Télévision : 28 octobre à 21:25-23:55 sur TMC
film fantastique
Trahi lors de son combat face à Mystério, Spider-Man ne peut désormais plus se cacher. Son identité est maintenant connue de tous. Alors que le gouvernement est sur ses traces, désireux de le poursuivre pour meurtre, Peter Parker doit se résoudre à demander l'aide du docteur Strange afin d'élaborer un plan pour brouiller les esprits et ainsi faire oublier qui il est. Malheureusement, la tentative de ce dernier se transforme rapidement en fiasco, et les conséquences se révèlent désastreuses pour les deux, plongés, à la suite d'une malencontreuse manipulation qui a déréglé l'espace-temps, dans un univers inconnu et très effrayant... - Critique : Il y a une raison pour laquelle Spider-Man est notre super-héros favori. L’« Araignée sympa du quartier » est un surhomme faillible, enclin aux doutes provoqués par le passage à l’âge adulte, qui doit ne compter que sur lui-même, sans pour autant oublier les gens qui l’entourent, malgré les deuils à répétition qu’il subit. Ce sont ces messages simples qui avaient plu dans l’interprétation très nerd de Tobey Maguire (trois films entre 2002 et 2007), dans la sensibilité de l’injustement boudé Andrew Garfield (deux films en 2012 et 2014), et c’est ce qu’on aime dans le jeu actuel de Tom Holland, dont les deux précédents opus nous avaient plutôt convaincus. L’acteur anglais reprend une troisième fois son accent du Queens et réenfile les collants du Tisseur, après avoir été intégré à l’univers Marvel grâce à un accord entre les studios concurrents Sony et Disney. Ce qui fait de lui un Avenger, mais ce qui oblige aussi les trois films dans lesquels il tient la vedette à être connectés à une gigantesque trame de fond, commencée en 2008 avec Iron Man, et qui court jusqu’à ce vingt-septième (!) film. No Way Home introduit plutôt bien son intrigue, qui débute directement après les événements de Far From Home (2019) – quand le méchant Mysterio révélait au monde l’identité civile de Peter Parker – et les place dans un monde post-vérité et post-Avengers. La statue de la Liberté s’apprête à porter le bouclier de Captain America, le Docteur Strange réside toujours dans son sanctuaire magique new-yorkais et peut donc prêter main-forte à Peter Parker pour réparer sa vie. Le jeune héros tient à faire oublier au monde son identité, afin de permettre à sa petite amie et son meilleur ami de poursuivre leur vie… et leurs études au prestigieux MIT. Mais on s’englue vite dans la gigantesque toile tissée de film en film et d’univers en univers. Peu de place pour le plaisir Il en est d’ailleurs littéralement question : en tentant de jeter un sort d’amnésie, le sorcier et Spider-Man créent une brèche dans le « multivers » et laissent échapper dans leur monde les méchants des autres mondes – ou, plutôt, des autres franchises. La communication massive autour de la sortie – repoussée pour cause de Covid – de No Way Home avait gâché la surprise : tout le bestiaire cinématographique Spider-Man allait débarquer ensemble dans ce film. Ce n’est – presque ! – pas un spoiler de révéler que si les méchants se multiplient, les Peter Parker se comptent par trois, grâce au retour des deux précédents interprètes. C’est bien assez pour rappeler, comme à chacune de leurs apparitions, qu’il faut savoir garder ses convictions, accorder des secondes chances (même aux méchants) et admettre qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. L’intrigue un poil plus intéressante de No Way Home se joue en fait hors de l’écran, dans notre réalité : à travers la multitude de clins d’œil lassants qui font de ce film un peu ennuyeux une grande opération de « fan service », se raconte la méta-histoire de l’industrie hollywoodienne actuelle. Celle de studios qui s’opposent pour les droits d’exploitation de super-héros, mais, de temps à autre comme ici, s’allient. Sony, propriétaire de Spider-Man, prête son héros aux multiples interprètes, ses méchants et les franchises qui vont avec (dont Venom) à Disney, qui, avec ses Avengers depuis treize ans, fabrique moins des films qu’un canevas, dont il faut suivre le tissage au fil des longs métrages (et maintenant des séries), au risque d’être largué au prochain épisode. Plombé par cet embrouillamini, No Way Home laisse peu de place à l’expression artistique (même si Jon Watts a quelques bonnes idées de réalisation), voire au plaisir tout court. On en oublierait presque les hourras intérieurs (et extérieurs, pour peu que la salle soit remplie de fans, comme ce fut notre cas) de voir Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland voltiger dans le même plan. Même si leur cabotinage nous rappelle, malgré tout, que l’« Araignée sympa du quartier » reste notre héros préféré.
Année : 2021
De : Jon Watts
Avec : Alfred Molina, Benedict Cumberbatch, Jacob Batalon, Jamie Foxx, Jon Favreau, Marisa Tomei, Tom Holland, Willem Dafoe, Zendaya