Télévision : vendredi 6 décembre à 17:15-19:15 sur Canal +

film : biographie

Au début des années 1890, à Paris. Jeune peintre adepte d'un style avant-gardiste qu'il promeut aux côtés d'autres artistes engagés, Pierre Bonnard possède un indéniable talent et semble promis à un bel avenir. Un jour, au détour d'une balade, il fait la connaissance de Marthe, une jeune et jolie fleuriste à laquelle il propose immédiatement de devenir son modèle. Flattée et séduite, celle-ci se laisse entraîner dans une relation avec Pierre qui en fait rapidement sa seule et unique muse. Marthe, enfermée dans d'inavouables mensonges, ignore à cet instant que cette romance va finir par provoquer sa propre perte... - Critique : Un élan admiratif traverse ce film qui s’ouvre, en 1893, sur les premiers traits de crayon graciles qu’inspire au peintre Pierre Bonnard (1867-1947) une inconnue rencontrée dans la rue qui deviendra sa femme, Marthe Bonnard (1869-1942). De l’immobilité de la séance de pose, jaillit un mouvement qui rapproche les corps, les lance dans une course vers le plaisir, la joie, la beauté. Et les fait entrer dans la ronde de la vie d’artiste, à cette époque miraculeuse où, depuis Giverny, Claude Monet pouvait descendre la Seine en barque jusqu’à Vernon pour déjeuner sous les arbres, chez les Bonnard. Dans de très belles lumières du chef-opérateur Guillaume Schiffman et avec un duo Cécile de France-Vincent Macaigne qui s’empare passionnément de ce couple célèbre, le réalisateur de Séraphine (2008) recrée un enchantement amoureux et pictural. Au lieu de se plier à l’exercice d’une traditionnelle biographie filmée, il nous invite à entrer dans la force de vie qui a fait naître une des œuvres les plus impressionnantes de l’histoire de la peinture. La muse, l’idole, l’amante délaissée, l’intendante… En cherchant cette vérité, c’est l’ombre que trouve Martin Provost. Le mystère d’un couple où la femme fut tout autant éclairée qu’éclipsée par un homme qui ne cessa jamais de l’aimer mais refusa de lui être fidèle, de lui donner un enfant et, pendant longtemps, de l’épouser. Aux côtés de Pierre Bonnard, Marthe ne trouva de place qu’en acceptant d’en changer sans cesse. Elle fut la muse, l’idole, l’amante délaissée, l’intendante préposée aux préoccupations pratiques, l’âme sœur aussi, lorsqu’elle osa peindre ses propres tableaux et s’affirmer sur le terrain du maître. Traversé par des interrogations très actuelles sur la condition féminine, cette chronique attentive d’une union qui dura plus d’un demi-siècle célèbre l’art sans l’idéaliser. L’aventure de Bonnard avec une jeune admiratrice au destin tragique, Renée Monchaty (Stacy Martin), vient révéler comment celui qu’on appelle d’une manière un peu simplificatrice « le peintre du bonheur » est un solitaire dont le génie coloriste se double d’une exigence inlassable, inflexible. Une dureté que Marthe comprend et semble citer en exemple quand elle reproche à la mécène Misia Sert (Anouk Grinberg) d’avoir négligé ses dons de pianiste en cédant aux plaisirs des mondanités. L’art implique des sacrifices : avec les Bonnard, Martin Provost nous parle d’une vie à deux où la peinture a pu prendre toute la place, un ménage à trois avec la création, offrant l’émerveillement en retour. Une histoire d’amour à nulle autre pareille, donnée à partager comme une éternelle source d’inspiration.

Année : 2023

Avec : André Marcon, Anouk Grinberg, Cécile De France, César Domboy, Grégoire Leprince-Ringuet, Hélène Alexandridis, Jonathan Frajenberg, Marcel Gonzalez, Peter Van, Stacy Martin, Stanislas Merhar, Vincent Macaigne