Télévision : 11 mars 2018 à 22:45-00:55 sur Numéro 23
film : thriller
Condamnée pour le meurtre d'un enfant, une jeune femme noue, en prison, des liens amicaux qui faciliteront sa vengeance... Par le réalisateur d'Old Boy, un feuilleton violent au scénario un rien trop touffu. D'étonnantes trouvailles visuelles. Critique : Film de Park Chan-wook (Chinjeolhan geumjassi, Corée du Sud, 2005). Scénario : P. Chan-wook, Chung Seo-kyung. Image : Choi Jeong-hun. 110 mn. VM. Avec Lee Young-ae : Lee Geum-ja. Choi Min-sik : Pr Baek. Oh Dal-su : Chang. Kim Si-hu : Geun-shik. Genre : crime et châtiment à la sauce Park Chan-wook. Depuis Old Boy, primé à Cannes, on sait que le Coréen Park Chan-wook se veut le héraut d’une violence qu’il contemple avec une fascination suspecte pour certains et un humour passant pour du cynisme. Son habileté à jongler avec les artifices et les clichés le rapproche de Tarantino. Il y a néanmoins dans tous ses films, plus ou moins dissimulée sous des excentricités formelles, une réflexion morale – voire moralisatrice – sur le crime et le châtiment. Ici, c’est la vengeance d’une femme qui prend des allures de rédemption... Geum-ja a été condamnée à une longue peine pour avoir enlevé et tué un enfant. Détenue modèle, la jeune femme noue en prison des amitiés indéfectibles qui lui permettent, à sa sortie, de traquer le véritable coupable... On retrouve dans Lady Vengeance (dernier volet d’une trilogie entamée avec Sympathy for Mr Vengeance et continuée avec Old Boy) le style de Park Chan-wook, mélange étonnant et détonant d’exhibitionnisme et d’épure, de mauvais goût assumé et de trouvailles visuelles insensées. Cela vire carrément à l’absurde effrayant au moment où, convoqués par Lady Vengeance, protégés par des housses de plastique, les parents des enfants assassinés attendent leur tour, à la queue leu leu, pour martyriser celui qui a détruit leur vie. Au lieu de s’en tenir à ce rocambolesque puzzle à la Monte-Cristo, le réalisateur a ajouté des intrigues. Notamment la recherche par l’héroïne de sa propre fille, adoptée par un étrange couple d’Australiens. Déjà complexe, le scénario devient là franchement et inutilement embrouillé. Et la question essentielle – la violence pousse-t-elle au salut ou à la damnation ? – s’efface au profit d’une psychopathologie cucul, difficilement excusable, même au second degré. Pierre Murat
Année : 2005