Télévision : 15 mai 2018 à 23:40-01:05 sur Arte

documentaire : société

L'Etat du Sarawak, sur l'île de Bornéo, subit une grave déforestation. La forêt équatoriale, berceau du peuple nomade autochtone des Penan, qui recouvrait 80% du territoire, a été remplacée par des plantations de palmiers à huile ou engloutie par des barrages. Un désastre écologique et humain qui profite notamment à celui qui a dirigé pendant 33 ans le Sarawak, Abdul Taib Mahmud. Le militant écologiste suisse Bruno Manser qui, dans les années 1980, était devenu le porte-parole des Penan expropriés, est porté disparu depuis 2000. Son compagnon de lutte, Mutang, un Penan, a dû s'exiler au Canada. Il décide néanmoins de se relancer dans la bataille pour enrayer ce fléau organisé. Critique : Militant écologiste suisse, Bruno Manser a partagé six ans durant (de 1984 à 1990) la vie des Penan, un des derniers peuples nomades de la forêt tropicale humide de Bornéo. Alors qu'il avait pris la tête de l'âpre combat contre la déforestation dans l'Etat du Sarawak, l'activiste a mystérieusement disparu en mai 2000, laissant ses proches prendre le relais d'un engagement resté, jusque-là, désespérément vain. Une tournée mondiale et une multitude d'opérations coups-de-poing n'ont rien pesé face à la rapacité des exploitations de bois exotiques, à l'expansion des plantations de palmiers à huile et à une douzaine de projets de barrages hydrauliques... Quinze ans plus tard, alors que près de 90 % de la jungle a été détruite, ce film porte l'espoir d'une possible issue. Impulsée par la journaliste Clare Rewcastle Brown, une nouvelle stratégie prenant la forme d'une minutieuse enquête financière commence à porter ses fruits. Sur le désastre écologique et humain du Sarawak s'est construit l'immense empire d'Abdul Taib Mahmud, son ministre en chef, bientôt forcé à la démission. Si tout, dans ce combat passionnant et exemplaire, paraît digne d'un thriller hollywoodien, ses auteurs ont fait le choix de la sobriété et de la distance au détriment du souffle narratif. Ils soulignent ainsi, et à travers le regard sombre de Mutang Urud, natif du Sarawak et ami de Manser, combien la victoire finalement arrachée reste dérisoire. Irréversible, le massacre de la forêt primaire a privé des dizaines de milliers de Penan de leur terre et de leur mode de vie ancestral. — Isabelle Poitte

Année : 2016

De : Erik Pauser