Télévision : 5 septembre 2022 à 22:35-01:05 sur Arte
film d'aventures
Au début du XXe siècle, à Iquitos, petite ville péruvienne perdue dans la jungle. Brian Fitzgerald, dit "Fitzcarraldo", ancien ingénieur devenu aventurier, poursuit un rêve fou : faire construire un opéra au beau milieu de la forêt, et y faire chanter le grand Caruso. N'ayant plus aucune fortune personnelle, Fitzcarraldo emprunte de l'argent à Molly, une tenancière de maison close. Il lui faut en effet se procurer un bateau afin d'atteindre la concession de caoutchouc dont il espère tirer de substantiels revenus. Voilà la petite troupe partie sur les eaux du fleuve Pachitea. Mais avant de parvenir à bon port, l'équipage devra faire passer l'embarcation par-dessus une colline... - Critique : Jacques Rivette dit qu’un film est aussi un documentaire sur son propre tournage. La formule se révèle plus que jamais pertinente pour Fitzcarraldo, qui, en 1982, marqua l’apogée de la carrière de Werner Herzog, avant une lente dégringolade artistique et commerciale. L’épopée de Brian Sweeney Fitzgerald, aventurier mélomane qui rêve de construire un opéra dans la forêt amazonienne au début du xxe siècle, n’aurait pas atteint cette puissance baroque sans les péripéties dantesques qui ont frappé sa production – recension non exhaustive : le plateau incendié par les Indiens aguarunas ; l’acteur Jason Robards, au bord de la folie, rapatrié aux États-Unis ; les Indiens engagés sur le tournage qui proposent à Herzog de tuer la gargouille humaine Klaus Kinski, parce qu’il les terrifie ; le bateau qui manque de se briser dans les rapides avec huit personnes (dont le réalisateur) à son bord, etc. Après un prologue poussif de quarante-cinq minutes, le film multiplie les morceaux de bravoure (la voix de Caruso qui fait taire les tambours de la jungle, les pirogues des Jivaros qui encerclent le bateau à vapeur…), mais Herzog semble n’avoir tourné Fitzcarraldo que pour une scène : celle, insensée et pourtant authentique, d’un bateau qui franchit une montagne. Le symbole éclatant du cinéma selon Herzog : un art plus grand que la vie, où la volonté du créateur parvient à dompter les éléments, où l’imaginaire prend le dessus sur la réalité et ses contraintes. Suivi, à 1h05, d’un autre film de Werner Herzog, le documentaire Le petit Dieter a la tête dans les nuages (1997).
Année : 1982
Avec : Berling Peter, Claudia Cardinale, David Pérez Espinosa, Grande Otelo, Huerequeque Enrique Bohorquez, José Lewgoy, Klaus Kinski, Miguel Ángel, Milton Nascimento, Paul Hittscher, Ruy Polanah, Salvador Godínez