Télévision : 9 septembre 2023 à 01:40-03:30 sur France 3

film : comédie dramatique

Un bidonville romain avec vue sur la coupole de Saint-Pierre. Giacinto, le patriarche, vit avec les vingt membres de sa famille dans une bicoque de bois qui tient à peine debout. Il veille souvent, fusil en main, sur son magot, un million de lires qu'il a touchées comme indemnité après voir perdu un oeil. Chacun convoite le trésor et cherche à s'en emparer. Les rixes se suivent, tout comme les accouplements plus ou moins réguliers, dans la terrible promiscuité qui réunit la famille. Un jour, Giacinto ramène une prostituée monstrueusement obèse dans le lit conjugal et déclare qu'elle n'en bougera plus. C'en est trop pour l'épouse outragée, qui réunit un conseil de famille et fait statuer qu'il est temps que Giacinto meure, d'autant que le malotru est en train de dilapider son pactole pour les beaux yeux du monstre... - Critique : Quatre planches pourries au fond d’un bidonville avec vue sur le Vatican : une porcherie, dans laquelle Giacinto, le patriarche, et sa grouillante famille vivent comme des gorets. Dans la crasse et la promiscuité éclatent d’incessantes et féroces bagarres. Nuit et jour, Giacinto veille, fusil à la main, sur le petit magot que lui a rapporté la perte d’un œil. Les autres décident de lui faire la peau… Chaque scène du quotidien, au fond du cloaque, se transforme en sarabande obscène, chaque détail est un peu plus dégradant. Cet enfer de vermine et de dénuement moral, Ettore Scola le montre à coups d’images cinglantes comme des injures. La misère noire, ce n’est pas romanesque, c’est affreux, sale et méchant. Pamphlet impitoyable, le film livre un constat nihiliste et furibard, d’une cruelle drôlerie. Le scénario fourmille d’inventions à la fois sinistres et cocasses – quand, par exemple, Giacinto, empoisonné par les siens, s’auto-administre un lavage d’estomac à l’aide d’une pompe à vélo. Au fond de son trou à rats, le ­patriarche hirsute a des allures de roi shakespearien déchu. On a reproché au film son outrance. Il n’est que le miroir ricanant, à peine déformant, d’une société plus crasseuse que ceux qu’elle rejette.

Année : 1976

Avec : Alfredo D'Ippolito, Ettore Garofolo, Franco Annibaldi, Franco Merli, Giancarlo Fanelli, Giselda Castrini, Linda Moretti, Marco Marsili, Maria Bosco, Maria Luisa Santella, Marina Fasoli, Nino Manfredi