Télévision : 17 novembre à 22:35-00:10 sur France 5
film documentaire
Près d'un million et demi de Juifs ont été exterminés en URSS par les troupes allemandes, les SS ou leurs collaborateurs entre 1941 et 1945. Trente-huit auteurs soviétiques ont rédigé pendant la guerre un ''Livre noir'' consacré à la Shoah d'après un travail de collecte sur le terrain. L'ouvrage devait servir de preuve contre les nazis, après-guerre. La paranoïa de Staline ainsi que son antisémitisme ont empêché la publication du livre. Ses auteurs furent pour la plupart exécutés. Sorti miraculeusement des archives du KGB après 1990, le livre de mille pages démontre l'ampleur du génocide sur le territoire soviétique. Pourquoi l'a-t-on oublié ? - Critique : En 1943, en réaction à l’extermination systématique des Juifs par l’armée allemande sur le front de l’Est, les intellectuels du Comité antifasciste juif décident de consigner dans un Livre noir les récits de témoins des exactions nazies dans les territoires occupés. En deux ans, un manuscrit de mille pages est établi sous la direction des écrivains Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg, avec l’assentiment de Staline, qui y vit l’occasion d’accumuler des preuves contre le régime nazi pour les procès d’après guerre… avant de se retourner contre ses auteurs, arrêtés, assassinés, et d’interdire la publication du livre. La genèse de cette œuvre mémorielle monumentale, qui ne paraîtra pour la première fois en intégralité qu’en 1993, n’avait encore jamais été relatée par un film. Guillaume Ribot et son coscénariste Antoine Germa, conseillés par l’historien Tal Bruttmann, relèvent un sacré défi : raconter cet épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale tout en archives. Le résultat éblouit : un tissage brillant d’images principalement soviétiques (actualités, films de l’Armée rouge, extraits de documentaires et de fictions), minutieusement choisies, emmené par une narration épique captivante. Ribot et Germa excellent à conter les tragédies individuelles dans la grande Histoire, plaçant toujours l’humain au cœur de leur ample récit. Ainsi, Vassili Grossman n’y apparaît pas « seulement » en tant qu’éminent membre du Comité antifasciste juif et grand reporter sur le front. Il est aussi, à travers l’intimité de ses lettres et l’intensité sidérante de ses écrits de guerre, lus par un Mathieu Amalric sublime, un fils hanté par l’assassinat de sa mère en Ukraine et par la douleur de son absence.
Année : 2020
De : Guillaume Ribot