Télévision : 3 janvier à 14:15-16:40 sur France 3

film de guerre

Quelques semaines avant le Débarquement, le major Reisman reçoit l'ordre d'accomplir une mission cruciale en territoire ennemi. Les hommes désignés pour l'accompagner ne sont pas des soldats d'élite, mais des déserteurs, des assassins et des violeurs, condamnés aux travaux forcés, voire à la peine capitale. Le haut commandement estime que, n'ayant pas grand-chose à perdre, ces hommes n'hésiteront pas à tout risquer dans une mission impossible. Désapprouvant ses supérieurs, le major Reisman n'en obéit pas moins à leurs ordres et emmène ses hommes dans un camp éloigné. Les conditions de vie sont dures et l'entraînement intensif. Une certaine solidarité s'installe. La mission se prépare au rythme des nombreuses répétitions. Au jour prévu, les hommes sont parachutés en Normandie... - Critique : Après le dynamitage du western (Vera Cruz, 1954) et celui du polar noir (En quatrième vitesse, 1955), Robert Aldrich s’attaque, en plein conflit du Vietnam, au film de guerre. Comme pour les autres genres, il en assimile avec virtuosité les codes, du moins ceux en vigueur dans les années 1960 — casting cinq étoiles et durée hors norme — pour mieux les subvertir de l’intérieur. Remise au goût du jour, depuis, par Tarantino et ses Inglourious Basterds (2009), l’histoire est celle d’une bande d’assassins, violeurs ou débiles libérés d’une prison de l’armée américaine en 1944 pour faire exploser un château breton rempli d’officiers nazis. La mission suicide est commanditée par une hiérarchie aussi pourrie qu’eux, incarnée par certains des méchants fétiches d’Aldrich (Lee Marvin, Ernest Borgnine). L’ambiance bon enfant des manœuvres militaires d’entraînement, les réjouissants jeux de rôle où les « salopards » trichent comme des cochons détonnent avec les atrocités guerrières du feu d’artifice final. L’humour potache se mue alors en ironie grinçante. L’héroïsme vole en éclats. Dans la carrière du cinéaste, c’est un tournant. Après le succès en salles, il achète ses propres studios et réalise en toute indépendance ses douze derniers films, que Claude Chabrol surnommait sa « dirty dozen » (référence au titre original), la part la plus brute de son œuvre.

Année : 1967

De : Robert Aldrich

Avec : Brown Jim, Cassavetes John, Charles Bronson, Donald Sutherland, Ernest Borgnine, George Kennedy, Lee Marvin, López Trini, Meeker Ralph, Richard Jaeckel, Robert Ryan, Telly Savalas