Télévision : lundi 24 février à 22:45-00:30 sur Arte

film : comédie dramatique

En ce bel été anglais de 1694, Neville, jeune dessinateur plein d'avenir bien qu'un peu indolent, savoure l'hospitalité offerte par les Herbert dans leur magnifique demeure de Compton Anstey. Il se voit prié par madame Herbert de réaliser douze dessins, douze représentations fidèles de leur superbe jardin. En échange de quoi, il sera rémunéré non seulement en espèces sonnantes et trébuchantes, mais aussi en nature, laquelle s'est montrée généreuse envers la dame. Neville se met au travail, sans s'apercevoir que ce paysage trop ordonné recèle d'étranges objets : des fragments de vêtements, une paire de bottes, une échelle, autant d'accessoires incongrus dans ce paysage bien ordonné, et dont le peintre reproduit fidèlement, sans la comprendre, la présence insolite. La fille de son hôtesse lui explique alors quels mystères se cachent là... - Critique : Mrs Herbert, épouse délaissée par un riche aristocrate anglais, passe un curieux marché avec Mr Neville, peintre paysagiste réputé : elle lui commande huit dessins de la propriété, qu'elle paiera au prix fort, en argent et avec son corps. Peu à peu, le marché s'avère encore moins innocent que prévu. Meurtre dans un jardin anglais révéla Peter Greenaway au grand public (éclairé), permettant à ce créateur érudit et éclectique (à la fois peintre, décorateur, muséographe...) de faire la carrière de cinéaste que l'on connaît. Le film est inclassable : l'étude psychologique s'y enrichit d'une énigme policière, la réflexion sur l'art est accompagnée d'un marivaudage pervers... La mise en scène prend la forme rigoureuse d'une composition géométrique : elle rejoint le découpage des cadres à perspective qu'utilise le héros, et sa systématisation est soulignée par la musique obsédante de Michael Nyman. Ce dispositif - premier jalon d'une réflexion sur le point de vue qui traversera toute l'oeuvre de Greenaway - permet de tenir le spectateur en haleine, de le rendre de plus en plus attentif. Comme dans un jeu des sept erreurs, il s'agit de guetter le détail qui fera sens : une échelle dans un tableau, une paire de bottes abandonnée en plein champ, la silhouette d'un homme en habit de cour, victime putative à laquelle il ne manque plus qu'un visage... Mais ici la résolution de l'énigme a moins d'importance que sa construction ; en d'autres termes, la mise en scène compte plus que le récit. Ce sont les limites d'un film à la fois brillant et vain, auquel on peut rester hermétique.

Année : 1982

Avec : Anne-Louise Lambert, Anthony Higgins, Dave Hill, David Gant, David Meyer, Hugh Fraser, Janet Suzman, Lynda La, Neil Cunningham, Nicolas Amer, Suzan Crowley, Tony Meyer