Oumansky André : passages TV

Créez gratuitement votre compte Evernext pour être averti de toutes les actualités de Oumansky André.

Créer mon compte

Antérieurement en 2022
 

Tromperie

Télévision : 18 novembre 2022 à 01:12-02:52 sur Canal +

film : drame sentimental

A la fin des années 80, après avoir publié de nombreux romans et connu le succès en tant qu'écrivain, Philip vit à Londres, loin des Etats-Unis d'où il est originaire. Il profite de l'espace qu'il s'est aménagé pour travailler afin de recevoir sa maîtresse au calme, loin des yeux de sa femme. Les fougueux amants s'y prélassent, s'enivrent des joies de la chair, et passent d'interminables heures à converser de divers sujets, politiques, culturels, et surtout sentimentaux. L'auteur n'hésite pas à dévoiler ses nombreuses aventures réelles ou imaginaires à cette dernière, menant la plupart du temps à des conflits et des disputes... - Critique : « Je pense que l’art ne vaut rien s’il n’y a pas la vie la plus brute dedans, et que la vie ne vaut rien s’il n’y a pas d’art pour en saisir les reliefs. » Ces mots d’Arnaud Desplechin pourraient offrir une parfaite introduction à son nouveau film, où la stylisation règne et où l’émotion brûle. Quelques saisons de rendez-vous amoureux entre l’écrivain américain Philip Roth (mort en 2018) et sa maîtresse anglaise, à Londres, l’après-midi, à la fin des années 80, y embrassent les joies et les tourments les plus cruciaux dont le cinéma et la littérature puissent rendre compte. Alors même que l’élaboration de la mise en scène ne se cache jamais, et que les acteurs Denis Podalydès et Léa Seydoux jouent cette histoire anglo-saxonne en français. En surface, un portrait du romancier en séducteur sursitaire, exilé temporairement, délibérément, en Europe, en compagnie de ses obsessions — la judéité, le désir, les mots, la mort. Plus profondément : une constellation de femmes lumineuses comme autant d’étoiles plus ou moins proches de l’artiste. Car au fil des onze chapitres, ce sont elles qui parlent, chacune dans un espace-temps bien à elle, et lui qui les écoute, fasciné. Il y a de quoi. Les accès de mélancolie de la Londonienne, jeune femme mal dans son mariage, et qui se sait, se sent vieillir, sont imprévisibles. Les nouvelles téléphoniques d’une bien-aimée d’autrefois bouleversent, elle qui lutte contre le cancer avec calme depuis un hôpital new-yorkais — Emmanuelle Devos, égérie historique de Desplechin, est grandiose. Il y a aussi l’épouse blessée de l’écrivain, le plaçant en face de ses contradictions — beau retour d’Anouk Grinberg. Et cette ancienne étudiante splendide et surdouée, mais que des amours tortueuses on fait dégringoler sans retour dans les soins psychiatriques — intense Rebecca Marder. Féminisme ou misogynie de Philip Roth, dont le réalisateur est un admirateur inconditionnel ? Le film plaide la complexité et l’humour dans une séquence de procès imaginaire qui campe #MeToo trois décennies avant l’heure. Plus généralement, cette complexité, marque d’Arnaud Desplechin depuis ses débuts, nimbe chaque parole, chaque émotion d’une ombre contraire, donnant une puissance rare à la plupart des scènes. Dans un raffinement diabolique, le cinéaste, qui a tout francisé dans cette adaptation littéraire, choisit ainsi de laisser apercevoir le titre anglais du roman de Roth, Deception, qui signifie littéralement « tromperie », mais qui, lu en français, ajoute une nuance clandestine et définitive à la magnifique scène de retrouvailles et d’adieux entre les deux amants.

Année : 2021

Avec : Anouk Grinberg, Denis Podalydès, Emmanuelle Devos, Gennadiy Fomin, Ian Turiak, Léa Seydoux, Madalina Constantin, Matej Hofmann, Miglen Mirtchev, Oumansky André, Rebecca Marder, Saadia Bentaïeb