Télévision : 9 février à 01:30-03:25 sur Canal +
film : drame
Plus de quatre décennies ont passé depuis son dernier séjour dans son quartier napolitain. Felice a grandi, sa vie en Egypte l'a transformé, mais ses racines sont italiennes et l'amènent à revenir voir sa mère. Sur place, il rencontre le prêtre Don Luigi et retrouve également Oreste, un ami d'enfance qui est devenu entre-temps un des chefs de la mafia locale, la Camorra. Lorsque Felice confesse au prêtre l'événement qui le hante depuis des années, un odieux crime dont il a été témoin, celui-ci le met à la porte. Souhaitant se réconcilier avec son passé, Felice décide de parler avec Oreste, avec lequel il a commis sa plus grosse erreur... - Critique : Il y avait déjà un Nostalghia illustre : le film le plus italien du Russe Andreï Tarkovski, sorti en 1983. Il y aura désormais ce Nostalgia 100 % italien, sans lien aucun, mais qui partage avec son devancier une beauté ténébreuse. Naples en est le décor envoûtant et le sujet effrayant, tant l’ombre de la mafia tournoie et menace. Le réalisateur Mario Martone filme le retour d’un homme après des décennies au loin (on apprendra peu à peu les raisons d’un tel exil), sa déambulation parmi les vestiges et les fantômes. Et soudain, l’existence que Felice a construite en Égypte (mariage, réussite professionnelle, prospérité, conversion à l’islam) l’attire moins que ce passé. Retrouver Naples, où il a grandi jusqu’à ses 15 ans, devient pour lui une expérience presque mystique, entre l’extrême fragilité de sa vieille mère, ancienne couturière, pas vue depuis quarante ans, et la contemplation mélancolique d’un lieu qui, à bien des égards, n’a pas changé, hanté par les images de sa jeunesse : dolce vita, mais aussi délinquance et violence. Dans la première chambre d’hôtel qu’il occupe à son arrivée, Felice (impressionnant Pierfrancesco Favino, le Traître de Marco Bellocchio) a ce geste étrange : retirer sa montre et la déposer dans le coffre-fort. Dès lors s’ouvre, pour ce ce personnage à la fois humain et lointain, un temps hors du temps. Qui permet au cinéaste de mêler avec une fluidité bouleversante des époques éloignées. Au fil des jours, puis des semaines, le fils quinquagénaire prend soin de sa mère comme d’un enfant, lui donne le bain, lui lave les cheveux, l’habille puis lui trouve un logement confortable et s’y installe avec elle : autant de scènes sublimes qui semblent rebattre in extremis les cartes du destin et dessiner une version alternative de ce que fut la vie des deux personnages. Le nuancier prend des tons autrement sombres dès qu’il s’agit de la Camorra, mafia locale qui tient la ville sous son emprise, surtout le quartier de la Sanità, où se déroule l’essentiel du film. Seul un prêtre héroïque (inspiré d’une figure bien réelle) ose encore défier l’organisation en fédérant par des activités quotidiennes une partie de la population, dont la jeunesse désœuvrée. Felice découvre ainsi que son grand ami d’enfance, un ragazzo prénommé Oreste, est devenu un terrifiant chef mafieux, caché on ne sait où, à quelques rues de là. Tous lui conseillent de ne pas chercher à l’approcher. Mais rien ne compte davantage pour Felice que de revoir Oreste. La détermination du personnage demeure la plus belle énigme de Nostalgia, même quand un flash-back explicite le drame sanglant ayant réuni puis séparé les deux adolescents d’autrefois. Un faisceau de questions cruciales et sans réponse accompagnera les retrouvailles. Aspiration au rachat ou au pardon, rêve de fraternité apaisée, désir de ressusciter une fusion intense, attrait funeste pour les causes perdues… Toutes les hypothèses planent au-dessus de cette séquence imprévisible, point d’orgue d’un film où les sentiments d’enracinement et d’appartenance dépassent l’instinct de survie. Mario Martone, lui-même napolitain, comme Ermanno Rea, l’auteur (défunt) du roman qu’il adapte, a placé en exergue ces mots troublants de Pier Paolo Pasolini : « La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne possède rien. »
Année : 2022
Avec : Artem Tkachuk, Aurora Quattrocchi, Di Francesco, Emanuele Palumbo, Giuseppe D'Ambrosio, Ioia Daniela, Nello Mascia, Pierfrancesco Favino, Sofia Essaïdi, Striano Salvatore, Tommaso Ragno, Virginia Apicella
Télévision : 9 février à 01:30-03:24 sur Canal +
film : drame
