Télévision : 21 mars 2018 à 20:55-22:45 sur Arte

film : comédie dramatique

Une présentatrice télé règle ses comptes avec sa célèbre chanteuse de maman. Almodóvar s'empare en beauté du mélo hollywoodien à la Douglas Sirk. Critique : Film de Pedro Almodóvar (Tacones lejanos, Espagne, 1991). Scénario : P. Almodóvar. Image : Alfredo Mayo. Musique : Ryuichi Sakamoto. Chansons interprétées par Luz Casal. 113 mn. VF. Avec Victoria Abril : Rebeca. Marisa Paredes : Becky. Miguel Bosé : le juge. Féodor Atkine : Manuel. Genre : mélodrame comique. Après de longues années de séparation, Rebeca, une jeune femme en manque d'amour, retrouve sa mère, Becky, célèbre chanteuse des années 60, partie chercher la gloire au Mexique. Leurs relations passionnées et le retour de la diva sur la scène madrilène sont compliqués par le meurtre de Manuel, époux volage de Rebeca et amant de Becky. Comme Tout sur ma mère en 1999, Talons aiguilles a marqué en son temps un cap dans l'oeuvre et la carrière d'Almodóvar : maîtrise du récit, équilibre entre l'humour et le mélodrame, engouement d'un vaste public. On peut pousser le rapprochement plus loin. Avec Tout sur ma mère et le récent Volver, Talons aiguilles forme une ­sorte de trilogie maternelle dans l'oeuvre du cinéaste. Les talons du titre sont en fait les « talons lointains » (titre original) d'une mère vénérée (Marisa Paredes), dont la fille (Victoria Abril) s'est toujours sentie privée, au point de rester une femme-­enfant, incomplète et démunie. Leurs re­lations inextricables, crime passionnel compris, donnent le meilleur du film, tant pour la drôlerie que pour l'émotion. Mais Almodóvar n'osait pas encore, à l'époque, s'y consacrer entièrement : l'enquête policière et ses trompe-l'oeil attendus s'interposent régulièrement entre l'auteur et « son » sujet. Un demi-chef-d'oeuvre, en quelque sorte. Louis Guichard

Année : 1991