Télévision : 14 novembre 2017 à 13:35-15:40 sur Arte
film : western
Un western réaliste et contemplatif dans la lignée de La Dernière Piste, de Kelly Reichardt, en moins radical et plus inégal. Critique : Depuis Winnetou, chef indien interprété par le Français Pierre Brice, héros d'une série de nanars à l'incroyable succès, cow-boys et Indiens avaient disparu du cinéma allemand. Ils réapparaissent dans ce film singulier qui applique au western les principes formels de « l'école de Berlin » : réalisme contemplatif, minimalisme et refus du spectaculaire. Aux antipodes des aventures kitsch des « westerns choucroute » des années 60-70... Gold raconte le périple de sept immigrés allemands qui, à la fin du xixe siècle, partent chercher de l'or dans le Klondike. Ils sont journaliste, cuisinier ou bonne à tout faire ; la plupart ne sont donc pas préparés aux périls du Grand Nord. Les trappeurs, les vrais, leur prédisent le pire, non sans raison : au fil de leur lente chevauchée, ponctuée d'incidents mécaniques et de fausses pistes, leur convoi est décimé par le froid, les blessures, la folie. Thomas Arslan cadre les grands espaces canadiens comme une prison à ciel ouvert où les aventuriers s'épuisent à atteindre un objectif de plus en plus illusoire. On pense souvent au tout récent La Dernière Piste, où l'Américaine Kelly Reichardt reconstituait le quotidien répétitif des pionniers de la conquête de l'Ouest dans leurs gestes les plus concrets. Le réalisateur n'assume pas jusqu'au bout son parti pris de cinéma-vérité : le film, très original durant un temps, est affadi par une intrigue de vendetta et de chasse à l'homme. Et noyé sous des riffs de guitare électrique, visiblement inspirés par les mélodies de Neil Young dans le Dead Man de Jim Jarmusch. Heureusement, il y a Nina Hoss... L'actrice fétiche du jeune cinéma d'auteur allemand (Barbara, de Christian Petzold) prête, une nouvelle fois, son port altier et son mystère à un personnage de féministe avant l'heure, portée par son obsession d'une vie meilleure. La pépite de Gold, c'est elle. — Samuel Douhaire
Année : 2013