Plus de quatre décennies ont passé depuis son dernier séjour dans son quartier napolitain. Felice a grandi, sa vie en Egypte l'a transformé, mais ses racines sont italiennes et l'amènent à revenir voir sa mère. Sur place, il rencontre le prêtre Don Luigi et retrouve également Oreste, un ami d'enfance qui est devenu entre-temps un des chefs de la mafia locale, la Camorra. Lorsque Felice confesse au prêtre l'événement qui le hante depuis des années, un odieux crime dont il a été témoin, celui-ci le met à la porte. Souhaitant se réconcilier avec son passé, Felice décide de parler avec Oreste, avec lequel il a commis sa plus grosse erreur... - Critique : Il y avait déjà un Nostalghia illustre : le film le plus italien du Russe Andreï Tarkovski, sorti en 1983. Il y aura désormais ce Nostalgia 100 % italien, sans lien aucun, mais qui partage avec son devancier une beauté ténébreuse. Naples en est le décor envoûtant et le sujet effrayant, tant l’ombre de la mafia tournoie et menace. Le réalisateur Mario Martone filme le retour d’un homme après des décennies au loin (on apprendra peu à peu les raisons d’un tel exil), sa déambulation parmi les vestiges et les fantômes. Et soudain, l’existence que Felice a construite en Égypte (mariage, réussite professionnelle, prospérité, conversion à l’islam) l’attire moins que ce passé. Retrouver Naples, où il a grandi jusqu’à ses 15 ans, devient pour lui une expérience presque mystique, entre l’extrême fragilité de sa vieille mère, ancienne couturière, pas vue depuis quarante ans, et la contemplation mélancolique d’un lieu qui, à bien des égards, n’a pas changé, hanté par les images de sa jeunesse : dolce vita, mais aussi délinquance et violence. Dans la première chambre d’hôtel qu’il occupe à son arrivée, Felice (impressionnant Pierfrancesco Favino, le Traître de Marco Bellocchio) a ce geste étrange : retirer sa montre et la déposer dans le coffre-fort. Dès lors s’ouvre, pour ce ce personnage à la fois humain et lointain, un temps hors du temps. Qui permet au cinéaste de mêler avec une fluidité bouleversante des époques éloignées. Au fil des jours, puis des semaines, le fils quinquagénaire prend soin de sa mère comme d’un enfant, lui donne le bain, lui lave les cheveux, l’habille puis lui trouve un logement confortable et s’y installe avec elle : autant de scènes sublimes qui semblent rebattre in extremis les cartes du destin et dessiner une version alternative de ce que fut la vie des deux personnages. Le nuancier prend des tons autrement sombres dès qu’il s’agit de la Camorra, mafia locale qui tient la ville sous son emprise, surtout le quartier de la Sanità, où se déroule l’essentiel du film. Seul un prêtre héroïque (inspiré d’une figure bien réelle) ose encore défier l’organisation en fédérant par des activités quotidiennes une partie de la population, dont la jeunesse désœuvrée. Felice découvre ainsi que son grand ami d’enfance, un ragazzo prénommé Oreste, est devenu un terrifiant chef mafieux, caché on ne sait où, à quelques rues de là. Tous lui conseillent de ne pas chercher à l’approcher. Mais rien ne compte davantage pour Felice que de revoir Oreste. La détermination du personnage demeure la plus belle énigme de Nostalgia, même quand un flash-back explicite le drame sanglant ayant réuni puis séparé les deux adolescents d’autrefois. Un faisceau de questions cruciales et sans réponse accompagnera les retrouvailles. Aspiration au rachat ou au pardon, rêve de fraternité apaisée, désir de ressusciter une fusion intense, attrait funeste pour les causes perdues… Toutes les hypothèses planent au-dessus de cette séquence imprévisible, point d’orgue d’un film où les sentiments d’enracinement et d’appartenance dépassent l’instinct de survie. Mario Martone, lui-même napolitain, comme Ermanno Rea, l’auteur (défunt) du roman qu’il adapte, a placé en exergue ces mots troublants de Pier Paolo Pasolini : « La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne possède rien. »
Année : 2022
Avec : Artem Tkachuk, Aurora Quattrocchi, Di Francesco, Emanuele Palumbo, Giuseppe D'Ambrosio, Ioia Daniela, Nello Mascia, Pierfrancesco Favino, Sofia Essaïdi, Striano Salvatore, Tommaso Ragno, Virginia Apicella
Cinéma : 25 décembre 2019
Editeur : Les Films du Camelia
Année : 2017
De : Vincenzo Marra
Avec : Mimmo Borrelli, Roberto Del Gaudio, Giuseppe D'Ambrosio, Astrid Meloni, Paolo Sassanelli