Télévision : 3 décembre 2017 à 22:45-00:05 sur France 2

film

Denis, un éternel angoissé, bourlingue avec son copain François, un guitariste bellâtre. De retour de Grèce, tous deux se rendent à Paris, où un ami doit les loger. Mais l'ami en question a disparu, et son toit s'est envolé. C'est ainsi que, sans un sou et sans logement, Denis et François sont contraints de faire la manche dans le métro. Dans un hôtel, ils prennent la défense d'un Africain en mauvaise posture. Celui-ci les invite dans son squat, où vit une joyeuse communauté de musiciens. Denis s'amourache de Marie-Gabrielle, une des habitantes du lieux, tandis que François s'éprend de Mathilde, une jeune danseuse, qui s'apprête à partir pour New York... Critique : Film de Michel Blanc (France, 1984). Scénario : M. Blanc et Patrick Dewolf. Image : Eduardo Serra. Musique : ­Renaud, Téléphone, La Velle, Xalam. 95 mn. Avec Gérard Lanvin : François. Michel Blanc : Denis. Sophie Duez : Mathilde. Mimi Felixine : Marie-Gabrielle. Béatrice Camurat : Martine. Katrine Boorman : Katrina. Maka Kotto : Joseph. Prosper Niang : Prosper. Genre : mon copain, mon poteau, tu m'tiens chaud. Pourquoi, plus de vingt ans après, colle-t-on encore avec le même plaisir aux baskets de Denis, dont les entorses s'infectent, et de François, qui le porte et le supporte ? Pas uniquement parce que le premier film de Michel Blanc est d'une drôlerie et d'une tendresse qui ne se démodent pas. Ce plan galère, de couloirs de métro pleins de courants d'air en squats chaleureux, raconte l'inébranlable amitié d'un pot de fer et d'un pot de terre. Denis, épais comme un sandwich SNCF, lâche et hypocondriaque, a besoin des épaules de François. Qui, lui, puise sa force dans la faiblesse et les jérémiades de Denis. Déjà loin du comique café-théâtre de ses débuts, Michel Blanc signe une vraie mise en scène de cinéma, fluide, où les scènes les plus désopilantes s'inscrivent dans un ensemble et dans un Paris de la démerde et des sans-abri. Mais c'est vrai que les hallucinations post-fumette de Denis (« j'ai du mal à parler parce que j'ai les dents qui poussent » et « dans mon sac, j'ai des cachets contre les renards ») et son achat d'une tranche de pâté de tête minimaliste (« c'est pour un bébé ») restent des raisons suffisantes pour revoir ce poème en rire sur les losers, temporaires ou chroniques. Guillemette Odicino

Année : 1984