Télévision : 16 octobre 2017 à 01:40-03:25 sur Numéro 23
film : drame
Au contact l'une de l'autre, une ado enceinte et sa patronne, qui a perdu son fils, reprennent goût à l'existence. Un premier film métaphorique (la broderie aide à renouer le fil de la vie), porté par la conviction de ses deux interprètes, notamment Lola Naymark. - Critique : Film d'Eléonore Faucher (France, 2004). Scénario : E. Faucher et Gaëlle Macé. Image : Pierre Cottereau. Musique : Michael Galasso. 85 mn. Avec Lola Naymark : Claire. Ariane Ascaride : madame Mélikian. Genre : déni de grossesse. Enceinte involontaire à 17 ans, Claire donne de grands coups de couteau dans les choux. Elle aimerait bien que les bébés naissent dedans, plutôt que de s'imposer sans prévenir au fond de son ventre. Elle lave ensuite ses mains sous un pis de vache. Le lait, c'est bon pour décrasser les doigts, pas pour encombrer les seins pigeonnant dans le mohair. Chez elle, le déni de grossesse est un art suprême et inaccessible. Comme la broderie, qu'elle pratique en cachette, le soir, après sa journée de caissière. Son talent la mène chez madame Mélikian, brodeuse professionnelle aussi solitaire et douée qu'elle... Voilà pour la trame d'un premier film atypique, cousu de fils changeants, de toutes les couleurs et de toutes les matières qu'Eléonore Faucher a fabriqué comme un oiseau fait son nid, picorant des brins de banalité, des fétus de tristesse, des grains de rêverie. Digne et atemporelle, son héroïne a l'air de voyager à travers les époques. Belle comme une Vierge de la Renaissance, elle peut s'assombrir comme une héroïne de Zola, ou s'illuminer sous son turban bleu, telle La Jeune Fille à la perle, de Vermeer. Cette esthétique ondoyante charge le film de mystère, multiplie les reflets éblouissants, décuple les interprétations possibles. Que doit-on cacher, que doit-on montrer, que doit-on regarder en face ? Ce n'est pas à nous de décider. La vie est pleine de basculements irrémédiables qui se chargent de prendre les décisions à notre place, semble croire Eléonore Faucher. Mais il ne tient qu'à nous de considérer ces catastrophes comme des renaissances. Marine Landrot
Année : 2004