Télévision : 7 juillet 2023 à 22:10-00:15 sur France 4

film : comédie dramatique

Le soir de Noël 1960, dans la famille Beaulieu, au Québec, naît Zach, le quatrième fils. Très pieuse, la mère y voit même un signe du destin et est prête à attribuer au nouveau-né certains pouvoirs extraordinaires, notamment un don de guérison. Les années passent. Zach grandit entre un père bourru mais attachant et ses trois frères : l'intellectuel, le rebelle et le sportif. Quand sa mère accouche d'un cinquième garçon, Zach passe tout son temps avec le bébé. Un jour, son père le surprend en train d'essayer les robes de sa mère. Il entre dans une colère noire. A l'adolescence, Zach, qui se sent de plus en plus attiré par les garçons, tente de refouler ses désirs... - Critique : Au milieu des années 70, on découvrait à la télé ces Canadiens, les Tremblay, Gérard, Fernande et leurs cinq enfants en pleine crise de croissance. Une délicieuse sitcom avant l'heure, Les Tremblay, quelle famille ! Leurs dignes descendants arrivent sur le grand écran : les Beaulieu, Gervais et Laurianne, parents de cinq garçons qui poussent dans les années 70, un peu de travers : trop de lecture, trop de sport, trop de hasch, à chacun ses faiblesses. Cette chronique familiale a fait renaître le cinéma québécois. Le voilà avec sa générosité, son humour, sa vérité. Et avec Zachary, le quatrième fils Beaulieu, la grande invention de C.R.A.Z.Y.Le film raconte sa naissance, du 25 décembre 1960 au début des années 80. À 20 ans et des poussières, Zachary accouchera-t-il enfin de sa vraie personnalité ? Il passe son temps à la chercher, et c'est une sacrée aventure chez les Beaulieu, où personne n'a de mal à imposer la sienne. Le père, réglé comme une horloge, entonne du Charles Aznavour à la moindre occasion, la mère prépare des toasts au fer à repasser et prodigue de l'amour, les frères ont chacun leur genre, du bon au mauvais. Celui de Zachary balance entre tous les looks 70-80. Il est glam rock, comme son idole, David Bowie, il est punk, et parfois simplement cool, sans être baba. Sa mère dit qu'il a des pouvoirs de guérisseur, « parce qu'il est né le même jour que le Christ », mais Zachary souffre. Sous ses masques d'ado en révolte, c'est un gamin qui aime ses parents. Sous ses maquillages excentriques qui lui valent d'être traité de pédé, c'est un garçon qui se sent normal. Et sous ses airs de normalité, c'est un garçon qui se demande s'il n'est pas pédé.Le cinéaste Jean-Marc Vallée embrasse tout. Le folklore familial et la quête d'identité de Zachary, les moments heureux et l'évocation délicate de l'intolérance « qui vient du coeur », celle du père, incapable d'accepter la différence du fils. La mère, elle, le soutient, le porte comme s'il était encore dans son ventre : alors qu'il fait une crise d'asthme, elle l'aide à retrouver son souffle à distance. C'est une des nombreuses belles scènes du film. Elle en révèle la profonde sensibilité. Tout en jouant avec le destin qui ramène Zachary à l'église pour chacun de ses anniversaires, confondus avec la messe de Noël, Jean-Marc Vallée nous parle de croyance, et finira par entraîner son héros pop en pleine confusion jusqu'à Jérusalem pour une révélation. C.R.A.Z.Y. en est une. C'est le film d'un cinéaste qui aime les personnages hauts en couleur, les émotions vives, mais aussi les secrètes, et qui sait donner à chacun ses raisons, sans que sa générosité vire à la facilité. On appelle ça un don pour la comédie humaine.

Année : 2005

Avec : Alex, Danielle Proulx, Francis Ducharme, Hélène, Johanne, Marc-André Grondin, Mariloup Wolfe, Maxime, Michel, Natasha Thompson, Pierre-Luc Brillant, Émile Vallée