Télévision : 20 juin 2022 à 02:01-03:36 sur Canal +

film d'horreur

Justine, comme le reste de sa famille, est végétarienne. A 16 ans, la jeune femme, précoce, est reçue dans l'école vétérinaire où sa soeur aînée, Alexia, est déjà élève. Mais l'intégration est brutale : le bizutage commence en effet tout de suite pour Justine, qui ne peut pas compter sur le soutien de sa soeur et se retrouve forcée d'ingérer un morceau de viande crue. Cette expérience douloureuse n'est pas sans conséquences sur la jeune femme qui commence à développer un étrange comportement... - Critique : Certains se cachaient les yeux, ratatinés dans leurs sièges. Certains, emportés, ont applaudi follement dès la première ligne du générique de fin. Souvent, c'étaient les mêmes. A la Semaine de la critique, au dernier festival de Cannes, la jeune cinéaste française Julia Ducournau a fait sensation et remporté une brassée de prix, avec ce premier long métrage qui bouscule tout, nos habitudes de spectateurs autant que les codes du cinéma. Film de genre, film sans genre, objet insolite, hérissant, inspiré, Grave est une sombre rêverie sur le sang. Celui qu'on se transmet d'une génération à l'autre, celui qui marque la féminité. Et, bien sûr, le nectar rouge qui coule des plaies, et qui semble soudain si appétissant à Justine, étudiante ingénue, ex-végétarienne tentée par un changement de régime radical. Tout commence en douceur, comme mille autres récits d'apprentissage. L'arrivée dans une école vétérinaire, le bizutage, les cours, les retrouvailles avec une soeur qui fait les mêmes études. Et pourtant, d'emblée, quelque chose d'organique, d'étrange et froid, s'insinue : omniprésence des animaux, morts ou vifs, corps pendus, passifs, disséqués, en bocal. Frénésie de la fête, corps tordus, ivres, offerts. Après avoir été forcée, comme tous les autres bizuts, d'avaler un rein de lapin, Justine (la frêle, angélique et pourtant inquiétante Garance Marillier) chavire. Elle a vraiment envie de goûter autre chose... De plus humain. Un doigt ? L'angoisse monte en puissance, jusqu'à une scène d'anthologie, moins explicite mais plus insupportable que bien des films gore. Parce qu'un petit grignotage hésitant, mais curieux et avide, c'est parfois pire qu'un bain d'hémoglobine. Cauchemar faussement réaliste et vraiment ­dérangeant, cette histoire de cannibalisme est une bombe métaphorique. Elle parle d'amour, d'identité et de sexualité, des plaisirs dits « de la chair », de pulsion de mort, de phobie et de transgression. De tous les liens du sang. — Cécile Mury

Année : 2016

Avec : Anna Solomin, Benjamin Boutboul, Bouli Lanners, Ella Rumpf, Garance Marillier, Jean-Louis Sbille, Joana Preiss, Laurent Lucas, Marion Vernoux, Marouan Iddoub, Rabah Nait, Thomas Mustin