Télévision : 17 avril à 20:55-23:00 sur Arte
film : drame
Anne et Georges, deux anciens professeurs de musique maintenant octogénaires, ne sortent guère plus de leur bel appartement parisien. Ils ont eu une fille, Eva, musicienne elle aussi, qui s'est installée à l'étranger. Un accident vasculaire cérébral conduit Anne à l'hôpital. Elle en revient diminuée, à demi-paralysée. Georges embauche une infirmière puis la renvoie, insatisfait de ses services. Se reposant seulement sur l'aide occasionnelle d'un couple de concierges, il vit peu à peu reclus. L'amour infini qui unit Anne et Georges entre dans sa dernière épreuve. Tandis que l'état de santé d'Anne se détériore lentement, Georges mobilise ses souvenirs... - Critique : GENRE : Ni avec toi ni sans toi. Les avis sont patagés Pour Anne et Georges ont passé des décennies ensemble. Soudain, la série d'accidents vasculaires dont Anne est victime les prive de ce qui faisait la saveur de leur vie à deux. Mais ne les prive pas de leur vie à deux. Pas encore. Le film montre comment le dépérissement et l'imminence de la mort resserrent le lien et renforcent l'autarcie. Comment un couple redevient, dans l'épreuve finale, une cellule fusionnelle, excluant les autres, même les proches supposés ou légitimes. Comme souvent avec Haneke, on voit le plus terrible, le plus dérangeant. Mais, et c'est moins fréquent chez le cinéaste, on voit aussi le plus familier, le plus tendre. A la fois les extrémités du quotidien partagé et les gestes extrêmes de l'amour. De l'amour, ou autre chose d'insondable... Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva sont au-delà des larmes, et d'autant plus impressionnants. Mais ils se fondent, humblement, dans le grand dessein de Haneke : livrer une sorte de témoignage fictionnel sur les confins de la condition humaine. Des images concrètes, mais aussi très mentales, qui nous hantent comme si elles étaient fichées dans nos cerveaux depuis toujours. Pour ceux qui hésiteraient encore à le voir, Amour n'est pas une visite de deux heures chez une vieille malade incurable et son mari, mais bien un film (Palme d'or à Cannes). Cathartique. Libérateur. Il est permis de prendre plaisir à ce cinéma funeste, de savourer intensément ses ténèbres. Comme l'a écrit le vieux Hegel : « C'est dans la gravité que l'on trouve le plus de joie. » — Louis Guichard Contre Quand Ingmar Bergman, jadis, montrait interminablement les hurlements de douleur d'une mourante, il avait un but : fustiger l'assourdissant silence de Dieu. Michael Haneke filme, lui aussi, des plaintes et des gémissements, mais, pas un instant, on ne comprend pourquoi. La spiritualité est étrangère à son oeuvre. Et l'indulgence, aussi. A quoi peut bien servir, alors, cet Amour qui en est si dépourvu ? Rappeler aux distraits et aux inconscients qu'avant de s'en aller sous terre nourrir les vers, ils risquent de finir leur vie en bavoir et couche-culotte ? Son film, c'est cette banalité ? Cette évidence ? Mais tout le monde le sait et le redoute, pas besoin que ce moralisateur sadique nous le rappelle avec tant de froideur et d'insensibilité. — Pierre Murat Ce programme est disponible sur MUBI.
Année : 2012
Avec : Alexandre Tharaud, Carole Franck, Dinara Drukarova, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Jean-Michel Monroc, Laurent Capelluto, Ramón Agirre, Rita Blanco, Suzanne Schmidt, William Shimell