Télévision : 9 décembre à 23:51-00:40 sur TF1

série dramatique

Saison:1 - Episode:6 - L'assistante sociale a enfin validé la garde de Charly par son frère. De son côté, Olga, une femme d'affaires très puissante, a décidé de se positionner sur le projet d'hôtel spa du domaine apicole, un choix mûrement réfléchi de sa part. Les quatre garçons vont alors pouvoir définitivement arrêter l'Escort biz. Ils décident toutefois de faire une dernière passe chacun, le même soir. Il est temps que des masques tombent et que certaines vérités éclatent... - Critique : S’il fallait jouer les Darwin et situer la nouvelle série française de Prime Video parmi les maillons de la chaîne de l’évolution télévisuelle, elle occuperait assurément une place singulière. Quelque part entre une saga estivale façon Terre indigo et feu les fictions érotiques du dimanche soir sur M6, pas très loin d’Alphonse, de Nicolas Bedos, dernière proposition en date sur le segment « prostitution en famille », avec Pierre Arditi et Jean Dujardin en gigolos de père en fils. Escort Boys commence, de fait, comme un feuilleton des grandes vacances : pour sauver l’exploitation apicole camarguaise qu’il a reçue en héritage et pourvoir à la subsistance de sa jeune sœur dont lui revient la charge, Ben, un comédien à la carrière poussive, entreprend de trouver une activité plus rémunératrice. Puis très vite, l’histoire bascule dans une autre dimension : alors que des taureaux s’ébrouent au ralenti sur fond de soleil couchant, notre protagoniste choisit de devenir escort boy, entraînant quelques copains à sa suite. Et Charly, sa cadette lycéenne, mineure et accessoirement récemment orpheline, de s’improviser maquerelle de tout ce petit monde. Voilà pour les présentations. On peut difficilement reprocher aux créateurs Marc Syrigas, Ruben Alves et Yael Lebrati Attuil de s’être montrés timorés, qui assument crânement de faire de la prostitution masculine le sujet d’une comédie potache. Ping-pong de dialogues crus qui ne s’embarrassent jamais de détours, florilège de scènes de nudité masculine à l’esthétique clipesque, catalogue de fantasmes convoqués par les clientes successives – pourquoi pas ? Or, une fois formulée la promesse de tout dévoiler, Escort Boys n’effeuille en réalité pas grand-chose de ce qu’elle entend aborder frontalement. Jusqu’à faire du semi-proxénétisme d’une adolescente un parfait impensé… Stéréotypes et punchlines douteuses Derrière le ton décomplexé et goguenard, à travers le renversement des rôles genrés en matière de sexe tarifé, on devine l’ambition qu’avaient les scénaristes de déconstruire, via leur série, différents clichés sur les relations hommes-femmes, le désir des uns pour les autres, et vice-versa. C’est hélas assez grossièrement raté, l’effort de contre-proposition tournant vite à l’usinage de stéréotypes néo-réac et de punchlines douteuses. La femme d’affaires impitoyable campée par Caterina Murino le jour se révèle ainsi – forcément – une sévère dominatrice au lit, le port du préservatif est comparé à celui, si entravant pour les relations sociales, du masque chirurgical, le consentement verbalisé n’est conçu que comme un tue-l’amour… Pour estimer au mieux la modernité et la finesse d’exécution de l’ensemble, reste à goûter le discours que, dans le premier épisode, la grande bourgeoise incarnée par Carole Bouquet sert à sa fille, à qui elle vient d’offrir quatre escorts pour son anniversaire. « Les hommes n’osent plus vous draguer parce qu’ils ont peur de se faire traiter de harceleurs […] Parce que les jeunes femmes aujourd’hui rêvent toujours du prince charmant. Mais au nom de l’égalité, vous les castrez. » Escort Boys, créée par Marc Syrigas, Ruben Alves, Yaël Lebrati Attuil, d’après la série israélienne Johnny and the knights of Galilea (France, 2023, 6 x 40 mn). Réalisation : R. Alves. Sur Prime Video.

Année : 2023

De : Ruben Alves

Avec : Corentin Fila, Fleur Copin, Frédéric Fix, Guillaume Labbé, Ludivine de, Marysole Fertard, Nadia Roz, Olivier Cabassut, Simon Ehrlacher, Tatiana Goussef, Thibault Mollica, Thibaut Evrard