Télévision : 15 février à 00:43-02:32 sur C8
film : comédie dramatique
C'est en effectuant une livraison de sushis à l'opéra Garnier qu'Antoine va faire une rencontre qui va changer sa vie. Cet étudiant issu des quartiers de la banlieue parisienne jongle entre son métier de livreur et ses combats de rap. Il tombe nez à nez avec madame Loyseau. Cette professeur de chant décèle chez ce dernier un talent brut et décide, contre l'avis de nombreuses personnes, de développer son potentiel. Mais pour cela, Antoine va devoir cacher ses allées et venues à ses proches car, pour eux, l'opéra reste un endroit pour les gens aisés, loin de leur monde. Malgré ces difficultés, il donne tout pour réussir... - Critique : Antoine vient de Bondy, travaille chez Sushi Shop dans le 9e arrondissement de Paris après ses cours de comptabilité et fait la vigie pendant les combats de boxe clandestins de son grand frère. Le soir, le jeune homme monte sur le ring à son tour lors de battles de rap musclées face aux poids lourds des cités voisines. Son quotidien semble réglé comme du papier à musique. Jusqu’au jour où, au détour d’une commande de makis qui l’égare dans les dédales luxueux de l’Opéra Garnier, il tombe nez à nez avec une professeure de chant lyrique qui entraperçoit son potentiel. Et le prend immédiatement sous son aile. Un ténor est né. Enfin, pour l’instant, le nouveau chanteur ne sait pas situer son diaphragme, ignore tout de sa colonne d’air et rit des exercices de mise en voix auxquels son mentor le soumet, lors de cours particuliers donnés dans un appartement bourgeois à la moquette épaisse et où les verres de vin, posés sur le vernis du piano demi-queue, se remplissent à l’infini. Inattendu, le face-à-face entre Michèle Laroque et MB14 se révèle bon enfant et joueur. Pour son premier rôle au cinéma, le rappeur et beatboxeur remarqué dans la saison 5 de The Voice se glisse dans la peau du Candide pas tout à fait naïf avec une humilité sincère. Étourdi par le faste d’un monde qui n’est pas le sien, relié seulement par le RER transfuge, Antoine-MB14 effectue une mue en douceur, avec aisance et force contenue. Comme une comédie « feel good » cousue de fil blanc, Ténor empile certes les clichés, certains désamorcés avec humour – intégré à l’Académie lyrique de l’Opéra, le personnage principal se présente comme la recrue de la « discrimination positive ». Et dans un décor propret, on frôle le manichéisme d’Emily in Paris, dont un des comédiens joue ici un petit rôle. Mais Claude Zidi Jr réussit à transmettre la passion de l’opéra avec générosité, sans craindre l’excès ni le kitsch. Les airs se succèdent, depuis celui de Pelléas et Mélisande, Mes longs cheveux descendent (interprété par la soprano et comédienne Marie Oppert, fraîchement nommée pensionnaire de la Comédie-Française), jusqu’au final des finals Nessun dorma (de Turandot) qui arrache toujours une larme, en passant par un extrait de Madame Butterfly et deux tours de chants offerts par l’illustre Roberto Alagna, qui donnera le coup de pouce enchanteur.
Année : 2022
Avec : Doudou Masta, Guillaume Duhesme, Louis de Lavignère, MB14, Marie Oppert, Maéva El Aroussi, Michèle Laroque, Oscar Copp, Rachid Guellaz, Roberto Alagna, Samir Decazza, Stéphane Debac