Abdoulaye Diakhaté : passages TV

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Twist à Bamako

Télévision : mercredi 23 octobre à 02:25-04:30 sur France 3

film : drame

En ce début des années 1960, la capitale malienne jouit d'une relative accalmie après les événements ayant récemment conduit à l'indépendance du pays. Samba, un commerçant prospère de la ville, fait la rencontre de Lara alors qu'il se rend dans la brousse. Désireuse de quitter sa famille qui l'a promise à un mariage arrangé, cette dernière parvient à convaincre Samba de l'aider à fuir. Quelques temps plus tard, les deux se recroisent dans un bar de Bamako, lui venant noyer ses problèmes dans l'alcool, elle profitant de sa liberté fraîchement acquise. Les deux promettent ce soir là de ne plus se quitter... - Critique : Les derniers films de Robert Guédiguian, deux longs métrages d’hiver et de nuit, deux fictions du réel sur la société française des années 2010 confrontée au drame des migrants (La Villa) et aux inégalités ravageuses (Gloria Mundi), avaient impressionné par leur noirceur. Twist à Bamako est au contraire une œuvre solaire. Où le cinéaste marseillais délaisse pour un temps sa ville natale et sa chère bande de l’Estaque afin de reconstituer les premiers temps des indépendances en Afrique noire. En 1962, le premier président de la république du Mali ne veut pas seulement s’émanciper de la tutelle française : Modibo Keïta entreprend de bouleverser les structures économiques et les mœurs de son pays, aussi féodales les unes que les autres, pour l’ancrer dans la modernité et la justice sociale. Samba, fils d’un riche commerçant de la capitale, parcourt les campagnes pour promouvoir l’idéal socialiste auprès de paysans pas forcément réceptifs. En pays bambara, le cadre révolutionnaire a le coup de foudre pour Lara, une jeune femme mariée de force qui rêve de liberté… C’est un moment d’utopie en action, une parenthèse enchantée dans l’histoire d’un continent marqué par les tragédies, que fait revivre Robert Guédiguian dans cette chronique historique portée par le dynamisme et le charme de ses comédiens vingtenaires, Stéphane Bak et la révélation Alice Da Luz en tête. Le réalisateur a transmis à ses personnages son credo : « Pour moi, la recherche du plaisir compte depuis toujours dans le fait d’accomplir toute chose » (1). Ici, le militantisme est donc indissociable de la fête et, plus particulièrement, du twist, dansé jusqu’à l’aube malgré la réprobation des grincheux de tous bords. Le regard plein d’empathie du cinéaste n’empêche pas sa lucidité sur le pouvoir corrupteur des chefs de village ou des notables urbains, qui s’accommodent tous fort bien d’un colonialisme persistant, ou sur le sort terrible réservé aux femmes maliennes, en 1962 comme aujourd’hui. Le didactisme des dialogues est parfois appuyé, mais en s’inspirant avec brio des images du photographe Malick Sidibé pour sa mise en scène, Guédiguian propose un bel hommage à cette jeunesse d’hier dont les aspirations font écho à celle d’aujourd’hui.

Année : 2021

Avec : Abdoulaye Diakhaté, Ahmed Dramé, Alassane Gueye, Alicia Da Luz Gomes, Bak Stéphane, Bakary Diombera, Ben Sultan, Diouc Koma, Isaka Sawadogo, Packa Miveck, Saabo Balde, Youssouf Djoara Mbadi