Télévision : 27 novembre 2017 à 01:50-04:25 sur Numéro 23
film : thriller
Afin d’effacer ses dettes, un chauffeur de taxi chinois part en Corée du Sud pour tuer un homme. Un film (très) noir, violent et explosif, sublimé par une mise en scène virtuose. Critique : Un petit garçon fait fuir son chien enragé. L'animal revient, il est lynché, inhumé... puis déterré pour être dévoré par les hommes. Ce prologue cruel donne le ton : The Murderer sera un film noir d'ébène, plein de rage. La rage désespérée des laissés-pour-compte du « miracle économique asiatique », prêts à tout, et surtout au pire, pour s'en sortir. La rage d'une mise en scène conçue comme une succession d'uppercuts sanglants. Comme dans son premier long métrage, The Chaser, Na Hong-jin plonge un personnage ordinaire dans une situation criminelle qui le dépasse. Pour payer ses dettes, un chauffeur de taxi chinois accepte de rejoindre clandestinement la Corée du Sud. Sa mission ? Tuer un professeur de judo. Il profite du voyage pour rechercher son épouse émigrée à Séoul, et dont il est sans nouvelles depuis six mois. Mais rien ne se passe comme prévu. La quête de la femme aimée tourne au cauchemar et, dans un crescendo de violence, l'homme se retrouve seul contre tous : des policiers maladroits jusqu'au burlesque, un homme d'affaires aussi lâche que cruel et, surtout, son terrifiant commanditaire, venu faire le ménage lui-même. A l'exception notable des armes à feu, tous les moyens sont bons pour survivre : poings nus, barres à mine, lames de dimensions variables, voire rebuts de repas - stupéfiant ce qu'un os de gigot peut faire de dégâts quand on l'utilise avec dextérité... Na Hong-jin scrute ces corps-à-corps furieux sans le moindre lyrisme. Ses images sont sèches, brutales, explosives, et le réalisme des décors, diabolique. La scène du meurtre est d'autant plus secouante qu'elle est précédée d'une reconnaissance méticuleuse des lieux : avant même le premier coup de couteau, le spectateur sait que l'immeuble peut se transformer en souricière... Le jeune cinéaste (36 ans) a aussi le génie des courses-poursuites - on se souvient, dans The Chaser, des cavalcades à perdre haleine dans les ruelles en pente du vieux Séoul. Il élargit cette fois son champ d'action à toute la ville, puis au pays entier. Souvent au volant, parfois à pied : une scène démente montre le héros transformé en yo-yo entre un cargo et le quai d'un port industriel. Na Hong-jin s'est visiblement beaucoup amusé à jouer aux autotamponneuses avec des grosses berlines et des voitures de police - même un 38-tonnes ne résiste pas à sa frénésie de tout casser. Au risque, comme dans The Chaser, de faire durer un peu trop le plaisir.
Année : 2010