, 28 ans, se voit offrir la possibilité par la loi de reprendre le poste de ce dernier au sein de la police, une opportunité qu'elle se résout à saisir. Lorsqu'elle est appelée sur le lieu du meurtre d'une jeune fille de caste inférieure, Santosh se retrouve plongée dans une enquête tortueuse aux côtés de la charismatique inspectrice Sharma, qui la prend sous son aile. Alors que les agents de leur commissariat refusent de s'investir dans cette affaire, les deux femmes décident, quant à elles, de poursuivre les investigations seules... - Critique : Repéré dans la sélection Un certain regard du dernier Festival de Cannes, Santosh s’inscrit dans un genre pléthorique et polymorphe, le polar, auquel il contribue d’un point de vue inédit. Premier long métrage de fiction d’une Anglo-Indienne issue du documentaire, déjà autrice d’un beau court métrage (The Field, en 2018), le film s’attache en effet aux pas d’une jeune femme, Santosh (Shahana Goswami), après que son mari, policier, a péri durant une émeute. Une loi dite de « recrutement compassionnel » permet à la veuve, sans emploi ni enfant, d’hériter du poste du défunt, moyennant une formation empirique propice à étudier l’institution. Laquelle se révèle gangrenée par la corruption, la misogynie et le classisme, reflet d’une société dont la réalisatrice Sandhya Suri sonde la violence jusque dans l’âme de son héroïne. Située dans une zone rurale du nord de l’Inde, l’intrigue criminelle saisit davantage par sa dimension sociale et politique que par son suspense ou sa résolution. À travers l’assassinat sordide d’une adolescente dalit, membre d’une communauté précaire et maltraitée, la réalisatrice brasse des enjeux indémêlables : droits des femmes, système des castes et intolérance religieuse. Un garçon musulman fait rapidement figure de suspect idéal. Sa culpabilité arrangerait tout le monde, à commencer par la nouvelle enquêtrice en chef, Sharma (Sunita Rajwar). Flic expérimentée, calculatrice, brutale, mais aussi avocate autoproclamée de la cause féministe, cette dernière prend Santosh sous son aile et l’enveloppe d’une attention rugueuse. Élites coupables et chaleur accablante Entre modèle et repoussoir, ce personnage passionnant d’ambiguïté guide la novice dans un apprentissage tortueux. C’est l’indéniable talent de Sandhya Suri : dessiner, sans grand discours, la trajectoire intime d’une fille ordinaire qui se révèle sous l’uniforme et n’aime pas forcément ce qu’elle découvre. De fait, Santosh est tour à tour cette néo-détective qui se risque en solo, sans arme, à une filature nocturne dans un bouge répugnant, et cette spectatrice passive, bientôt partie prenante, d’une interminable séance de torture… Réduisant les élites coupables à un arrière-plan systémique, le film captive grâce à son duo d’actrices, ses décors naturels accablés de chaleur, mais se distingue aussi, voire surtout, par de mémorables embardées hors piste. Comme lorsque Santosh, dévisagée par un type patibulaire dans un restaurant, engloutit méthodiquement une plâtrée de lentilles, pour la recracher aussitôt et obliger l’homme à baisser les yeux. Ou qu’elle observe des amoureux sur un quai de gare, qui apparaissent et disparaissent entre les wagons d’un train de marchandises filant à toute allure. Images d’un bonheur intermittent, d’un avenir en pointillé peut-être, et superbe idée de mise en scène.

Année : 2024

Avec : Anamika Gupta, Arbaaz Khan, Goswami Shahana, Kuldeep Saini, Kushal Dubey, Manjul Azad, Nawal Shukla, Prashant Kumar, Pratibha Awasthy, Sanjay Bishnoi, Shashi Beniwal, Sunita Rajwar