Télévision : 23 mai 2018 à 20:55-22:40 sur Arte
film : drame
A Auschwitz, Saul découvre un enfant en vie au milieu des morts. Le héros en gros plan, l’enfer en hors champ : la prouesse du film, mais aussi sa limite. Critique : | Genre : visage sur fond d'Auschwitz. Saul est un prisonnier juif d'Auschwitz affecté aux Sonderkommandos, groupes de forçats en sursis contraints de conduire les nouveaux arrivants à la chambre à gaz puis de transporter leurs cadavres aux fours crématoires. En découvrant un enfant agonisant, il affirme qu'il s'agit de son fils et, quand celui-ci finit par expirer, s'obstine à trouver un rabbin pour dire une prière. Il y a donc une double fiction (celle du film et celle, peut-être, du personnage) au sein même de ce réel des camps réputé irreprésentable — se souvenir des polémiques virulentes à propos de Kapo (1961), de Gillo Pontecorvo, La Liste de Schindler (1993), de Steven Spielberg, ou La vie est belle (1997), de Roberto Benigni. Le parti pris de László Nemes consiste à éviter de mettre en scène frontalement l'horreur : il filme avant tout le visage de son personnage en gros plan. C'est dans le hors champ que l'enfer se déchaîne, suggéré par une bande-son peuplée de gémissements et de bruits de coups. En se tenant scrupuleusement à ce procédé jusqu'aux ultimes secondes, Nemes réalise un travail avant tout irréprochable. C'est à la fois sa prouesse et sa limite. Car Le Fils de Saul renvoie chaque spectateur à ses propres contradictions. A son désir, malgré tout, de regarder ce qui ne peut sans doute être vu qu'à travers quatre photos floues prises secrètement à Auschwitz-Birkenau en 1944 (et évoquées dans le film) par un certain Alex, Juif grec mort dans le camp, témoignage dérisoire et majeur qui ne montre presque rien et dit absolument tout. — Bruno Icher
Année : 2015
Avec : Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn, Jerzy Walczak, Sándor Zsótér, Marcin Czarnik, Amitai Kedar, Attila Fritz, László Melis, Clara Royer, László Nemes, László Nemes